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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SEGA MEGA DRIVE (16-bit)


L'enfer sur Terre beaucoup l'ont promis, peu l'ont concrétisé. Et s'il fallait le chercher du côté des flippers ?

Dragon's Fury

Dragon's Fury

デビルクラッシュMD (Devil Crash MD)
Suppléments:

Psychanalyse du Bonus Stage 6

 Mega Drive

Concepteur:
Naxat / Red

Développeur:
TecnoSoft

Editeur:
Tengen
Genre:
Flipper

Joueurs:
1-2P (alterné)

Dates de sortie
10.10.1991 Japon
15.08.1992 USA
199? Europe
bonne Difficulté:

92%Graphismes
88%Animation
92%Son
92%Jouabilité
89%Durée de vie

92%92%
Trucs et astuces

Nouvelles musiques:

Entrez le mot de passe suivant:

OMAKEBGM0*

Au lieu de l'astérique (*), entrez un numéro de 0 à 4 pour remplacer la musique principale par des remixes de musiques de Technosoft ! Voici ce que vous obtiendrez (tous sont issus de la Megadrive, sauf le dernier, du MSX):

0: Thunder Force II
1: Herzog Zwei
2: Thunder Force III (planète Gorgon)
3: Elemental Master
4: Shin Ku Gyoku Den

Mots de passe: DEVILCRASH
(7 balls, 390000)

TECHNOSOFT
(10 balls, 2000000)

6RENAXUEMW
(14 balls, max)

TBEKVKTEM6
(16 balls, 644095900)

DIBW3NVJK5
(99 balls, 0)

98AM3G1EBF
(99 balls, 11250000)

UFELFO78TL
(99 balls, 13383000)

LNENAXUELL
(99 balls, max)

Tout comme le diable est désigné par les noms de Méphistophélès, Belzébuth, Lucifer et Satan, plus d'une appellation et d'une console se cachent derrière ce jeu de flipper démoniaque. On le connaît surtout sous le nom de Devil Crash, parfois aussi par son altération phonétique japonaise, Devil Crush, ou encore, quand il s'agit de cette version Megadrive en occident, Dragon's Fury.

Ce que peu de joueurs savent, c'est qu'il forme en fait une trilogie avec deux autres jeux méconnus de Naxat. Tout d'abord, un premier titre sur Coregrafx, Alien Crush, puis Devil Crash de nouveau sur Coregrafx et aussi donc sur Megadrive, et, finalement, le plus obscur des trois car sorti uniquement sur Super Famicom, Jaki Crush. Le point commun entre tous ces titres est que ce sont des jeux de flipper avec une atmosphère résolument macabre, chacun ayant toutefois un thème propre, les aliens pour le premier bien sûr, les démons japonais pour le dernier, et un Moyen Âge satanique pour Devil Crash.

Un autre point intéressant concerne les concepteurs. Il n'y a pas moins de quatre compagnies au générique: Tengen qui publie, Technosoft, à qui l'ont doit les Thunder Force et qui sont sans doute derrière la conversion Megadrive, et Naxat et RED, les auteurs du jeu original sur PC Engine. Les fans de cette dernière et les amateurs de bons crus vidéo-ludiques savent que le nom de RED estampillé sur un jeu est presque aussi promoteur que celui de Nintendo, surtout en ce temps-là. Avec Devil Crash, les auteurs de PC Kid ajoutaient une corde à leur arc.

Devil Crash (nous l'appelerons par son nom original plus familier), n'est pas un jeu de flipper crédible. A l'inverse par exemple de Super Pinball sur Super Nintendo, il fait fi du réalisme pour pouvoir se gorger de toutes les possibilités fantaisistes offertes par son média, les jeux vidéo. Cela donne lieu par exemple à des créatures évoluant sur la table de jeu, à 6 beaux stages bonus et même, à une fin bien cachée. L'aire de jeu en question se divise en trois flippers alignés verticalement, le seul vrai défaut est qu'il est facile de tomber et beaucoup plus dur de remonter, rendant le jeu très ardu.

Pour accéder au tout dernier niveau bonus, puis à la fin, il faut bloquer le score, c'est à dire atteindre le milliard de points. Heureusement, il y a des mots de passe accessibles à tout moment (pause puis A), qui, en conjonction avec cette fin si longue à atteindre, offrent, certes à un prix un peu cher, une durée de vie phénoménale pour un jeu de flipper puisqu'il y a réellement une récompense à la clef; on ne joue pas simplement pour améliorer son high-score. De surcroît, les tables sont diversifiées, suffisamment pour entretenir l'intérêt du joueur.

Elles auraient pu, en vérité, l'être encore plus, proposer plus d'effets, avoir des "niveaux" supplémentaires, les jeux de flipper étant toujours le genre minimaliste par excellence. Mais ce qu'on a déjà est assez réjouissant pour ne pas avoir à se plaindre, l'environnement étant vivant et cohérent. Dans le premier tableau par exemple, vous avez un dragon sur la gauche. On marque des points en détruisant ses oeufs, on accède au niveau bonus en envoyant la bille dans sa bouche et sa queue un peu plus bas sert à bloquer la bille. Il y a aussi deux gueules de dragon qui remplacent les classiques bumpers triangulaires, à la différence près qu'au fur et à mesure que vous les percutez, ils se décomposent. Ils perdent leur chair, puis leurs os se fragmentent, avant de libérer des mouches et des vers qui rapportent aussi des points.

