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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SEGA MASTER SYSTEM (8-bit)


Fire & Forget II, un jeu qu'il fait bon oublier deux fois plutôt qu'une (elle était facile, mais elle est méritée).

Fire & Forget II

Fire & Forget II

 

 Master System

Développeur:
Titus

Editeur:
Titus
Genre:
Tir / Course

Joueurs:
1P

Dates de sortie
1990 Europe
atroce Difficulté:

68%Graphismes
87%Animation
70%Son
60%Jouabilité
30%Durée de vie

24%24%

Nous, les Français, nous sommes de grands poètes. Mais si. Vous en connaissez beaucoup, vous, des jeux qui s'appellent "Fais feu et oublie" ? Le "II" bien sûr vient quelque peu gâter cette belle prose: "Tire et oublie II", maintenant ça ressemble à un film porno. Malheureusement pour l'art de la poésie dans le titre de jeu vidéo, un art réservé à une fine élite, Titus n'avait rien inventé: fire-and-forget est en fait le nom d'un type de missiles. Malheureux le joueur lambda lui aussi, le titre étant l'une des caractéristiques les moins détestables de (oui, ne nous privons pas de le répéter) Fire & Forget II.

De missile, il en est bien question, puisque Fire & Forget est né de la coucherie entre un shoot'em up et un jeu de course. Votre voiture a un canon et elle s'en sert, après tout elle a un monde à sauver, justification qu'un shoot'em up ne lui refuserait pas. L'idée est intéressante, vous devez stopper un convoi qui se dirige vers une grande agglomération et dont le camion de tête transporte un missile nucléaire qu'il a bien l'intention d'utiliser. Qui ne se souvient pas du fameux dessin avec un champignon atomique et la Thunder Master II, la voiture du héros, tentant d'arrêter ce camion transporteur de mort ? On ne cessait d'en voir la publicité dans tous nos magazines de l'époque.

Et pour cause, non content d'être un jeu français, il a été porté depuis l'arcade vers un petit nombre de machines confortablement installées dans nos foyers, à commencer par l'Amstrad CPC. Il n'y eut que deux versions consoles, une pour l'autre Amstrad, le GX 4000, cet échec retentissant que seuls des noms comme Atari et Matsushita peuvent se vanter d'avoir égalé, et une autre pour la Master System. Grâce à ses capacités techniques, la console de Sega a toujours été bien dotée en matière de course, et il n'était donc pas si étonnant que ce fut elle que les auteurs de Fire & Forget choisirent pour y voir renaître leur jeu.

Le coup du convoi à remonter n'est bien sûr pas sans rappeler la scène d'anthologie qui concluait Mad Max 2. Une autre bonne idée de Fire & Forget II, qui trouve peut-être elle aussi son origine ailleurs, est que votre véhicule une fois paré peut voler pendant une courte durée. Avant la Delorean flottante de Doc dans Retour Vers le Futur II, il y avait eu une autre voiture volante, rouge qui plus est, c'était la Thunderhawk de Matt Trakker dans le dessin animé M.A.S.K. et dans tous ces beaux joujoux (que vous voyions en rêve). Que de souvenirs très, très 80's !

Mais que les souvenirs ne nous fassent pas perdre de vue la réalité du jeu. S'il s'annonce bien, avec son bolide qui peut tirer et prendre les virages sur les chapeaux de roues, le tout orchestré par une animation très solide, il renferme également un affreux secret. C'est la créature monstrueuse enchaînée dans le grenier qu'on n'ose montrer à personne mais qui fait pourtant partie de la famille. Le monstre de la famille chez Titus, c'est le gameplay. Il sied bien au genre du film d'horreur en effet, pusqu'il est épouvantable.

Gameplay est toujours un terme difficile à transcrire, c'est peut-être pour ça que nous ne lui donnons pas de note sur 1UP. Ce n'est pas exactement la maniabilité, même si celle-ci y tient une place, c'est plus l'interaction générale du personnage que vous contrôlez avec son univers, sous toutes ses formes, y compris donc la façon de réagir aux commandes que vous lui donnez. En terme de maniabilité seule, la voiture réagit au doigt et à l'oeil; trop bien en fait, elle ne se comporte pas du tout comme un véhicule mais comme un curseur, elle flotte à l'écran pour ainsi dire, l'impression est dérangeante même en vol.

