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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SEGA MEGA DRIVE (16-bit)


Une héroïne Disney courant à demi-nue pour sauver un blondinet à la détente facile... étonnant mais bon !

Pocahontas

Pocahontas

 

 Mega Drive

Développeur:
Disney / Funcom

Editeur:
Disney
Genre:
Action / Réflexion

Joueurs:
1P

Dates de sortie
1996 USA
199? Europe
bonne Difficulté:

95%Graphismes
93%Animation
89%Son
83%Jouabilité
63%Durée de vie

90%90%
Trucs et astuces

Mots de passe:

Episode 2:
Poisson et ZR40D

Episode 3:
Loup et DZ4XR

Episode 4:
Chouette et QGGTT

Fin:
Loup et GLRSN

Grâce à (ou à cause de, selon les points de vue) Terrence Malick et son dernier film Le Nouveau Monde, les figures de Pocahontas et de John Smith sont de nouveau d'actualité. Les américains aiment à revenir sur cette histoire, peut-être parce qu'elle leur donne bonne conscience et offre de la création de leur pays une image moins barbare, meilleure en tous cas que ne le font les cowboys tuant des indiens au nom d'une cause aussi peu défendable que la colonisation.

Le Pocahontas de Disney allait encore plus loin dans sa libre interprétation d'un fait historique assez mal rapporté, en offrant une vision très romancée et idyllique de la vie somme toute assez triste de la vraie Pocahontas, qui mourut à l'âge de 22 ans après avoir été mariée avec un colon (mais pas John Smith) et "exportée" en Angleterre comme exemple réussi d'apprivoisement des indigènes. Comme souvent dans la réalité, on est bien loin d'une simple et belle histoire d'amour.

Pour cette raison et pour d'autres, Pocahontas est un film d'animation très peu convaincant des studios Disney, qui ne font jamais aussi bien dans des univers où la réalité n'a pas une emprise trop forte, comme c'est le cas par exemple dans tous les contes qu'ils adaptèrent avec succès, de Blanche Neige à Aladdin. Avec un tel résultat, il y avait de quoi craindre le pire pour son adaptation en jeu vidéo, la pensée d'un tel projet ayant déjà en elle des intonations ridicules.

Et pourtant ! Fallait-il encore sous-estimer de quoi Disney est capable sur nos chers 8 et 16 bit après les nombreux succès que leurs héros y ont rencontrés ? Même si ce fut plus souvent grâce à d'autres (Capcom, Sega, Virgin...) qu'à leurs propres équipes, ils méritaient bien le bénéfice du doute et ce Pocahontas, co-réalisé par les développeurs norvégiens de Funcom, une chance de s'en montrer digne.

La tâche s'annonçait difficile car le film se concentre moins sur les méchants que sur la nature et sur Pocahontas et son visiteur étranger. Quand on n'a pas les moyens, il faut faire preuve d'invention, et c'est exactement ce que fit Disney Interactive. Comme dans Donkey Kong Country et The Lost Vikings, vous contrôlez plusieurs personnages simultanément et passez de l'un à l'autre en pressant C. L'un, bien entendu, est Pocahontas, l'autre est Meeko le raton laveur, qui, pour que vous puissiez vous en faire une idée, est presque aussi petit que Pikachu dans les jeux Super Smash Bros et se contrôle avec autant de facilité, même si sa palette de mouvements est beaucoup plus limitée.

Contrairement à Donkey Kong sur Super Nintendo, les deux compères ne se suivent pas mais restent là où vous les laissez. Pour avancer, vous devez utiliser les atouts de l'un ou de l'autre suivant les situations, ou au contraire conjuguer leurs efforts; par exemple, pour atteindre une corniche avec Meeko, vous sautez dans les bras de Pocahontas qui font office de plate-forme. Le jeu est bien conçu dans ce sens et on découvre vite qu'il s'agit plus de faire usage de sa tête que de ses dix doigts; on a d'ailleurs très peu d'occasions de mourir suite à un manque d'agilité, les chances sont en revanche bien plus importantes de se retrouver à priori bloqué parce que l'on n'a pas assez réfléchi.

Si Meeko évoque Pikachu (et Pikachu, un raton-laveur), Pocahontas fait elle penser aux héros athlétiques de jeux comme Prince of Persia et Flashback, son sprite étant longiligne. La précision des sauts est de la plus grande importance alors ses déplacements sont un peu guindés comme les deux personnages précités. Son animation est aussi détaillée qu'eux avec cette même petite pause volontaire pendant l'exécution d'une action, comme le simple fait de se retourner, qui se révèle agaçante au début, le temps qu'on s'y habitue. Contrairement à sa compagne, Meeko ne peut pas mettre sa vie en péril, si vous tombez dans un gouffre, il sera récupéré par le minuscule colibri, un peu comme Lakitu pêche les karts dans les douves des Ghost Valleys.

