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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE NEC PC ENGINE / COREGRAFX (8-bit)


L'ancêtre de Langrisser est à réserver aux généraux timbrés.

Gaia no Monshō

Gaia no Monshō

ガイアの紋章 (trad: "Le Blason de Gaia")
Suppléments:

Revue des Troupes

 PC Engine

Développeur:
NCS

Editeur:
NCS
Genre:
Stratégie

Joueurs:
1-2P (alternés)

Dates de sortie
23.09.1988 Japon
horrible Difficulté:

55%Graphismes
41%Animation
59%Son
75%Jouabilité
92%Durée de vie

65%65%
Trucs et astuces

Mots de passe:

Les mots de passe du mode Campagne. Tous les codes jusqu'à l'astérisque sont de 1UP.


Bataille 2:
FEFF1A23821

Bataille 3:
ECEE298A193

Bataille 4:
8B883A03A21

Bataille 5:
51554C73B21

Bataille 6:
BFBB4641201

Bataille 7:
40444C35F41

Bataille 8:
AFAA5D34E37

Bataille 9:
ACAA6F2AD93

Bataille 10:
25227E3AD93

Bataille 11:
4344774E3D3

Bataille 12:
2522775E2D3

Bataille 13:
8F9962C0EFE

Bataille 14:
4344746B2A1

Bataille 15:
9D994B4AF93

Bataille 16:
272257B4C37

Bataille 17:
ACAB79AA393

Bataille 18:
52546676153

Bataille 19:
B3BA9B57E61

Bataille 20:
ACAB7D8B5A1

Bataille 21:
070168D9581

Bataille 22:
5C5480BEBD3

Bataille 23: *
FCFE29CA593

Bataille 24:
1A10ADAC6C1

Bataille 25:
E3EFC9E7653

La stratégie est indispensable à la guerre, du moins si l'on souhaite en sortir vainqueur. Pour cette raison, le jeu de stratégie est sans doute aussi vieux que la guerre elle-même. A partir du moment où des commandants se sont assis pour en anticiper le déroulement à l'aide de symboles, ils créaient, sans le savoir, le principe du jeu de stratégie, du wargame. Entre leurs plans de bataille et nos simulations électroniques, l'écart est donc moins grand qu'on pourrait le croire, les secondes ayant l'avantage de retirer toute l'horreur du combat pour n'en laisser que la stratégie pure. Car s'il existe un art de la guerre, c'est dans la stratégie qu'il se trouve et la stratégie seule.

Les wargames sur consoles n'ont jamais eu autant de succès que sur ordinateurs. Il y a quelques noms connus: les Wars de Nintendo, Langrisser de Masaya, les Nobunaga's Ambition et Romance of the Three Kingdoms de Koei, le spécialiste du genre, mais leur popularité comme leur nombre est somme toute limitée, et il s'agit très souvent d'adaptations de jeux PC.

A priori, ce n'est pas le cas de Langrisser, qui a débuté sur Megadrive en 1991. Néanmoins, en cherchant un peu, on découvre que Langrisser est en fait l'héritier d'une espèce de trilogie venue des ordinateurs japonais (PC-88, X1, MSX). Les trois jeux étant: Elthlead 「エルスリード」, Gaia no Monshō et Gaiflame 「ガイフレーム」 (plus une compilation Elthlead Senshi 「エルスリード戦史」 / History of Elthlead 「ヒストリーオブエルスリード」 réunissant les deux premiers épisodes). Là où cela devient intéressant pour nous est que les deux derniers ont été adaptés sur PC Engine.

Tous se déroulent sur le continent Gaia; c'est ce qui les unit, ainsi qu'un système et une interface de jeu très similaires d'un titre à l'autre. Si Gaiflame plante son décor dans le futur avec des robots géants, ses prédécesseurs optent eux pour un univers purement heroic fantasy. Deux camps se font la guerre, Light and Dark, la lumière et les ténèbres, le bien et le mal. Le mal est représenté par le royaume de Velzeria et son roi Böser et le bien par le royaume d'Elthlead et le roi Sieghart. Ce sont des noms qu'on retrouve aussi dans Langrisser, même s'il n'est plus question de Gaia.