Mais il ne pouvait en être autrement, tout simplement parce que le jeu va si vite, que sans un temps de réponse inexistant, on ne passerait même pas le premier niveau. C'est surtout dans son interaction avec les ennemis que le gameplay montre sa gueule de monstre. Ils se divisent en deux types, les ennemis qui vous assaillent et ceux qui tiennent lieu d'obstacles. Certains sont tellement inoffensifs qu'on se demande au juste quel est leur utilité, d'autres en revanche, la majorité, non content d'être pénibles à détruire, se placent si près de vous qu'il est difficile d'ajuster. Puis il vous lance des missiles, ou se jette carrément sur vous, sans avoir de mal à faire mouche dans les deux cas.

Et on explose sans trop comprendre ce qui s'est produit. Les ennemis statiques ne sont pas mieux, ils sont souvent sur les côtés de la route et, chose curieuse, vous mourrez non pas simplement si vous les percutez, mais si vous ne détruisez pas celui qui occupe la voie sur laquelle vous vous trouvez, quand bien même il y a toute la place qu'il faut. C'est une idée incroyable de stupidité. On crie au bug; exaspéré, on expérimente, on cherche à trouver une explication, une logique: "ce n'est pas possible, pourquoi le fait d'éviter un ennemi qui ne m'a pas touché devrait me détruire ?"

Mais il n'y a aucune logique, juste un gameplay lamentable qui n'a visiblement pas été testé. S'il fallait le noter, parmi la centaine de jeux testés sur 1UP dont un petit nombre de navets, il aurait sans doute la note de gameplay la plus basse, quelque part aux alentours de 10%. Les programmeurs semblent n'avoir eu d'yeux que pour les zooms et autres effets d'animation qu'ils arrivent à sortir. Du coup, Fire & Forget II ressemble à une démo technique et on ne joue qu'à perdre des vies. Les ennemis venant à la suite, au-delà du premier niveau, vous êtes condamné à mourir rapidement, car si vous ne ratez qu'un seul obstacle d'une file, vous volez aussitôt en éclats.

Les vies, les continus et les super missiles ne manquent pas, mais aucun d'eux ne suffit. Les niveaux sont en plus de longueur exponentielle, le premier se traverse assez rapidement, tandis que vous n'êtes pas près de voir la fin du quatrième. Comme si ce n'était pas assez, vous devez aussi faire cas du carburant. Il y a deux jauges, une de fuel pour la voiture, une de kérosène pour voler. Vous les rechargez en ramassant des cylindres, ou plus exactement en les traversant puisque le jeu est si mal conçu qu'on n'a pas du tout l'impression de les collecter. Ces cylindres sont souvent eux aussi groupés, ce qui ne manque pas de ridicule puisqu'un seul cylindre vous recharge entièrement, alors que vous vous retrouvez souvent à court de fuel parce que les dits groupes sont bien trop espacés les uns des autres.

Fire & Forget II n'est pas dur parce qu'il a vraiment été pensé dans cette optique, il est dur parce que le gameplay est littéralement bourré de gaffes, de situations où vos chances de survie sont infimes, voire nulles. Par moments vous vous trouvez face à un ennemi qu'il est impossible de détruire sans un missile ou sans voler, si vous n'avez pas l'un ou n'êtes pas en mesure d'exécuter l'autre, alors vous êtes condamné. "Y-a-t-il un Français (on ne demandera pas aux autres qui semblent se foutre du jeu comme de l'an 40 - on les comprend) dans la salle qui ait fini ce jeu ?"

Un réalisateur de cinéma peut se permettre de réaliser son film d'abord pour lui-même, mais un réalisateur de jeux vidéo ne le peut pas, parce qu'il y a interaction. Si le joueur n'arrive pas à jouer, alors le jeu est un échec total. C'est le cas de Fire & Forget II, tout l'effort est passé dans la présentation, c'est un jeu qui se regarde le nombril avant de se soucier des joueurs. De toute évidence, en mauvais élève, Titus n'a assisté à aucun des cours de gameplay donnés par Nintendo. Avec un exemple aussi désastreux, on se demande comment ils ont pu réussir à survivre jusqu'à la Nintendo 64, là où des compagnies bien meilleures, japonaises notamment, n'auront pas duré aussi longtemps. Le sort de Superman 64, considéré comme l'un des plus mauvais jeux de tous les temps et développé par Titus, aurait pu être deviné en poussant l'analyse de Fire & Forget II.

le 27 mars 2006
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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