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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SUPER NINTENDO (16-bit)


Eviscération méthodique d'un beau mais très mauvais jeu qui nous aura longtemps confondu.

Alien 3

Alien 3

 

 Super Nintendo

Développeur:
Probe / Spearsoft

Editeur:
LJN / Acclaim
Genre:
Action

Joueurs:
1P

Dates de sortie
09.07.1993 Japon
05.1993 USA
199? Europe
horrible Difficulté:

89%Graphismes
87%Animation
90%Son
61%Jouabilité
82%Durée de vie

46%46%
Trucs et astuces

Mots de passe:

Nv 2: QUESTION
Nv 3: MASTERED
Nv 4: MOTORWAY
Nv 5: CABINETS
Nv 6: SQUIRREL
Fin: OVERGAME

Debug:

Pendant le jeu, appuyez sur A, B, Y, X de la seconde manette, puis, sur la première manette, sur A (pour intouchable), B (pour invincible) ou X (pour munitions infinies). Un chiffre apparaît alors dans le coin supérieur gauche, c'est le mode que vous avez activé. En refaisant le code, vous pouvez cumuler les modes comme suit:

1: intouchable (sauf par les aliens qui se collent au visage)
2: invincible
3: intouchable et invincible
4: munitions infinies
5: intouchable et munitions infinies
6: invincible et munitions infinies
7: intouchable, invincible, et munitions infinies

Développé par Probe Entertainment pour le compte d'Acclaim, Alien 3 est l'adaptation du dernier volet de la fameuse trilogie de science-fiction mettant en scène le monstre violeur. Oui, il y en a eu un quatrième après, mais on s'en fout, il était nul et pas du tout dans l'esprit de toute façon. Alien 3 se voulait un retour à l'atmosphère claustrophobique de l'original là où le second se déroulait, lui, plus ou moins comme un film de guerre.

Pour y parvenir, les scénaristes choisirent de situer l'action sur une planète ayant pour toute "agglomération" un centre carcéral aux allures de cloître et peuplé uniquement d'hommes. Seule survivante de son petit groupe de rescapés, Ellen Ripley se réveillait sur cette planète, le crâne lisse et les nerfs à vif, pour y affronter une nouvelle forme d'alien mâtinée. C'était un film sombre, fort, une belle conclusion, et le premier long-métrage d'un réalisateur surdoué, David Fincher.

Si les Aliens de Cameron et la farce de Jeunet, de par leurs excès martiaux, se prêtaient plutôt bien à une adaptation en jeux, le film de Fincher, tout comme son aîné de Ridley Scott, n'avait vraiment pas de raison de sauter du grand au petit écran. Tant pis, l'argent a ses raisons que la raison ne connaît point. Pour commettre le sacrilège, Acclaim avait donc choisi Probe, un développeur inconnu qui allait créer avec Alien 3 une formule qu'ils appliqueraient dans bon nombre de leurs jeux suivants jusqu'à leur fusion avec Acclaim aux débuts des années 2000.

Cette formule, ce fut d'adapter des films en utilisant des sprites proches d'images digitalisées, un peu à la façon de Mortal Kombat. Ils s'en firent une spécialité dans les années 90 en réalisant coup sur coup Terminator 2: The Arcade Game, Stargate, Judge Dredd, et Batman Forever, la seule exception étant The Pagemaster et ses graphismes de style dessin animé, avec également une incursion dans le monde de la BD via The Incredible Hulk, que nous avions déjà testé sur Megadrive. Paradoxalement, c'est sur 32-bit que Probe connut son plus grand succès avec les distrayants Die Hard et Alien Trilogy sur Playstation et Saturn.

Puisqu'ils se répétèrent autant par la suite, il faut croire que Alien 3 sur Super Nintendo fut un succès. On découvre très vite, contrairement à L'Arme Fatale que nous testions la semaine dernière, que son argument principal est une très grande fidélité à l'univers du film, au niveau du graphisme et du son en particulier, mais aussi des missions. Le jeu utilise un système de missions où les objectifs sont les mêmes que dans le film: sauver des prisonniers, réparer des machines et souder des portes. Pourtant, cette fidélité a des limites et des inconvénients.

Le contrecoup, prévisible, est qu'à trop vouloir respecter le film au détail près, sans vouloir s'écarter de ce qui se trouve à l'image et dans l'histoire, la variété en souffre grandement. Les missions se ressemblent toutes passées les trois premières, les niveaux aussi, et trois se trouve être également le nombre d'armes. Visuellement, c'est Alien 3; mais un film de 2 heures qui sert de fondation pour un jeu vidéo censé nous occuper pendant des dizaines d'heure, il y a forcément un moment où l'essoufflement se fait sentir; surtout qu'avec ses 36 missions et des trajets ridiculement longs, les dizaines pourraient se faire centaine.