Pas de surprise, le joueur incarne le bien. Comme un mode 2 joueurs est aussi de la partie, on pourra demander à un ami diabolique d'incarner le mal. Après une présentation succincte qui nous donne un aperçu de nos troupes (la seule occasion de les voir de près ! nous y reviendrons), on choisit un mode de jeu. Là encore, ils vont par trois: Scenario, Construction et Campagne, qui est le mode principal et en théorie le plus prenant. Les deux autres peuvent être configurés humain contre humain et même ordinateur contre ordinateur, mais encore faut-il accrocher au principe de base.

En Scenario, vous prenez part aux niveaux du mode Campagne mais avec une armée imposée. Cela continue ensuite avec quelques missions supplémentaires. En Construction, contrairement à ce que le nom laisse entendre, il n'est pas possible de créer ses propres niveaux, ce qui n'aurait pourtant pas été difficile à faire, mais il y en a tout de même 30 parmi lesquels choisir. On a aussi accès à plus de troupes, car des soldats modernes, avec tanks, jeeps, hélicos, sont venus enrichir l'écran de sélection ! On peut encore régler les tours et la magie à sa guise.

Mais tant qu'on n'a pas essayé le mode Campagne, il n'est pas possible de comprendre tous les défauts de Gaia no Monshō. Celui-là comporte 25 batailles, qui se jouent l'une après l'autre avec mots de passe entre. A la différence des autres modes, pour bâtir son armée, on se sert ici de points. C'est là que les choses se compliquent. Au départ, on dispose d'un capital de 12 points. Pour pouvoir l'augmenter, il faut remplir trois conditions. Battre l'ennemi en est évidemment une, on ne peut pas poursuivre sans gagner. La seconde est de bien faire attention à ses hommes, car chaque mort nous coûte des points ! Nos pertes réduisent nos gains, logique. La dernière est aussi la plus stressante: il faut faire son possible pour terminer la bataille dans le nombre de tours imparti.

C'est cette comptabilité des tours qui se révèle insupportable en Campagne. Leur nombre est toujours fixé au plus bas, généralement entre cinq et dix selon le niveau. Si on l'excède, on perd des points. Si on termine juste à temps, on n'en gagne aucun. Du coup, on est obligé de se presser et d'utiliser des unités rapides, en scrutant d'un oeil inquiet le compteur de tours. Si votre tactique est une guerre d'usure, si votre qualité de général est la patience, alors vous êtes voué à l'échec. Mais en prenant l'offensive, vous courez le risque de perdre beaucoup d'hommes, ce qui se traduit inévitablement par une dramatique chute de points.

Et sans points, on ne peut pas se constituer d'armée assez forte, surtout que l'ordinateur lui est toujours au mieux de sa forme. Cela signifie qu'on doit à chaque fois livrer une bataille parfaite ! Autrement on perd son temps, puisque la moindre baisse de points nous condamne généralement dans les niveaux suivants. Souvent à court terme mais aussi à très long terme: on est garanti de se faire réduire en pièces dans les derniers niveaux si l'on n'a été en mesure d'amasser assez de points pour s'acheter un dragon (valeur: 255 points ! ARGH).

Dès la première escarmouche on est confronté à ce dilemme: on se creuse la tête pour battre rapidement vingt zombis, sans y parvenir. La bataille prend trop de tours ou on reçoit trop de pertes, et le gain de points est toujours trop faible (quand il n'est pas négatif !). Si par miracle on en gagne assez, il y a intérêt à noter le mot de passe, parce que la tactique qui a fonctionné une fois n'est pas garantie de fonctionner à nouveau ! Plusieurs facteurs affectent en effet l'issue de la bataille, le principal étant la magie.

La magie n'a rien à voir avec celle des RPG. Ici, cela fonctionne comme un bonus ou un handicap. Avant une bataille, on peut en choisir une parmi trois; l'ordinateur fait pareil. Puis, avant chaque tour, la magie est ou non enclenchée, d'après certaines probabilités. Il y a 15 magies différentes qui peuvent augmenter l'endurance, l'attaque, réduire la portée, etc. On peut aussi combattre sans, mais ce n'est pas recommandé vu l'effet qu'ont celles-ci. Le jeu est assez dur comme ça !

