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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SUPER NINTENDO (16-bit)


Blasphème ! Sacrilège ! Jihad ! L'insulte est très grave: un jeu qui nous prend pour Dieu.

Populous

Populous

ポピュラス
 

 Super Nintendo

Concepteur:
Bullfrog

Développeur:
Imagineer / Infinity

Editeur:
Imagineer / Acclaim
Genre:
Stratégie

Joueurs:
1P

Dates de sortie
16.12.1990 Japon
09.1991 USA
199? Europe
dur Difficulté:

69%Graphismes
70%Animation
61%Son
70%Jouabilité
72%Durée de vie

79%79%
Trucs et astuces

Niveau 988:

Entrez le code: V4RY5ZL2N

Choix du niveau:

Dans le mode Conquest, appuyez sur Start pour mettre le jeu en pause. Maintenez enfoncé L puis appuyez sur A. Relâchez, puis maintenez enfoncé R et appuyez sur Y, B, X et A. Allez dans le menu de droite, cliquez sur l'icône de l'Armageddon. Allez maintenant dans l'écran d'options (game setup) puis cliquez sur la case Conquest, vous pouvez changer de monde en appuyant sur X et B.

Au commencement, il n'y avait rien. Rien, mais une vaste mer. Du fond des eaux, des rochers apparurent, qui s'élevèrent jusqu'à devenir des montagnes et s'affaissèrent pour devenir des plaines. Sur ces plaines, marchèrent des hommes qui, pour tout vêtement, portaient une simple tunique bleue pour certains, rouge pour les autres. Ils construisirent des habitations, d'abord rudimentaires, faites de terre, puis des maisons, des forts et enfin des châteaux. Ils se multiplièrent, ils prospérèrent, sans jamais oublier de vénérer le symbole du Dieu qui les avait dirigés. Puis ils décidèrent qu'il était temps d'aller massacrer leur voisin (celui qui porte une tunique pas comme la leur) pour lui prendre ses terres et s'agrandir, alors ils envoyèrent un chevalier accompagné de quelques cataclysmes divins. Populous, ça ressemble presque à de la religion.

Et après la cosmogonie, vint le gameplay. Amen. En son temps, Populous était un symbole, celui du PC et des ordinateurs 16-bit, de l'Atari et de l'Amiga, celui des jeux de stratégie et de gestion, tout comme Powermonger et Sim City. C'est le grand-père des Thème Park et Command & Conquer, l'ancêtre des Sims et de Warcraft, ce que Lemmings est à Pikmin. Si les consoles ont pour ainsi dire créé et révolutionné le jeu d'action sous toutes ses formes, les ordinateurs ont fait la même chose pour les jeux de simulation, que celle-ci soit stratégique ou économique.

Toutefois, si les consoles gardèrent le privilège de leurs grands titres, ce ne fut pas le cas des ordinateurs dont bon nombre de best-sellers furent ajustés et remodelés pour se trouver une place dans la ludothèque des consoles. Populous n'y échappa pas et fut également adapté sur Master System, Game Boy, Coregrafx et Megadrive. Avant d'entrer dans le vif du sujet, une petite parenthèse très rétro, et un peu nostalgique, pour parler du distribueur de la version Super Nintendo, il s'agissait de Ludi Games.

Est-ce que quelqu'un se souvient encore d'eux ? Dans le doute, rendons-leur hommage. Car c'est grâce à eux qu'on eut droit à certains jeux sur Super Nintendo en France que nous n'aurions peut-être autrement jamais connu, Ludi Games n'exista que durant l'époque de cette console, mais ni au début, ni à la fin, juste vers le milieu. Ils prirent le risque de distribuer certains jeux pas toujours garants de succès, et c'est peut-être ce qui les fit disparaître du jour au lendemain, mais on leur doit une fière chandelle d'avoir su diversifier nos horizons vidéo-ludiques avec des titres comme Dragon's Lair, Dr. Franken, F1 Pole Position, Jimmy Connor Pro Tennis Tour, Might & Magic II, Pocky & Rocky et quelques autres.

Mais revenons dans l'univers de Populous. Celui-ci se présente d'une manière si particulière, que l'image de son interface fait venir à l'esprit le titre du jeu en moins de nano-secondes qu'il n'en faut pour reconnaître une aventure de Super Mario. Si cette interface a le mérite d'être facile à retenir, elle n'a pas celui d'être agréable à utiliser. D'abord parce qu'elle offre une vue limitée de l'action principale, tout, c'est à dire la carte et chaque icône d'action, étant réuni en un seul écran; les quatres coins sont ainsi saturés d'options, laissant un losange au milieu, l'oeil que le joueur a sur le monde.

Ensuite, le passage de la disquette à la cartouche ne s'est pas fait sans des sacrifices, le principal étant la perte de son instrument de contrôle, la souris. La Super Nintendo eut bien un rongeur rouleur, la Super Mouse, mais elle vint bien après Populous. Quant à Populous II, qui devait sortir et faire usage de cet utile périphérique, il ne vit finalement jamais le jour en dehors du Japon. Contrairement à Sim City développé par Nintendo sur Super Nintendo, les auteurs de la conversion de Populous, Imagineer, ne jugèrent pas nécessaire de faire des efforts majeurs pour adapter le jeu à la console. Les icônes furent réarrangées et la possibilité de survoler le monde offerte avec le bouton L, accompagnée d'autres raccourcis à la manette, avec une ou deux nouvelles thématiques fantaisistes, ce fut à peu près tout ce que la Super Nintendo eut à gagner.

