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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SEGA MEGA DRIVE (16-bit)


Une réalisation phénoménale pour un shoot'em up d'anthologie. La Megadrive se défonce, nous on se délecte.

Gaiares

Gaiares

ガイアレス
 

 Mega Drive

Développeur:
Nippon Telenet

Editeur:
Renovation
Genre:
Shoot'em up

Joueurs:
1P

Dates de sortie
27.12.1990 Japon
199? USA
199? Europe
très dur Difficulté:

92%Graphismes
94%Animation
92%Son
90%Jouabilité
90%Durée de vie

93%93%
Trucs et astuces

T-Braster:

Le T-Braster n'est pas exactement une arme cachée, il est juste très dur à obtenir (dans la première section du niveau 3 auprès d'un seul groupe d'ennemis qui passe brièvement), heureusement, il y a un code !

Il suffit simplement de tirer 6 fois le TOZ sans toucher un seule ennemi, la septième fois, visez un ennemi et vous obtiendrez ce précieux tir à têtes chercheuses.

Invincibilité:

Mettez le jeu en pause, maintenez enfoncé le bouton gauche et appuyez sur A et C.

Menu d'options:

Maintenez enfoncé A, B et C à l'écran titre et appuyez sur Start.

A shoot'em up exceptionnel, intro exceptionnelle, celle de Gaiares tient presque du court métrage tant ses auteurs ont de choses à dire. Certes ils le disent dans un anglais parfois un peu embarrassant, mais leur bonne volonté fait oublier cela. Ils ont un message à faire passer, et un shoot'em up avec un message, c'est un peu comme un Diable de Tasmanie avec du vocabulaire, ça surprend et ça peut même intéresser.

L'intro de Gaiares est donc longue, ce qui bizarrement n'est pas si rare dans les shoot'em up, genre qui à pourtant la réputation de jeter son scénario au placard. Mais un shoot'em up, comme un (space) opéra, ça demande une ouverture en fanfare, digne du spectacle à venir. Ici, beaucoup de texte, plusieurs personnages de style manga en gros plan et animés s'il vous plaît, des vaisseaux, des satellites, même du flashback, c'est la cartouche qui voulait se faire grosse comme un CD.

Et au lieu d'exploser comme la proverbiale grenouille, elle nous délivre un message. Ce message, on en devine le contenu dans le titre, "Gaia" voulant dire la terre en grec (c'est fou ce que les concepteurs de jeux vidéo sont instruits), il s'agit d'écologie: vous devez sauver la Terre. La planète à sauver, des aliens à exterminer, blablabla, on connaît tout ça; sauf que, ce n'est pas le cas ici, la Terre a déjà été perdue, c'est une planète morte, dont le système écologique a été détruit par la pollution, par notre pollution.

L'action se déroule après l'an 3000, mais au rythme où l'on va, on n'aura pas à attendre un millénaire avant de voir les sombres prédictions de Gaiares devenir réalité. Votre mission, si vous l'acceptez, sera carrément de redonner vie à notre pauvre Mother Earth. Vous incarnez Dan, un pilote émérite avec un atout en or pour réussir sa mission, une arme expérimentale, le TOZ, dont nous parlerons à loisir dans cet article. A bord de son vaisseau, il s'en va buter tous ces terroristes extra-terrestres (c'est bien le nom qui leur est donné !) et ressusciter la planète bleue virée au noir.

Telenet aurait pu faire fortune sur le web de nos jours avec un nom comme le leur, c'est toutefois dans les jeux qu'ils firent carrière, toutes sortes de jeux, y compris à caractère érotique. Mais si, mais si, preuve par le lien, n'ayez pas peur de cliquer, c'est pudique et bien élevé. Quoiqu'il en soit, Nippon Telenet a un portfolio bien chargé qui inclut la publication des jeux de la légendaire WolfTeam, la série des Valis, des Parlor!, et une pléiade de titres très japonais sur Megadrive, Super Famicom, Mega-CD, consoles NEC (surtout sur CD) et PC. "Très japonais" voulant dire refoulés aux douanes françaises, surtout en ce qui concerne la Super Famicom. Bref, même si leur nom n'est pas très familier du public occidental, les amateurs connaissent certainement leurs jeux et savent que ces gars-là, ce n'est pas du menu fretin, ce sont des pros. Quant à l'éditeur Renovation, il s'agit tout simplement de l'une de leurs filiales.