Plus haut, on rencontre des chevaliers et des guerriers squelettes, les uns n'affrontent pas les autres, pour eux, il n'y a qu'un seul véritable ennemi, c'est votre bille. Encore plus haut, au sommet, on découvre des vers géants translucides et des créatures encapuchonnées qui rappellent celles du film Phantasm, et sans doute sont-elles aussi peu recommandables, absorbées dans leur ronde prophane autour d'un pentagramme, sous le rictus carnassier d'un crâne malveillant. La suite, ce sont les niveaux bonus, accessibles à différents endroits.

Durant ces phases, vous affronterez un dragon à cinq têtes très maternel, trois jarres porte-malheur, des mages qui invoqueront une entité guerrière, un trio de crânes dans un environnement visqueux, une cohorte de formes spectrales, et la fureur ultime d'un boss plus grand que les autres, dans un passage dantesque qui mérite non seulement un supplément rien qu'à lui, mais suscite également par sa complexité de nombreuses réflexions de niveau psychanalytique à lire ici. On ne vous en dira pas plus dans le test même, mais ce bonus stage 6 a dans un sens plus de puissance que tout le reste du jeu, y compris le niveau final, avec une imagerie qui renvoie à de grands peintres classiques comme William Blake ou Gustave Doré.

Du point de vue graphique, malheureusement, tout n'est pas à la hauteur de cette fresque d'un écran, autrement c'est à une véritable oeuvre d'art que nous aurions affaire. Nous ne sommes pas pour autant en présence d'un vilain jeu, bien au contraire, dans l'ensemble Devil Crash surpasse bien des jeux de flipper par son style décapant et la finesse de ses dessins, et ne fait nullement tâche dans la ludothèque Megadrive. Il est d'ailleurs plus rapide de mettre en avant ce qui gêne que ce qui plaît, puisqu'il n'y a globalement que deux reproches: les fonds avec des textures pas toujours très élégantes (flipper principal, bonus stage 1) et le fait que l'on voudrait encore plus de graphismes. Le reste, c'est du tout bon, de l'écran titre au niveau final qui a presque les allures d'une scène Neo Geo.

Un atout agréable de la maniabilité est de pouvoir paramétrer comme on le souhaite les commandes, y compris attribuer le contrôle des deux flippers a un seul bouton ce qui épargne quelques soucis et n'enlève rien à la difficulté. Impressions positives également en ce qui concerne le son, qui accompagne justement les différentes phases de jeu. Une musique avec des intonations de Splatterhouse 2 pendant l'intro, une autre beaucoup plus longue, aggressive et vive durant le jeu même et qui donne envie de maltraiter sa bille avec amour, avec en prime quelques atmosphères mystiques durant les bonus stages et ailleurs. Notre coup de coeur va à cette ballade à la cadence infernale, numéro 2 du sound test. Les bruitages sont également très présents, comme le rire du crâne railleur qui ne manque jamais de vous rappeler vos échecs.

Devil Crash alias Dragon's Fury rafle bien des éloges, c'est vraiment dommage que les ambitions des concepteurs n'aient pas été plus élevées ou le jeu, non content d'être l'un des meilleurs titres du genre, aurait pu devenir l'un des meilleurs tout court. Mais peut-être avec plus d'ambition n'aurait-il pas été aussi soigné et donc aussi bon ? Dans l'incertitude, tout ce qu'il y a à faire, c'est de continuer d'admirer le résultat actuel, pour son horreur subreptice, sa réalisation exemplaire, sa durée de vie honteusement élevée pour un flipper et son magnifique bonus stage 6 qui invite à la génuflexion. Contrairement à la Super Nintendo, qui malgré plusieurs flippers est loin d'avoir fait des étincelles, la Megadrive a su briller avec des titres comme celui-ci ou Sonic Spinball qui démontre le potentiel d'un genre mail aimé des jeux vidéo. Quant à RED, ils assénaient un nouveau coup de poing aux joueurs, avec autant de détachement qu'un séducteur écrasant sa cigarette du talon.

Enfin, il est bon de noter qu'il existe aussi une suite directe à Dragon's Fury qui ne s'incrit toutefois pas dans la série de Naxat, puisque développé par Tengen et somme toute désastreuse. Elle reprend énormément d'éléments de Devil Crash mais montre, avec un certain brio, comment rendre tout cela absolument insipide et ringard grâce à de vilains graphismes, des barbares à demi-nues et des voix digitalisées risibles (dont un gémissement plus que suspect quand vous lancez la bille suffisamment fort). Ce jeu que l'on prendrait presque pour une parodie de Devil Crash s'appelle Dragon's Revenge.

le 23 novembre 2005
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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