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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SEGA MASTER SYSTEM (8-bit)


L'as désastre.

Ace of Aces

Ace of Aces

 

 Master System

Concepteur:
Artech / U.S. Gold

Développeur:
Tiertex

Editeur:
Sega
Genre:
Simulation de vol

Joueurs:
1P

Dates de sortie
09.1991 Europe
atroce Difficulté:

52%Graphismes
44%Animation
30%Son
28%Jouabilité
45%Durée de vie

35%35%
Trucs et astuces

Munitions illimitées:

A l'écran titre, après que les lettres se sont éclairées, appuyez sur Haut, Droite, Droite, Bas, Bas, Bas, Gauche, Gauche, Gauche, Gauche, Haut, Droite, Bas, Gauche.

Si le code est bien entré, vous serez expédié à l'écran de sélection avec « Cheat Code » inscrit dans le coin droit. Emportez juste un exemplaire de chaque arme avant la mission pour en avoir en quantité illimitée. Malheureusement cela ne marche pas avec le fuel.

La Seconde Guerre mondiale bat son plein. L'Allemagne nazie se porte encore bien, dressée sur ses ergots, mais la Royal Air Force, outre-Manche, veille. Tout cela cependant n'est pas mentionné dans le jeu ni dans sa notice. On accomplit des missions de combat et de bombardement au-dessus de l'Europe avec des appareils britanniques, sans autre précision. C'est pour ne pas effrayer ces chers bambins avec la sombre histoire de l'humanité, peut-être.

Même les appareils en question sont désignés par leur modèle plutôt que par leur nom, on parle de ME109 mais pas de Messerschmitt. Quant au nôtre, le Hobson FB-61 "Grim Reaper", il est une invention des auteurs. Malgré ces singulières omissions, Ace of Aces est une simulation de vol de combat, ou une tentative de. Ce qui fait son originalité est qu'on pilote un bombardier. C'est rare — si rare, que sur consoles, aucun autre jeu ne me vient à l'esprit. Sur PC, il y a B-17 Flying Fortress de Microprose (on s'en serait douté).

Les consoles ont eu des simulations de sous-marins (plus qu'on pourrait le croire d'ailleurs : Silent Service, 688 Attack Sub, Battle Submarine...), de tanks, de trains même, mais celle-ci de bombardier doit être unique en son genre. Alors évidemment il y a de quoi être un peu excité.

Notre colonel a trois missions d'entraînement et quatre missions officielles pour nous. Une des missions d'entraînement consiste à aller bombarder un train à la frontière austro-allemande sans aucune réserve de fuel. Une bagatelle ! La prochaine étape de notre entraînement sera d'aller tuer Hitler avec un canif les yeux bandés, après ça il faudra attraper la bombe atomique avant qu'elle ne tombe sur Hiroshima. Une fois ces exercices terminés, on pourra passer aux choses sérieuses.

Il n'y a ni décollage, ni atterrissage, et l'on se retrouve immédiatement dans les cieux, qui ressemblent à un pâté de gris sur fond bleu. A-t-on jamais vu des nuages aussi laids ? Animés par saccades dans un mouvement tournant comme à la broche d'une rôtisserie. Si l'on monte très haut, on se débarrasse des nuages, si l'on descend très bas, le gris devient uniforme. Voilà tout le paysage. Même Top Gun avait l'air moins laid ! (à la fin de ce test, vous aurez beaucoup d'estime pour le jeu de Konami)

Heureusement, l'intérieur de notre avion est plus coquet. En plus du manche à balai, le tableau de bord comprend cinq cadrans essentiels : la boussole, le compteur de vitesse, l'horizon artificiel, l'altimètre et le radar. En appuyant sur le bouton 2 en conjonction avec un autre, on peut aussi examiner la carte, plus indispensable encore que la boussole pour s'orienter; accéder à la soute, où sont stockées les munitions et les réserves de fuel; et voir les ailes avec leurs panneaux de contrôle.

Ceux-là font très peur. Il y a plein d'indicateurs qu'on ne comprend pas et que l'on peut modifier. Boost, Trim, Flap... On peut activer les ailerons, le train d'atterrissage et même couper le moteur de chaque hélice. Mais une fois coupé, celui-ci ne redémarre plus, et ce n'est donc utile qu'en cas d'incendie. En ne touchant à rien, on ne s'en porte pas plus mal au début.

Avant les missions, les vraies (pas l'entraînement où l'on doit éteindre le Reichstag avec sa vessie), on nous demande de décider de notre cargaison. Le nombre de bombes, de balles, de roquettes que l'on emporte, avec aussi jusqu'à deux réservoirs de fuel. Tout est optionnel. Sachant que plus il est léger, mieux il se dirige, mais qu'un avion sans arme n'a jamais gagné la guerre.