La longue intro terminée, on n'arrive difficilement à se contenir et c'est avec une fougue toute shmupesque que l'on écrase du doigt le bouton start. Et à l'inverse d'autres jeux, l'intro ne nous a pas trahi. Notre petit vaisseau, solidement carrossé et bien fichu (pas comme chez Toaplan), s'élance depuis sa base sur trois plans de scrolling, sous une musique trépidante qui prend de l'ampleur tout comme nos poumons se gonflent d'exaltation. Au moment où la musique se libère enfin, notre appareil est jeté dans le vide interstellaire. Pendant un court instant, il semble suspendu dans le néant absolu, là où immobilité et mouvements se confondent. Puis il est rejoint par le TOZ, arme fidèle et indispensable qu'on pourrait décrire comme le bras gauche de Megaman, et soudain tout s'anime, les vagues ennemies surgissent, les tirs traversent l'écran comme de mortelles étoiles filantes et les explosions s'épanouissent telles des fleurs de l'espace.

Dès ce premier niveau, Gaiares nous explique avec ses mots bien à lui - un vocabulaire purement artistique - pourquoi il est un jeu exceptionnel, où on ne s'y ennuie pas car il ne s'autorise pas à rester longtemps dans une même situation. Même s'il démarre d'une façon semblable à R-Type, là où le niveau du jeu d'Irem se poursuit et se termine dans une base, Gaires varie lui les environnements avec brio. Il ne faut guère longtemps avant d'arriver en vue d'un champ d'astéroïdes aux abords d'une gigantesque planète. Aussitôt après, on enclenche les rétrofusées pour affronter à une vitesse infernale un mini-boss au milieu de débris spatiaux. Puis l'action ralentit de nouveau et l'on survole un paysage d'inspiration terrienne avant d'entrer dans une caverne qui mène au boss. Gaiares ne nous laisse pas le temps de nous encroûter dans un même décor, et cela, on ne peut que lui en être reconnaissant.

Les niveaux suivants confirment cette variété tout en étirant la taille du parcours. On ne peut pas dire qu'ils obéissent à une thématique précise, à l'inverse de Thunder Force III par exemple où chaque planète est régit par un élément; le niveau 2 est cependant le plus facile à catégoriser dans un thème, en l'occurrence la glace et l'eau. C'est un niveau long, qui soulève le point de la difficulté, mais qui démontre au mieux ce dont Gaiares est capable. Une fois encore les environnements changent régulièrement (à voir dans nos photos), les ennemis aussi avec des monstres mécaniques qui brouillent la notion entre simples vaisseaux et mini-boss, et c'est également une vitrine technologique pour montrer ce que de bons programmeurs peuvent accomplir avec la Megadrive.

Scrollings multiples, rotations de sprites, distorsions, filtres, des effets que la Super Nintendo a popularisé et affiné grâce à son hardware mais que l'on trouvait déjà sur Megadrive. La scène aquatique par exemple, du moment où une salle entière est submergée jusqu'à la confrontation avec l'inoubliable boss final, la sirène de métal prisonnière de sa conque-forteresse, est un modèle du genre, une véritable scène culte qui, pourvu qu'on ne meure pas toutes les dix secondes, nous prend aux tripes comme le ferait le dénouement final d'un grand film. Les auteurs de Gaiares aiment aussi s'amuser avec leur vaisseau protagoniste, pas simplement comme objet de destruction, mais comme objet de mouvement ainsi qu'on peut le voir par exemple dans la transition entre le niveau 2 et le niveau 3, où l'on survole l'atmosphère terrestre avant de s'envoler à la vitesse de la lumière vers une nébuleuse lointaine.

Ce troisième niveau souligne une autre qualité de Gaiares, sa faculté à s'éloigner des stéréotypes du shoot'em up. Paradoxalement, tout au long du jeu on ressent énormément l'influence de classiques du genre, ceux de Konami en particulier (Gradius et Life Force), voire même de R-Type, avec des scènes dans chaque niveau qui renvoient immanquablement à un ou plusieurs de ces canons. Ce n'est jamais ressenti comme du plagiat, mais plutôt comme un hommage, parce que Gaiares fait les choses à sa manière et atténue les ressemblances avec de vraies trouvailles et pointes d'imagination. Il y a bien un style Gaiares et la dernière partie du niveau 3 est le meilleur moyen de s'en rendre compte. On laisse derrière soi les teintes fuchsia de la nébuleuse pour entrer dans un château d'influence européenne, doté de quelques bifurcations mais surtout de pièges digne de Prince of Persia, dont un mécanisme de guillotine aussi vicieux que l'invention même, et un boss que l'on est plus habitué à voir dans un Castlevania que dans un shoot.

