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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SEGA MEGA DRIVE (16-bit)


Slip rouge et slip bleu revisitent les années 80. Impayable !

Altered Beast

Altered Beast

獣王記 (Jūōki, trad: "Les Chroniques du Roi Animal")
Suppléments:

Belles Images

 Mega Drive

Développeur:
Sega

Editeur:
Sega
Genre:
Beat'em up / Action

Joueurs:
1-2P

Dates de sortie
27.11.1988 Japon
14.08.1989 USA
09.1990 Europe
dur Difficulté:

78%Graphismes
70%Animation
76%Son
79%Jouabilité
55%Durée de vie

70%70%
Trucs et astuces

Menu secret:

A l'écran titre, maintenez enfoncé B et appuyez sur Start. Ce menu contient le choix des niveaux, de la difficulté, des vies et de la barre d'énergie.

Continus:

Après le game over, à l'écran titre, maintenez enfoncé A et appuyez sur Start (sur la seconde manette, si vous êtes deux).

Notez tout de même que ces deux "astuces" sont données dans la notice...

Sound test:

A l'écran titre, tenez enfoncés A, C, diagonale Haut-Droite, et appuyez sur Start. Pour jouer une musique ou un son, pressez C.

Choix de la bête:

A l'écran titre, tenez enfoncés A, B, C, diagonale Bas-Gauche, et appuyez sur Start. Vous pourrez attribuer à chaque niveau la bête de votre choix.

Taper la fin:

A la fin du jeu, vous allez vous taper le générique. Littéralement. Vous pouvez en effet taper le texte qui s'affiche à l'écran pour le faire tomber. Ca ne sert à rien mais c'est toujours amusant.

Certaines créations sont des concentrés d'époque. Prenez Altered Beast par exemple, a-t-on jamais vu jeu vidéo qui résume mieux la culture pop des années 80 ? Deux types hyper musclés, des monstres baveux, des couleurs fluo, des digits vocales, des transformations et de la grosse baston. C'est Stallone et Schwarzenegger, c'est les films d'horreur, c'est la mode jeune, c'est les synthétiseurs, c'est les dessins animés ! Cette énergie, cette audace... c'est bien les années 80; on n'a pas peur du ridicule et on se lâche, et sans doute nulle part ailleurs se lâche-t-on autant que dans les jeux vidéo.

D'abord un jeu d'arcade, Altered Beast va devenir le flambeau de la nouvelle machine de Sega, la Mega Drive, la première console 16 bits du marché. L'adaptation est réalisée dans la foulée, elle sort quelques mois seulement après la borne. Au Japon, ce n'est pas assez pour être présent au lancement: Altered Beast arrive un mois après Space Harrier II et Super Thunder Blade. En Occident, par contre, la situation est tout autre: Sega décide de vendre le jeu en lot avec la console. Tandis que la NES est fournie avec Super Mario Bros et la Master System avec Alex Kidd, Sega laisse de côté Alex Kidd in Enchanted Castle et opte pour un jeu plus agressif. Le ton est donné, la Mega Drive privilégiera l'action arcade.

Altered Beast se déroule dans l'Antiquité, mais on vous excusera si vous ne vous en êtes jamais rendu compte, on ne peut pas dire que ça saute aux yeux. Ca explique (plus ou moins) pourquoi nos deux héros sont en slip et qu'on aperçoit une colonne dorique de temps en temps. Ah oui, y a aussi Cerbère ! D'après le scénario, vous incarnez un centurion romain qui a été ressuscité par Zeus pour aller secourir sa fille Athéna capturée par le seigneur des Enfers, j'ai nommé... Hadès ? Non, Neff ! Jamais entendu parler. Dans son infinie sagesse, Zeus vous confère le pouvoir de l'altered beast, ce que le traducteur français de la notice, dans son infinie drôlerie, aura traduit par "mutant".

Je ne sais pas si ça vaut mieux que "bête altérée", surtout que le terme original avait un sens. Ce pouvoir qui est nôtre permet de se transformer progressivement en ramassant des sphères d'esprit, qui ressemblent étrangement au logo Saturn. A la première, on tombe le t-shirt et on gagne des pectoraux. A la seconde, on devient une montagne de muscles. Et à la troisième on se métamorphose en créature mi-homme mi-bête. La grande qualité du jeu, et qui lui vaut le nom de son pouvoir, est qu'à chaque niveau la bête est différente: loup, dragon, ours, tigre. Toutes ses attaques changent aussi, et elles sont puissantes; les autres caractéristiques, comme la vitesse et l'allonge, évoluent au fur et à mesure.

La transformation se fait via une scénette mémorable, devenue culte: une cascade bleue en dents de scie, des flammes rouges arabesques et le buste du centurion qui se change en bête après avoir poussé un hurlement, façon Michel Jackson dans Thriller.

