NES Super Nintendo Master System Mega Drive PC Engine Neo Geo

select a console »
TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SNK NEO GEO (8 et 16-bit)


Les gros monstres ont envahi la Neo Geo et même la jouabilité est de série B.

King of the Monsters

King of the Monsters

キング・オブ・ザ・モンスターズ
 

 Neo Geo

Développeur:
SNK

Editeur:
SNK
Genre:
Combat / Destruction

Joueurs:
1-2P

Dates de sortie
25.02.1991 Japon
01.07.1991 USA
11.1991 Europe
dur Difficulté:

89%Graphismes
88%Animation
91%Son
59%Jouabilité
74%Durée de vie

68%68%

Aaaah !! Regardez ! Regardez ! Un monstre géant ! On dirait un lézard cornu. Il écrase les voitures et culbute les gratte-ciel. Nous sommes perdus ! Vite, sauvons-nous par ici, peut-être que...
Co.. comment ?! Au secours ! En voici un autre, une sorte de singe affreux. Nous... nous sommes doublement perdus !! Il faut que...
Oh mon dieu non ! C'est pas possible !! Un troisième ! Une masse putride, elle vient de renverser la Tokyo Tower. Cette fois c'est vraiment la fin, c'est...
AAAAH !! AAAAH !! Ja... Ji... Je... c'est un cauchemar, un quatrième, un géant de pierre. Bli bla blou. Petit Jésus, si tu m'entends, fais que...
Gah, gah, gah, encore un ! Hahaa. Un insecte géant. C'est dégoûtant. Hoho ! Hahahaaaaa !
Un de plus ? Héhé. Un humanoïde ? Héhé. On va tous mourir !! Héhé. Blebleblebloubloublou...

Rassurez-vous, personne ne va mourir sur Neo Geo (sauf si vous épuisez vos continus; et encore, on peut tricher avec la carte mémoire). Et la bonne nouvelle, c'est que le monstre, c'est vous. King of the Monsters vous met en effet dans la peau d'une créature géante à la façon du classique Rampage. Mais là où celui-ci était tout à la destruction, dans le jeu de SNK, la destruction est secondaire au combat. Vous devez affronter vos semblables pour devenir, comme le suggère le titre, le roi des monstres.

Evidemment, c'est à l'archipel japonais qu'incombe d'accueillir ce championnat des poids extrêmement lourds. Six grandes villes japonaises se prêtent malgré elles au carnage, parmi lesquelles Tokyo et Kobe. Une aire carrée est délimitée et les monstres se mettent aussitôt des peignées. C'est aussi simple que ça. En même temps qu'on se bat, on écrase des choses, détruit des buildings, renverse des véhicules, volontairement ou non. Cela rapporte des points mais c'est surtout la satisfaction d'un plaisir très primitif, le même qui réduisait nos jouets en morceaux.

On l'a vu en intro, il y a autant de monstres qu'il y a de villes. On les traversera toutes et on affrontera chacun, mais comme ce n'est pas assez, on devra les battre une seconde fois pour un total de douze matches. Il y a de menues variantes, un niveau la nuit, un autre sous la neige, de nouvelles couleurs pour les monstres, mais grosso modo on doit livrer deux fois les mêmes duels et c'est un peu fatigant. Le dilemme des auteurs était de choisir entre un jeu trop court avec 6 matches ou un jeu plus long mais barbant où l'on doit refaire tout ce qu'on a déjà fait. Dans les deux cas ils perdaient.

Mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle le jeu ne fonctionne pas aussi bien qu'il devrait malgré sa réalisation aguichante. Bien qu'il se présente comme un jeu de combat, un autre genre plus précis se cache derrière sa jouabilité: du catch. Le terrain déjà est carré comme un ring. En haut et en bas la limite est invisible, à gauche et à droite, il y a un champ de force qui repousse les monstres en les électrocutant. Ils ont tous un coup de poing, un coup de pied et une super attaque, mais l'essentiel des techniques sont des prises. On s'attrape par la taille, on se mord, on s'étrangle, on s'expédie dans les airs. Plus révélateur encore, on peut se projeter dans les "cordes" et lorsqu'un monstre est à terre on a le temps de le rouer de coups. D'ailleurs, le seul moyen de vraincre l'autre est de le clouer au sol pendant trois secondes. Le constat est donc clair: King of the Monsters est un jeu de catch.

Le problème, c'est que ce n'est pas un bon jeu de catch. La jouabilité se révèle pire que sur 8 bits. Non seulement les coups sont trop limités et on est réduit à toujours ressortir les mêmes, mais on a l'impression de n'avoir jamais beaucoup de poids dans l'issue du match. Un comble pour un jeu de monstres géants ! L'ordinateur bloque nos coups et interrompt nos prises, juste parce qu'il peut. Et ce pouvoir, c'est le hasard qui lui donne, c'est lui qui décide si une prise tournera ou non entre notre faveur, pas l'aptitude du joueur. C'est frustrant et retire beaucoup de plaisir au combat. Et comme les auteurs ont décidé de ne pas faire leurs bourdes à moitié, ils offrent aussi un système de protection à nos adversaires: leur barre de vie ne s'abaisse pas tout de suite, et même quand elle est vide et la nôtre bien remplie, le KO n'est pas garanti. A cause de ça, les matches n'en finissent plus, et l'autre en face refuse tant et si bien de crever qu'il finit toujours par nous grignoter l'avantage qu'on a.