Faire le tour de son bombardier, le découvrir, est assez réjouissant. Même si en réalité, sans la notice, on n'y comprendra pas grand-chose (elle contient des informations indispensables). Mais tout se gâte vraiment dès qu'apparaît le premier appareil ennemi. L'aligner dans sa mire relève de l'exploit; si en plus on est bardé de bombes, on entre dans le domaine de la fiction. On a l'impression de viser un moucheron avec des lentilles. Il bouge en cercles concentriques alors qu'on tangue comme le bateau ivre de Rimbaud.

Les Messerschmitt se présentent avec une régularité de métronome, toujours au compte-goutte. On croirait qu'ils égrènent les minutes. Les confrontations arrêtent le mouvement sur la carte, mais le temps de se ressaisir après un duel et l'on s'est généralement égaré. Accomplir les missions en devient encore plus pénible. Un avantage quand même : ils ont beau tirer en continu, les pilotes allemands ont eux aussi du mal à nous toucher. Mais qu'ils se rassurent, il en faut peu pour nous abattre.

Parfois, on périt sans trop savoir pourquoi, malgré la liste des dégâts à la fin. Notre moteur a calé. Bon. Si vous le dites. De toute façon, lorsqu'on a pris un coup, nos chances de survie sont généralement sérieusement compromises. Tout aussi frustrant, l'ennemi, qui si souvent nous manque, nous atteint pour une fois à grande distance, et justement sur le chemin du retour. Simple malchance... qui se répète assez souvent.

Pour les phases de bombardement, contre le train ou les U-Boot, tout se déroule dans la soute. L'ouverture se fait manuellement, après quoi il faut viser sur le paysage qui défile. Ce n'est guère plus facile que le combat. La mire est constamment bousculée, la précision est lamentable et comme si tout cela ne suffisait pas, le train comporte des wagons de la Croix-Rouge sur lesquels il ne faut pas tirer ! Les bombes qui tombent de côté, même sur la voie, n'ont aucun effet.

Après, il faut encore rentrer en Angleterre. Et même avec deux réservoirs de fuel, il n'y a pas de place pour l'erreur. Si l'on perd trop de temps à atteindre ses objectifs, on est cuit. Mais au fond, ça n'a aucune importance. Pour toute récompense d'avoir accompli une mission, on reçoit quelques points ridicules et une image, qui est celle de l'écran titre ! Quelle bande de feignants ! On se moque de nous ! Si vous en doutez encore, vous n'avez qu'à y retourner. En effet, la mission finie est toujours accessible, sans indication qu'elle a été remplie !

Le jeu n'a peut-être pas de fin, on n'en sait rien. Au lieu de choisir les missions individuellement, on peut les grouper, et même les accomplir toutes en même temps ! Ce qui serait une idée intéressante si ce n'était pas injouable. Comment voulez-vous abattre un convoi, des sous-marins, des bombardiers, des missiles V-1 avec trois réservoirs de carburant et un avion incontrôlable car trop lourd ? Ace of Aces n'a visiblement pas été testé, et par ses développeurs moins que quiconque.

Entre la vue stérile du cockpit, les bruitages anorexiques et les jingles couinants, le gameplay exécrable voire excrémentiel, les missions sans utilité et partout autour de nous le vide créatif, Ace of Aces n'a pas grand-chose pour plaire. Le mieux est le tâtonnement du début, dans les entrailles du bombardier, quand on n'a pas encore compris de quoi le jeu est vraiment fait.

Il n'est pas seulement bâclé, il est comme abandonné. Syndrome assez courant des jeux européens de la Master System. Dès qu'il y a eu assez pour prétendre à un programme fonctionnel, les auteurs ont dû s'éclipser sans demander leur reste. Si c'était un avion, Ace of Aces serait un planeur. Il se maintient en l'air pour donner l'illusion du vol mais en réalité il ne fait que tomber.

Il y a une malédiction des avions sur Master System. F-16 Fighter est abominable, After Burner est infâme, même si certains adorent (il y en a aussi qui adorent se faire fouetter cul nu) et Ace of Aces, lui, ce n'est même pas un jeu, c'est un supplice : celui qui parvient à finir ne serait-ce qu'une de ses missions pousse un cri de désespoir comme si on lui sauvait la vie.

C'est bien cela. Tiertex a raté sa simulation de bombardier, et on le regrette amèrement, parce que le concept était prometteur; à la place, ce qu'ils livrent aux possesseurs de Master System est une simulation de désespoir, dépourvue de but. Avis aux amateurs de souffrance ! (ceux-là mêmes qui ne sont pas intimidés par un petit entraînement de saut de haie Berlin-Nuremberg avec Göring, Goebbels, Himmler debouts sur leur tête)

le 27 septembre 2019
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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