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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SEGA MASTER SYSTEM (8-bit)


La F40 que Sega essayait de nous faire passer pour une "Larborarri Teratuga".

Battle Out Run

Battle Out Run

Suppléments:

Affreux, Sales et Méchants

 Master System

Développeur:
Sega

Editeur:
Sega
Genre:
Course

Joueurs:
1P

Dates de sortie
1989 Europe
très dur Difficulté:

79%Graphismes
85%Animation
74%Son
65%Jouabilité
73%Durée de vie

70%70%

Dans le test d'Out Run, vieux de six ans, j'ai fait une grosse erreur: je prétends que le jeu se déroule aux Etats-Unis, sur la côte ouest, alors que rien ne l'atteste. Pire même, les Alpes, les moulins à vent et l'autobahn auraient dû de toute évidence me suggérer l'Europe. Mais voilà, Out Run est un jeu au design traître: ce n'est ni les Etats-Unis, ni l'Europe, c'est les deux à fois et pourtant aucun des deux.

Avec Battle Out Run, aucune confusion possible: nous sommes en Amérique. Il y a une carte du pays, des villes bien réelles servent de fond aux circuits et leur donnent leur nom, et même les voitures errantes ressemblent à des yellow cabs. En jouant cependant, on est gagné par un autre type de confusion: on a l'impression étrange de ne pas avoir en main un jeu Out Run. Allons bons, les designers de Sega se joueraient-ils encore de nous ? Si vous voulez vraiment le savoir, oui, ils ont pris la recette d'un autre jeu, l'ont maquillée en Out Run, ont ajouté un "Battle" au titre pour justifier ces changements et l'ont vendu au nez et à la barbe du client.

Ce jeu, c'est Chase HQ, le classique de Taito où l'on doit arrêter un criminel en un temps limite en rentrant dans sa voiture; ce qui est pile poil ce que l'on nous demande de faire ici dans Battle Out Run. Chase HQ existe aussi sur Master System, mais l'astuce est qu'il est sorti après le jeu de Sega dans une version graphiquement bâclée: en comparant les deux jeux, le plus vieux des deux n'est pas celui qu'on croit. Le plus drôle dans cette affaire est que l'un comme l'autre ne seront sortis qu'en Europe ! Et on ne peut même pas dire qu'ils auront bien marché, même si Battle Out Run, sans doute, aura eu un petit avantage de popularité.

Après, discuter du jeu est d'abord une affaire de comparaison. Comme dans Chase HQ on roule sur trois voies parfaitement planes, on doit occasionnellement éviter des objets qui jonchent la route, on reçoit des points, en partie basés sur le temps, qui permettent d'acheter des pièces et des accessoires plus performants, et le duel se déroule exactement de la même façon: on ne semble jamais avoir assez de temps, la voiture adverse s'éloignant après chaque impact, ce qui est énervant au possible. Plus surprenant par contre, les bifurcations et les structures plus complexes (les arches et les tunnels) que Out Run et Chase HQ avaient en commun ont disparu. Adieu, variété !

A la place, on gagne des tremplins qui permettent de "s'envoyer en l'air", façon F-Zero. Les seuls liens avec Out Run finalement sont la Ferrari et la radio. Qui dit Ferrari, dit Out Run. D'ailleurs, les autres éditeurs se sont généralement tenus à l'écart des bolides rouges d'Enzo, peut-être parce qu'à l'inverse de Sega, ils n'avaient pas le culot de se servir d'une marque dont ils ne possédaient pas la licence officielle ! La Testarossa cependant a ici été remplacée par le modèle plus récent F40, avec son aileron fermé comme une anse. Quant à la radio, ses quatre fréquences sont autant de musiques. Le tempo est beaucoup plus vif que dans Out Run, presque violent, mais les mélodies qui l'emmènent ont toujours un fond aussi doux.

L'autre touche personnelle, c'est le camion. Il fait son apparition à mi-parcours et si vous choisissez d'y entrer par sa plate-forme abaissée, vous découvrirez qu'il contient le magasin pour faire vos emplettes automobiles. C'est là aussi où l'on achète la nitro, c'est-à-dire le turbo, qui n'est pas cumulable contrairement à Chase HQ mais fonctionne plus longtemps grâce à une jauge. On s'en sert plus par utilité que par plaisir, le son et l'animation étant les mêmes que pour le frein ! Quel génie. Plus réjouissant, on est libre de commencer dans n'importe quelle des huit villes de la carte. Les décors de fond ont tendance à se râbacher sur la côte est; les graphistes manquent d'idée pour distinguer leurs créations et la pauvreté des bordures n'aide pas.

Malgré son manque d'éclat et ses tracés qui semblent avoir été créés aléatoirement, Battle Out Run ne serait pas un mauvais jeu si ce n'était pour certains affres de sa jouabilité. Déjà, dans les virages bordés de panneaux, la F40 semble être montée sur deux essieux tant elle tourne difficilement; on est souvent obligé de relâcher les gaz et de freiner avant même de les aborder. Bon, passe encore, c'est juste un pli à prendre. Mais le vrai problème, ce sont les autres voitures (pilotées par des gangsters, affirme la notice). Quelle que soit la façon dont vous vous plierez, jamais vous ne pourrez les accepter. C'est bien simple, elles ne savent pas rester sur leur voie, elles sont comme aimantées par votre Ferrari, elles veulent à tout prix enfoncer leur train arrière sur votre nez, ce qui, à regarder le jeu, semble la plus facile des choses à faire. Et la piste est inondée de ces tacots qui prennent un malin plaisir à se mettre en travers de votre chemin.

Ca fâche; et pas qu'un peu. Surtout que la difficulté est intransigeante. Pour arrêter la target, la voiture cible, il faut avoir du temps de réserve, elle qui est programmée pour vous distancer régulièrement quelle que soit votre vitesse de pointe. Et ces ralentissements évidemment mettent fin à toutes vos chances avant même d'être entré en lice. Le temps que vous mettez pour l'arrêter déterminant aussi l'argent que vous gagnez, permettant à son tour d'acheter les pièces indispensables à votre amélioration. C'est un cercle vicieux ! Les conséquences ne sont pas toujours ressenties immédiatement, mais chaque petite faute vous enfonce bien davantage par la suite.

Battle Out Run est un de ces jeux développés pour le seul marché européen de la Master System; cela leur réussit rarement et un titre comme Land of Illusion serait l'exception plutôt que la règle. Et en effet, s'il n'est pas vilain, s'il est même sur certains points plus agréablement compact que Out Run, c'est un jeu au game design assez terne, où chaque course se déroule exactement comme la précédente, mais où surtout les sensations initiales de conduite sont gâchées par ce trafic kamikaze qui aime à s'écraser sur nos pare-chocs. Ce qu'il gagne en réalisation, il le perd en gameplay. Une fois les principaux accessoires acquis, la conduite devient moins pénible mais cela ne revitalise pas l'action pour autant. Reste la question de savoir s'il est meilleur que le Chase HQ de Taito. Un peu, sans doute, tant ce dernier fait décrépit en comparaison, mais lui au moins avait une jouabilité bien rodée. Une chose est certaine en tous cas, après Battle Out Run, la Master System n'avait aucun besoin d'hériter de l'original.

le 20 août 2010
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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