Sans doute leur devise était la même que les top modèles de Loréal: "parce que je le vaux bien", c'est à dire, dans ce cas, que mon principe est si accrocheur qu'il vaut bien à lui seul toute l'attention. Dans Populous, vous incarnez donc un dieu. Il est censé représenter le bien, et du coup, choix peut-être préjudiciable, son symbole est une croix. Mais attention, il ne s'agit pas d'une croix chrétienne, mais d'une croix égyptienne, celle de Ankh, alors qu'une tête démoniaque est le symbole de la divinité adverse que vous devez combattre. Ouf, Bullfrog s'épargne un tollé et les grenouilles ne seront pas brûlées, ni piétinées ce soir, même si avec la vue en biais, la croix pourrait un peu passer pour celle qu'elle n'est pas. Vous n'affrontez pas ce diable d'adversaire directement, mais en vous assurant que vos fidèles prospèrent au détriment des siens, quitte à leur faire la guerre ou à les affliger de cataclysmes naturels.

Aime ton prochain, mais massacre l'infidèle, Dieu que la religion est belle ! Pour faire prospérer vos petits bonhommes, dont la chevelure brune semble cacher encore moins de matière grise que la houppe verte des Lemmings, vous devez manipuler le sol. Et c'est bien là qu'apparaît une très sérieuse faiblesse de ce principe prometteur: dans Populous, vous êtes avant tout un dieu géologue, dont l'occupation principale est d'aplanir et d'uniformiser. C'est tout bêtement la clef du succès, plus le terrain est plat, plus les humains pourront bâtir de constructions solides (le château) et augmenter leur puissance et la vôtre. Et pour un jeu qui se veut intelligent, c'est une façon bien simple d'appréhender la stratégie.

Ca ne l'empêche pas d'être amusant bien sûr, mais cela le prive de renouvellement et, une fois cette notion acquise, l'ampute considérablement dans sa durée de vie. Tout comme les possibilités sont finalement très limitées, les stratégies de Populous sont toutes très simples, pour gagner, il faut se développer plus rapidement que son rival, aplanir plus vite donc, et savoir utiliser ses cataclysmes au moment opportun. Le déluge notamment qui, si vous avez pensé à bâtir en hauteur, ce qui est rarement le cas de l'ordinateur, peut vous assurer la victoire en un clin d'oeil et infliger un sérieux revers de fortune à votre adversaires, dont l'intelligence artificielle heureusement n'inclut pas les affres d'une victoire peu scrupuleuse.

Cela dit, l'ordinateur ne vous fait pas non plus de cadeaux et s'évertue à ruiner vos efforts, devenant de plus en plus agressif au fur et à mesure que vous avancez dans les niveaux, eux-mêmes appliquant de nouvelles règles et retirant certains avantages. Le problème des niveaux toutefois dans le mode Conquest, le mode principal, est que leur définition est vague. Une fois un monde terminé on passe simplement au suivant, sans avoir aucune idée du temps que cela va durer, ni même s'il y a une finalité à tout cela. La réalité est que le jeu compte le nombre outrancier de 989 mondes, et, à part pour les fans dédiés, ou ceux qui n'ont vraiment rien de mieux à faire de leurs journées, cela donne le sentiment de jouer en boucle ou d'aller nulle part plutôt que de disputer une réelle succession de niveaux.

Ces facteurs nuisent grandement à l'impression générale. La comparaison une fois encore avec le Sim City de Nintendo, où l'on connaît nos objectifs, est cinglante: atteindre le statut de mégapole ou le plus grand nombre d'habitants, terminer les scénarios prédéfinis. Ce que Populous a de mieux à offrir, ce sont peut-être les alternatives offertes par ses thématiques fantaisistes. Elles sont assez nombreuses et vous permettent de remplacer soit l'environnement (désert, glace, magma), soit l'ensemble, personnages et constructions compris. Les thèmes vont de la révolution française à un monde informatique où les habitations sont des Game Boy et des Famicom, avec également un Japon féodal et ses samouraïs, des petits cochons avec un grand méchant loup de chevalier, un monde fait de pâtisseries et de sucreries habité par des souriceaux (terrible à jouer quand la gourmandise nous étreint), et un autre peuplé d'aliens ridicules.

L'absence de souris affecte assez durement la maniabilité, les mouvements du curseur étant tout sauf fluide; la vue en 3D isométrique ne rend pas l'alignement avec les portions du sol que l'on souhaite élever ou abaisser toujours aisé. Naviguer entre les icônes n'est pas plus confortable, et les raccourcis par la manette ne sont pas un procédé instinctif pour un joueur sur console comme cela peut l'être pour un joueur sur PC avec le clavier. L'ambiance sonore vaut aussi son pesant de plomb, à défaut d'or, un bourdonnement rythmé d'un battement cardiaque qui finit immanquablement par agacé vu le temps qu'il séjourne dans nos tympans.

Populous a la double excuse d'être l'un des premiers jeux de la Super Famicom et d'être le père fondateur d'un type de jeux qui a bien évolué depuis des années et qui, contrairement à d'autres genres, a bénéficié de l'avancement technologique pour franchement s'améliorer. Cela explique sa simplicité, mais ne justifie pas le manque d'efforts de cette version Super Nintendo, assez représentative des autres versions consoles. Ses défauts sont si prononcés qu'ils gâchent en partie le plaisir de jeu; heureusement pour lui, son principe est si séduisant - surtout à l'époque, où il procurait des sensations et vertiges mégalomaniaques (titre d'un autre jeu du même genre d'ailleurs) non connus jusqu'alors - que l'on y revient.

En attendant de se retrouver à l'Armageddon, s'offrir le rôle de Dieu pour maltraiter ses congénères humains qui le font pourtant si bien tout seuls, qui se refuserait cela ?

le 4 février 2006
par sanjuro




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