Nippon Telenet jongle avec nos attentes et mélange des styles différents pour mieux nous captiver. Le niveau qui succède est ainsi radicalement opposé au précédent: métal, décor hyper-technologique, on est retourné dans un environnement de science-fiction pur. Mais petit à petit, notre assurance se désagrège, des pans entiers de constructions humaines se mettent à défiler dans le fond, avant que le niveau ne devienne carrément organique et se conclue par un boss qui se révèle être le plus surréaliste de tous, une superbe entité volante. Le cinquième niveau est une nouvelle prouesse visuelle, on se trouve littéralement entre le feu et la glace. C'est peut-être aussi malheureusement le dernier grand niveau. Il y a encore des surprises, dont un sixième boss fantastique, mais le jeu commence sérieusement à s'essouffler. On affronte tous les anciens bosses et mini-boss dans des décors bien moins créatifs que les précédents. On regrette ce manque d'énergie, les deux derniers niveaux ayant pu être regroupés en un seul, comme si les concepteurs avaient cherché désespérément à atteindre le nombre de 8 niveaux.

Ce n'est pourtant pas là où le bât blesse, après tout, cinq extraordinaires niveaux sur huit, c'est plus que n'en ont à offrir bien des jeux. Le véritable obstacle est de réussir à voir tous ces niveaux, Gaiares offrant une résistance coutumière des shoot'em up, quelque peu élitiste donc qui laissera le joueur lambda sur le pavé. Cela dit, il n'est pas non plus de ceux qui enverront à l'asile les joueurs qui auront l'audace de persévérer. Il se maîtrise, s'apprend par coeur, dévoile ses secrets, et les faiblesses de ses boss, aux plus patients pour pouvoir finalement être triomphé. C'est un jeu qui en donne pour son argent, mais il exige malgré tout du doigté et passer ne serait-ce que le niveau 2 relève déjà du calvaire.

Quoi, quoi ! déjà si avancé dans le test et nous n'avons pas encore disséqué le TOZ dont nous vous assurions que vous aurez à entendre parler. Eh bien, cela prouve peut-être une chose. Dans de nombreux tests de Gaiares, on peut lire que le jeu est génial parce qu'il y a le TOZ. La vérité, est que le jeu serait formidable même sans le TOZ, mais qu'il l'est plus encore grâce à lui. Le TOZ est un module qui ressemble au pod de R-Type sans se comporter toutefois de la même façon, il a certes son propre tir, mais il suit votre vaisseau au lieu de s'y accrocher, et la seule chose que l'on puisse faire avec, est de le lancer sur les ennemis. Il détruit les plus faibles, mais se fixe sur les plus forts, analysant leur arme pour vous permettre de l'utiliser !

Et si vous analysez un même ennemi plusieurs fois de suite, vous augmenterez au mieux de deux niveaux la puissance de votre arme. Le TOZ n'a pas volé sa réputation et tout ceux qui ont joué à Gaiares savent à quel point le système est novateur et jouissif. Il y a beaucoup d'armes différentes, y compris une cachée, et ne plus avoir à ramasser d'options confère une certaine liberté, même si c'est désormais sur vos ennemis que vous les acquérez ! Détruire ses adversaires avec leurs propres armes, c'est un peu comme de contredire son prof de philo grâce à une citation de Nietzsche ou de Platon, ça vous met du baume au coeur et vous donne la douce satisfaction d'une innocente vengeance menée à bien.

Gaiares est un bijou. Pas un vieux cheval boiteux tout rétro qu'il est, mais un champion athénien dont les exploits mythiques ont perduré. Si nous vous avons déjà expliqué le sens du "Gaia", il faut vous dire que "Res" est de toute évidence un acronyme pour "Regardez Ecoutez Savourez", Gaiares est une expérience visuelle épatante. On se demande comment il a pu voir le jour si tôt sur Megadrive, ses arguments sont même suffisamment convainquants pour supplanter Thunder Force dans le coeur des fans, les Thunder Force ayant tout de même une linéarité graphique dans leurs niveaux qui peut se révéler lassante. Impossible de s'ennuyer ici vu la fréquence à laquelle les décors changent et vu la qualité des sprites que vous réduisez en cendres, c'est du pixel ART et non du PIXEL art, si vous voyez la différence. Les musiques aussi sont superbes, oui, ce sont des musiques très jeux vidéo, des sons inimaginables avec de vrais instruments de musique, mais prenez la mélopée maléfique lorsque Zz Badnasty (littéralement: The Bad Nasty, La Vilaine Méchante) apparaît dans l'intro: la musique alors vous possède. Et elle n'est pas la seule de ce genre à envoyer des ondes de choc dans notre cerveau en effervescence. N'en démorde ses détracteurs, Gaiares fait partie des grands, un assemblage compact de qualités prépondérantes dans un jeu vidéo, le poids du génie renverse celui de l'amertume issu de la défaite, une capitulation inconditionnelle de nos coeurs d'esthètes.

le 10 février 2006
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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