Comme il y a cinq transformations, il n'y a donc que cinq niveaux. Ce qui paraît beaucoup pour l'un l'est peu pour l'autre. Alors, évidemment, la difficulté est assez élevée: trois vies, aucun continu, pire, aucune recharge d'énergie, même entre les niveaux ! Mais c'est sans compter des codes faciles d'accès qui fournissent tout ce qui manque au départ. Le jeu même n'est pas insurmontable, il se négocie assez bien une fois qu'on a saisi les vulnérabilités de chaque boss.

Si l'action est sympa, ce n'est pas juste pour elle qu'on aime Altered Beast. Les transformations sont l'une des raisons principales évidemment, autant pour chaque bête que pour le côté grosse brute des étapes successives. Mais ce qui rend vraiment le jeu inoubliable, c'est son côté kitsch et excessif. Dans le cimetière, d'un vert fluo très sobre, les zombis (explosifs) portent des hardes violettes et les démons sont jaunes. Au bout, un boss bien dégueu, un tas de détritus et de chairs molles haut comme un arbre, nous lance sa collection de têtes. Au niveau suivant, on décapite des dragons à sonnettes d'un coup de poing. Pop ! Les têtes sautent comme des capsules !

Il faut voir aussi l'ours ! notre corps du troisième niveau. Il a une bonne tête de gros nounours dans son écran de transformation. Mais il marche en agitant les coudes, d'un pas pressé de businessman allant à une réunion de travail. A l'arrêt, il se tient le genou en avant, talon relevé comme un dandy anglais du XIXème. Sa position d'attaque en revanche consiste à baisser la croupe comme pour déféquer, puis à agiter les hanches frénétiquement, comme s'il essayait de copuler avec un partenaire qui n'est pas présent. Avec le pelage bleu du joueur 2, c'est encore plus drôle, cela lui donne un petit côté festif. On ne s'étonne plus après que le lion ait été nommé roi des animaux !

L'ours est tout de même un personnage puissant. Son saut roulé en boule est radical contre le boss et son attaque copulo-défécatrice permet de pétrifier les ennemis. Ben oui, les pauvres, on imagine bien pourquoi ! Ca vous tétanise de voir des choses pareilles. Et n'oublions pas les voix digitalisées ! Toutes sont limpides, ce qui est étonnant pour la Mega Drive, car elle ne s'en est pas toujours aussi bien sortie par la suite. Malgré tout, certaines font pouffer de rire. La meilleure est sans doute le "welcome to your doom" qui précède chaque boss, on croirait un nabot particulièrement tyrannique monté sur ses grands chevaux.

Le gameplay même est primaire, à base de peignées et de coups de lattes. C'est un jeu d'action à la Splatterhouse, une affaire de gros bras, assez limité en possibilités, parfois frustrant, mais réhaussé par son environnement. Et puis il dispose quand même d'un atout considérable: un mode 2 joueurs simultanés, qui justifie presque à lui seul la présence de la cartouche avec la console. Sauf erreur de ma part, aucun autre jeu vendu dans un pack de base n'était jouable à deux en même temps (épargnez-moi Duck Hunt). Ironie du sort ou tactique marketing, la Mega Drive n'était malheureusement livrée qu'avec une seule manette !

Une autre surprise est la structure du jeu. Assez vite dans un niveau, on tombe sur Neff, sa peau cadavérique enroulée dans une toge. Il est indestructible et nous repousse avec des éclairs. Si l'on est en bête, le boss apparaît alors, autrement Neff s'enfuit et le niveau se poursuit. On peut encore éviter le boss une fois comme ça. Mais si on le bat, le niveau est déjà terminé ! Drôle d'idée de vouloir autant raccourcir son jeu. La longévité et la difficulté d'Altered Beast sont deux créatures très bizarres, un peu comme tout le reste.

Le souvenir que j'ai le mieux gardé d'Altered Beast est de le voir lui et la Mega Drive pour la première fois dans un hypermarché. Il tournait sur un écran de télévision immense, ses personnages paraissaient gigantesques, le son était explosif. Tout dans ce jeu semble plus grand que nature, ce qui est sans doute pourquoi Sega l'a choisi pour mettre en valeur sa nouvelle console d'alors. Mais en même temps, son style extravagant, déjà perceptible à l'époque, ne m'avait pas séduit. De nos jours, par rapport à la production moderne, c'est au contraire ce qui le rend si attrayant, pour la bonne raison qu'on ne sait plus faire de jeux comme ça. Si l'on essayait, cela sonnerait tout de suite faux, aurait un air forcé. Dans les années 80, c'était naturel; le fantasque, l'imagination débridée, les couleurs bariolées et l'action démesurée venaient sans effort. C'est pour cette raison qu'Altered Beast fait partie, en bonne place, de ces jeux inimitables qui composent désormais le retrogaming.

Et puis autant de virilité dans un seul jeu, ça vous transforme les enfants en hommes (les filles aussi) !

le 9 janvier 2015
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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