Les créateurs de Devilish ont eu une idée pour le moins, euh, diabolique: faire d'un casse-briques, genre amusant mais monotone (Arkanoid, Alleyway...), un vrai jeu d'action avec beaux décors et ennemis teigneux. Par la barbe de Satan, voilà un concept prometteur ! Mais va-t-il au delà de sa belle idée ?
Il Etait Une Fois...
Les casses-briques ont parfois un vague scénario de vaisseau spatial et d'envahisseurs, l'histoire de Devilish, elle, vaut son pesant d'or. Il était une fois un prince et une princesse vivant heureux dans un beau royaume. Irrité par leur bonheur, un démon nommé "Y" les transforma en deux manches de pierre. Pétrifiés de la sorte, ils ne pouvaient plus qu'espérer un miracle et c'est ce qui se produisit lorsqu'une sphère bleue tomba du ciel. Elle serait leur arme pour vaincre les forces des ténèbres. Deux pads, une sphère, les éléments du casse-briques sont bien là !
Derrière la Braguette, les Boules
Il ne s'agit pas d'une vilaine blague gratuite mais bien d'une vérité: une fermeture éclair à tête de mort sert d'interlude entre chaque partie du jeu. C'est joli, c'est original et c'est bien fait, mais ça ne sert strictement à rien si ce n'est à perdre du temps. Mais bon, on n'est pas pressé. Avant de se lancer il faut de toute façon choisir sa difficulté et le mode de jeu. Trois sont proposés dont une chasse au meilleur temps et un mode deux joueurs.
Libre Comme Un Pad
Devilish n'a pas que son environnement de singulier, son fonctionnement et son gameplay le sont aussi. Seul, vous dirigez les deux pads simultanément. Le pad du bas se contrôle de gauche à droite comme dans un casse-briques classique tandis que celui du haut est beaucoup plus mobile puisqu'il peut avancer et reculer sur une grande surface de l'écran tout en conservant les déplacements latéraux. En outre, il peut adopter deux positions horizontales et devient alors comme une raquette de Pong ! En l'associant au pad du bas, il prend également la forme d'un coin, ce qui peut s'avérer utile dans certaines situations. La maniabilité n'est pas intuitive, jongler entre les pads demande de la pratique avant de devenir un réflexe, mais c'est une nécessité dont on ne peut pas se passer, au risque de perdre la boule, au sens figuré comme au sens propre !
Mon Royaume Pour Une Bille
Sept niveaux composent le jeu: cimetière, horloge géante, montagne, château dans les airs, ruines submergées, volcan et plaine mal famée; comme autant de lieux d'un véritable jeu d'aventure, peuplés en toute logique des familiers du genre dont des guerriers squelettes, des gargouilles, des arbres démoniaques et consorts, qu'il faut vaincre non pas à la pointe de son épée mais à la rondeur de sa bille. Certains encaissent plusieurs coups, d'autres un seul, mais les ennemis ne sont qu'une des nombreuses difficultés de Devilish et au fond, la moins pénible. Beaucoup moins fairplay sont les ennemis pièges. Indestructibles, ils se contentent de faire perdre du temps - le temps, un sournois adversaire... - en kidnappant la bille pendant quelques secondes ou en jouant quelque autre tour pendable.
Il y a deux façons de perdre une vie dans Devilish, en laissant la bille s'échapper au bas de l'écran ou en dépassant son temps limite, dans ce cas il faut redémarrer le niveau du début. Le temps, représenté par un compte à rebours et un sablier, est très limité et se révèle une source de frustration grandissante. Après avoir vaincu un boss, il faut prendre la sortie et c'est souvent là que les dernières secondes s'égrènent. Welcome to the Panic Room !
Goodish
Quelques bonus parsèment les niveaux pour agrandir le pad ou transformer la bille en dragon de feu. Dommage qu'il n'y en ait pas plus. Il y a aussi des cases malus/bonus, la première rend inutile la raquette frontale tandis que la seconde rapporte des points. Côté son, des musiques sympas et une grande bibliothèque de bruitages, mais dans l'un comme dans l'autre, on ne trouve rien de bien transcendant. Ils sont bons, ils mettent dans l'ambiance, mais ça n'envoie pas au septième ciel. Cela s'applique aussi aux graphismes. Ils sont de qualité mais rarement inoubliables. Toutefois, Devilish n'est qu'un casse-briques et replacés à ce niveau, graphismes, sons et musiques paraissent extra-ordinaires.
Entre le Ciel et l'Enfer
L'idée était très bonne mais le jeu ne l'est pas autant, c'est tout bêtement comment on pourrait résumer Devilish. Sa réalisation est soignée, excellente pour un casse-briques, il y a pas mal de trouvailles intéressantes mais le jeu souffre de deux défauts facheusement handicapants. Sa difficulté tout d'abord, aucun continu et 5 vies de départ pour boucler 7 niveaux c'est de la folie, surtout que son second défaut, la maniabilité, n'aide pas. Le contrôle est bon pourtant, les pads répondent bien et on peut accomplir beaucoup d'actions. Mais c'est aussi son problème, diriger deux pads en même temps dans tous les sens n'est pas aisé, surtout que les rebonds de la bille sont parfois incongrus, et ça va vite. Cependant Devilish vaut assurément le coup d'oeil, les amateurs de briques cassables et de challenge relevé ayant sans doute rangé le jeu depuis longtemps parmi leur favoris.
le 13 juillet 2002
par sanjuro