A l'inverse, certains partis pris, moins fidèles au film, sont très contestables. Le plus évident sont les cohortes incessantes d'aliens qui traversent cette prison; vu leur nombre, ça doit faire un bail qu'ils ont sucé le dernier os de prisonnier. Non content d'être trop nombreux, ils sont également, au début, trop faibles, de vrais chous à la crème: vous les pressez un peu, ils éclatent; quelques balles suffisent à les faire voler en morceaux. Bien sûr ce traffic d'aliens moucherons est là pour alimenter l'action, il faut de la chair à canon pour faire un jeu digne de ce nom, mais non seulement cela va à l'encontre même du principe du film, où l'alien est aussi difficile à trouver qu'il est difficile à tuer, mais ce n'est pas une nécessité dans un jeu vidéo: bien des titres choisissent de proposer un faible nombre d'ennemis de grande force force plutôt que des floppées mollassonnes.

Bien qu'ils lui donnent son titre, les aliens sont la grande faiblesse du jeu. Prenez les oeufs incubateurs par exemple: choix grotesque, on ne peut les endommager que quand ils s'ouvrent et les grenades, pourtant si efficaces dans Alien 2 où Ripley fait le ménage dans la nursery, ne font ici pas plus de dégâts que les deux autres armes. On se prendrait presque pour Dr. Mario en train de lancer des pilules; ça casse l'ambiance. Il faut dire aussi que Alien 3 joue dans la cour des grands et marche sur les plates-bandes de deux brutes de la Super Nintendo qui le foudroient d'un regard et lui dont regretter d'être ce qu'il n'est pas, c'est à dire un chef d'oeuvre comme eux deux. Cette paire de voyous au grand coeur, c'est bien entendu Super Probotector et Super Metroid qui n'ont pas volé leurs superlatifs.

De Super Probotector, Alien 3 a l'action et les commandes, et de Super Metroid, il a l'aspect aventure et exploration. Tout cela en moins bien, évidemment. Au niveau de la maniabilité, ce qui gène est l'alignement avec les ennemis et l'impossibilité de tirer en diagonale depuis une position fixe, comme cela est permis grâce à L et R dans le jeu de Konami. Bien plus frustrant encore, pour tuer les petits aliens, ceux qui vous sautent à la gorge prenant votre visage pour un vagin (oula ! ophtalmo d'urgence !), vous devez soit vous accroupir, soit courir pour pouvoir tirer en diagonale. Aucune de ces deux méthodes n'est vraiment adéquate et les aliens n'aimant pas particulièrement qu'on leur marche dessus, vous recevez des dégâts.

Selon l'humeur, Alien 3 est un labyrinthe à traverser sans boussole ou un sacré bordel de salles qui nous fait tourner en rond et en bourrique. On est bien loin de Super Metroid qui savait nous perdre avec aisance. La frustration dans son médiocre collègue vient de l'absence d'indications, la seule exception étant les lentes bornes d'affichage qui débitent, en anglais, les instructions au-dessus de plans détaillés mais qu'on ne peut pas examiner où bon nous semble. On se retrouve alors jeter au milieu de niveaux et de portes qui mènent partout et nulle part sans savoir quel chemin suivre, le simple fait d'afficher le nom des salles aurait grandement aidé; on est obligé de prendre des notes si l'on veut éviter de perdre une heure à savoir exactement où se trouve Waste Area #4. Pour les joueurs nés 10 ans trop tôt, imaginez jouer à Metroid Prime sans plan et vous ne serez pas loin de la vérité.

Mais revenons sur la maniabilité, où l'on va voir que, systématiquement, chacun de ses atouts cache une sérieuse défaillance. Ripley a un grand saut, qui lui permet de facilement s'accrocher à une échelle à mi-hauteur et même de traverser des plates-formes, ce genre de détails qui font gagner un temps considérable; cependant, ce saut, très animé, est aussi très lent et à cause de lui vous vous retrouvez souvent la tête soit dans un ennemi au dessus, soit dans celui qui vient inopinément à votre rencontre. Autre problème en effet, les ennemis arrivent vite et votre temps de réaction, ralenti par moults facteurs (visibilité, position, munitions, etc), est bien souvent en retard.