La résistance adverse influe également sur le déroulement de la bataille. On a parfois dix bonhommes sur un seul type et celui-ci refuse de mourir. Vas-tu crever sale bête, j'ai mieux à faire ! Mais il est difficile de dire si certains soldats sont plus forts que d'autres ou si c'est nous qui échouons à les atteindre. Et pour cause: ni les dommages, ni les caractéristiques des troupes ennemies ne sont affichés durant une partie ! On joue à l'aveuglette ! L'ordinateur doit certainement en profiter pour magouiller. Pas honnêtes ces machines.

Et puis c'est quand même un vicelard. Lui n'a aucun mal à savoir l'état de nos troupes et il concentre toutes ses forces sur les plus faibles. Par contre, lorsque les siennes sont en danger, elles prennent systématiquement la tangente pour quitter l'écran. L'ordinateur fait tout, en somme, pour nous faire perdre des points. On dirait que ça l'amuse plus que la victoire. Un escroc doublé d'un sadique, elle est belle leur intelligence artificielle !

L'interface elle-même est assez austère. Quand on attaque, notre pion agite son épée microscopique, mais c'est tout, pas de grande animation de duel. Pour se rincer les yeux, il n'y a que la présentation. L'avantage est qu'on gagne en vitesse; avec vingt pions de chaque côté, ce n'est pas du luxe. Mais d'un autre côté, on en perd avec le changement de tour qui n'est pas rapide et avec le gameplay, un peu lourd, où l'on doit passer par un menu aussi bien pour frapper que pour avancer. Gaia no Monshō n'est pas un joli jeu. Tout se déroule dans ces grilles ternes avec des sprites riquiqui; même le reste du graphisme est réduit à des vignettes, et les musiques, au nombre de deux, sont vite saoulantes.

Résumons: un jeu plutôt tarte, pas assez ergonomique, extrêmement difficile, voire inique, où l'on nous oblige à refaire les mêmes niveaux jusqu'à la perfection. Durant les premières parties, on ne voit que ses défauts. Et puis le temps passe, et on remarque une chose: on est toujours dessus. Quand bien même il nous irrite de plus d'une façon, on est devenu accroc. La difficulté est stimulante et gagner une bataille, une vraie victoire, celle où on écrase l'ennemi en peu de tours, donne une immense satisfaction mêlée de soulagement.

Ses vrais défauts demeurent, le fait par exemple qu'on utilise toujours les mêmes troupes en Campagne (les Dragon Knights surtout) et ces mystérieuses influences qui semblent aider l'ennemi, mais ils ne suffisent pas à nous dégoûter. Ou tout du moins jamais complètement. On a pensé à une nouvelle tactique, une nouvelle approche, alors on veut réessayer, rien qu'une fois... une seule... Il y a bien le barrage de la langue, qui nous occulte le scénario, mais il n'est vraiment gênant que sur un point: la magie. C'est le seul moment où le joueur occidental ne sait pas ce qu'il fait (vous pouvez toujours nous demander des traductions via le Chat).

De la trilogie Gaia, Gaia no Monshō semble l'épisode le plus estimé. Ses fans aiment à disséquer ses batailles, à l'analyser en statistiques. Gaiflame lui a les animations de combat mais il en est plus lourd.

On retrouve son esprit dans d'autres jeux, comme l'excellent Jyutei Senki, qui a aussi des lords et des dragons. Les wargames dans un univers d'heroic fantasy étaient peu nombreux avant Elthlead et sa suite. Il y a un autre jeu qui lui doit sans doute aussi quelque chose. Réfléchissez: Gaia no Monshō... le blason de Gaia... l'emblème de la terre... Fire Emblem ! Oui, ce n'est qu'une théorie, mais il se pourrait bien que Fire Emblem, dont le premier épisode est sorti en 1990 sur Famicom, doive au moins son nom et son univers au jeu de NCS.

Gaia no Monshō est un jeu qu'on arrive à aimer aussi fort qu'on le déteste par moments. On pourrait dire que c'est l'un des meilleurs jeux de stratégie tout en pensant que c'est l'un des pires, ou vice versa. Il est plein de contrastes, de dualités, ce qui pour un wargame est presque un pléonasme. La seule chose sur laquelle on s'accorde est qu'il en donne pour son argent avec ses vastes modes Scenario et Campagne et ses multiples batailles dont l'issue n'est jamais absolument certaine. Si vous vous sentez l'âme de dompter l'indomptable, de conquérir l'inconquérable, voici un jeu fait pour vous !

le 30 janvier 2015
par sanjuro



Jeu testé en version japonaise
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