Du coup, il ne reste plus qu'à se rabattre sur l'aspect destruction. C'est vrai que c'est agréable à regarder, de voir la ville changer de grande et belle à un amas de ruines fumantes, mais que peut-on en tirer d'autre ? Le décompte de points à la fin de chaque match qui calcule le niveau de destruction, de contamination et de victimes serait amusant si les résultats n'étaient pas toujours aussi médiocres. Il ne reste plus rien de la ville et on a pourtant rarement plus de 10% quand ce n'est pas zéro. C'est dur à croire, mais la destruction dans Rampage était finalement plus drôle, peut-être parce que c'était le but du jeu.

Ultime recours pour faire face à tant de déceptions ? Le mode deux joueurs. Mais même chez lui tout n'est pas rose. Il prend deux formes et la première, la forme classique, le un contre un, souffre d'une grosse lacune: il est impossible de changer de niveaux, on doit toujours se battre à Tokyo ! Alors à moins que j'aie raté quelque chose, c'est une grosse négligence de la part de SNK. La seconde forme est plus intéressante. On se bat deux contre deux, les joueurs étant forcés de faire équipe ensemble. On peut s'entraider, mais il n'y a pas de véritable interaction, on peut juste par exemple voler au secours de son ami durant le décompte. Lorsqu'on joue seul et qu'un second joueur entre en lice, un nouvel adversaire est aussi ajouté. Pour se retrouver à deux contre un, où l'action devient assez piquante, il faut donc que l'une des paires perde sa moitié.

Heureusement que le jeu tourne sur Neo Geo, cela nous garantit au moins une certaine satisfaction esthétique. Les décors sont détaillés et ressemblent à Sim City 2000 avec sa vue isométrique. La ville s'anime grâce aux enseignes clignotantes et aux véhicules, civils ou militaires, qui y circulent. On peut les écrabouiller ou en attraper certains pour s'en servir comme projectiles. Les monstres sont assez jolis, quoiqu'ils aient un peu trop de couleurs (à cause des combats à quatre et d'un système d'expérience anodin à trois niveaux) et que celle par défaut n'est pas toujours la meilleure. Mais c'est surtout le son qui emballe. Woo, Beetle Mania et Astro Guy ont les meilleures musiques, les autres font plus 16 bits. Le chant tribal de Woo, le singe, renvoie à King Kong bien sûr (on pense aussi à Indiana Jones et Sengoku). Les voix digitalisées sont très impressionnantes. Le commentateur en début de match ne s'en prive pas non plus. Les bruitages de la circulation, terrestre ou aérienne, le choc énorme des chutes, les cris retentissants des monstres, tout ça met impeccablement dans l'ambiance.

King of the Monsters fait partie de ces jeux Neo Geo pleins de belles promesses qui finalement en tiennent peu. Même le graphisme lasse assez vite, un signe alarmant sur Neo Geo. Une ville à cette échelle ressemble à une autre et toutes partent si vite en fumée de toute façon ! Les monstres, quoique variés, n'ont pas beaucoup d'âme non plus (hormis Beetle Mania, le kabutomushi/scarabée rhinocéros !). C'est surtout l'hommage qui fait plaisir: Godzilla, King Kong, Ultraman. Si lâcher plusieurs gros monstres en colère dans une métropole peut sembler amusant sur le papier, dans un jeu vidéo, bizarrement, ça l'est beaucoup moins et on n'a pas souvent vu cette formule fonctionner. Rampage a beau être un classique, ce n'est pas un grand jeu.

Si vous voulez du catch, optez pour 3 Count Bout ou allez voir ailleurs, si vous voulez de la baston, vous avez l'embarras du choix sur Neo Geo, et si vous voulez un bon jeu de destruction, laissez tomber, la contradiction est insoutenable. Dans leur quête de destruction, les monstres ont même ravagé notre enthousiasme.

le 7 avril 2015
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
Boîte du jeu
Version américaine



Photos choisies
Cliquer pour agrandir

Toutes les photos
Taille normale 304x224
01 | 02 | 03 | 04 | 05
06 | 07 | 08 | 09 | 10
11 | 12 | 13 | 14 | 15
16 | 17 | 18 | 19 | 20
21 | 22 | 23 | 24 | 25
26 | 27 | 28 | 29 | 30
31 | 32


Panorama
Tout sur une page


All text and screenshots: © 2001 sanjuro, 1up-games.com