Ce gameplay peu orthodoxe n'est toutefois pas ce qui saute aux yeux la première fois, ni les suivantes. Pocahontas, dans la tradition des jeux Disney, est un très beau jeu. Plus encore parce qu'il réutilise des dessins du film et en respecte scrupuleusement la coloration. On se trouve devant des décors aux couleurs vives, baignés sous des lumières bleues, vertes, rouges, d'une intensité primitive, que l'on a rarement l'habitude de voir dans des jeux vidéo, et faisant clairement ressentir la provenance de leur support d'origine, l'animation cinématographique. L'animation des personnages justement, n'atteint pas la qualité exemplaire de celle d'Aladdin, également sur Megadrive, mais pour ce qui est du graphisme et de l'animation des décors (où même les détails des fonds sont animés !), Pocahontas lui est légèrement supérieur, donnant à la nature un aspect véritablement paradisiaque.

Après Gaiares et en attendant un jour le test d'Ecco, on finit vraiment par se demander si la Megadrive n'était pas la première console écologique. La faune dans Pocahontas joue en effet un rôle important, puisque, tout au long de son aventure, la belle (disputable) indienne recevra des animaux, en remerciement pour les avoir aidés, un peu de leur esprit et de leur don naturel, lui permettant ainsi d'améliorer ses propres performances. Alors toi aussi ramasse le petit oiseau tombé du nid si tu veux apprendre à voler ! Le dernier niveau est d'ailleurs une sorte de parcours du combattant où tous les pouvoirs acquis sont mis à contribution pour aller sauver votre bien-aimé, le beau et niais John Smith. Malgré nos sarcasmes, il s'agit d'une très belle scène, précédée par le final magnifique du troisième niveau où Pocahontas, après avoir escaladé une montagne dominée par l'une de ces pleines lunes énormes et fantasmagoriques, se jette du haut d'une falaise et devient, le temps d'une chute, un aigle parmi les aigles. Un mélange de légende indienne et de lyrisme qui éblouit le joueur comme de la poudre chamanique.

Si vous avez bien suivi, quelque chose a dû vous sembler suspect. Troisième niveau ? Avant le dernier ? Mais oui, il n'y a pas d'erreur, Pocahontas ne compte que 4 niveaux. Inutile de dire que c'est là un sérieux point faible toutefois pardonnable pour au moins deux raisons. La première, bien entendu, est qu'il s'agit de l'adaptation d'un film et que les auteurs ayant choisi la fidélité, avec un sujet comme celui de Pocahontas, il était difficile d'aligner les niveaux les uns après les autres. Ensuite, ce jeu a de toute évidence une cible, la plupart d'entre nous n'y ayant jamais joué, il est raisonnable de penser que les adolescents masculins de l'époque n'étaient pas la cible en question. Il s'adresse davantage aux filles et aux enfants épaulés par leurs parents, à des joueurs moins expérimentés donc, comme en témoigne la présence de mots de passe. Pour eux, il compose un défit durable et presque éducatif, autant pour la logique qu'il requiert que pour le respect de l'environnement.

Ce qu'il y a de fascinant avec ce jeu Disney est qu'il parvient à mieux faire passer certains messages du film que le film en question ! Tandis que les enjeux historiques et la question raciale prennent une dimension vraiment secondaire, presque insignifiante, l'histoire d'amour, placée elle aussi au second plan, se révèle moins irritante que dans le film distillée au cours de quelques jolies scènes clefs. Mais c'est surtout la nature, représentée dans toute sa diversité et sa splendeur dans des tableaux débordant de couleurs, qui laisse une impression marquante. La comparaison va faire hurler les puristes, mais Pocahontas c'est une éloge à la nature vierge avant Princess Mononoke, et le jeu réussit bien à traduire cela.

Les concepteurs ont de surcroît fait preuve d'imagination et de soin pour rendre le jeu, aussi bref soit-il, très agréable, et cela tourne évidemment à son avantage. On pourra y rejouer pour collecter tous les morceaux du collier et les baies, qui changent un peu la fin, mais on y reviendra surtout pour les belles scènes, voire pour le plaisir de contrôler deux personnages simultanément dans un environnement stimulant. Un test sur Internet disait de Pocahontas qu'il est le Ico de la Megadrive; la comparaison est très juste et tout à son avantage. Il mérite d'être joué, même si le film vous a laissé totalement indifférent, parce que c'est avant tout un titre bien fait et bien pensé. Et c'est grâce à ce genre de perles cachées que l'on découvre petit à petit que le retrogaming a encore de beaux jours devant lui.

le 3 mars 2006
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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