Le rôle des boutons sur la manette est un peu curieux, presque tous sont attribués à l'armement. X, Y, A correspondent chacun à une arme tandis que L et R permettent de les faire défiler; le bouton d'action est le même que pour le lance-flammes, c'est à dire Y, et Select affiche un radar plus décoratif qu'utile. Cette configuration est assez ergonomique, mais le passage d'une arme à une autre à un gros inconvénient: à l'inverse des deux autres qui font feu dès qu'on appuie sur leur bouton, le lance-flammes requiert une seconde pression ! La spontanéité et l'intuitivité en prennent un coup, et vous aussi, littéralement, quand le vilain rampant que vous comptiez réduire en cendres vous tombe dessus, là encore, très littéralement. Autre inconsistance, quand Ripley se fait toucher dans un couloir d'aération, elle s'effondre, ce qui ne se produit jamais à la surface.

Au départ, vous l'avez compris, les deux principales difficultés d'Alien 3 résident dans votre capacité à vous orienter et à détruire ce qui est plus petit que vous. Ce n'est pas une mince affaire, non, mais on finit par s'y habituer, et puis on est assisté: outre les mots de passe, entre chaque mission, les bonus réapparaissent dans l'ensemble du niveau, en sorte qu'il y a amplement de quoi se recharger en vie et en munitions. Et pourtant, malgré tout cela, ça ne suffit pas. Alien 3 est un vrai-faux-vrai cauchemar. Oui, on s'y perd. On se dit d'abord que c'est dur, et puis, non, ce n'est pas si dur, après tout on est bien aidé, et vlan ! massacré, on se rend compte que la première impression était la bonne.

Il n'y a pas de juste milieu, à des moments faciles succèdent d'autres d'une extrême difficulté. Plus on avance au coeur de ce sombre enfer, plus les perspectives de succès s'éloignent, jusqu'à ce que l'impossibilité de faire quoi que ce soit sans être submergé de tous les côtés achève de réduire nos espoirs à néant. Et un coup de game over, quel que soit le nombre de missions que vous avez accompli, est assez pour vous renvoyer au début du niveau. Dans un sens, un titre aussi dur est un bel hommage au film et à l'alien qui n'autorise personne à lui survivre.

C'est regrettable, car Alien 3 est un jeu agréable à regarder et à écouter, autant par ses graphismes, très affinés, que les musiques, qui imitent étonnamment bien, et parfois même reproduisent, la bande-son atmosphérique des trois films et en particulier celle brute et combative d'Elliot Goldenthal. Les quelques effets sonores, malgré leur manque de variété, sont eux aussi percutants avec, à leur paroxysme, le cri d'agonie de l'alien accompagné d'une puissante explosion, celle de son corps violemment démembré. Jusque dans la présentation, soignée, Probe a cherché à reproduire le film ou la saga. Pas de doute, le public a de quoi trépigné devant son écran, c'est une superbe adaptation en pixels et c'est bien cela qui aura conquis les joueurs avant qu'ils aient eu le joypad en mains. Seulement voilà...

Le grand secret d'Alien 3 est d'être, en vérité, un jeu de merde bien emballé. La réalisation est bonne et elle le ferait presque passer pour ce qu'il n'est pas: une réussite. Mais une fois déshabillé de ses parures, quand vous vous retrouvez en tête-à-tête avec le gameplay, alors vous savez, en reniflant ses excréments, à quel animal vous avez affaire. Quoique vous fassiez, vous commettez un nombre incroyable de faux mouvements, même en prenant la plus grande précaution et en avançant pas à pas, encore et toujours vous tombez dans la gueule de l'alien qui succède sans répit à celui que vous venez d'abattre. C'est un jeu qui pousse à bout, qui vous découpe en morceaux pendant que votre attention est rivée sur l'écran. Il ne vous épargne rien, pas même cette lenteur invraisembable et épuisante qui régit chaque étage de cette prison, comme dans ce troisième niveau où vous devez retraverser une longue salle entre chaque mission. Prisonnier, on l'est en effet, et c'est la bête qui nous a mis dans sa cage.

Comme l'avait démontré The Incredible Hulk, comme le démontrent aussi leurs autres jeux, y compris Alien Trilogy (trop dur et trop long, ça vous rappelle quelque chose ?), Probe souffre du syndrome Factor 5: doué pour la technique, le graphisme, sans l'once d'un talent pour le ludique. N'est pas Konami ou Nintendo qui veut, et quand il y a, comme ici, une sincère inaptitude à trouver l'équilibre qui satisfait le joueur, il est temps de se remettre en question et de trouver une autre vocation. Ca n'aura pas eu lieu, ils auront persisté dans leurs erreurs et auront, finalement, disparu avec Acclaim dans ce gouffre dont on ne revient pas. Comme quoi, si les raisons ne sont pas les bonnes, justice aura malgré tout été rendue.

le 17 juillet 2006
par sanjuro



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