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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SEGA MEGA DRIVE (16-bit)


Samus et Zelda peuvent aller se rhabiller, voici la plus charmante héroïne de jeux vidéo.

Valis

Valis

夢幻戦士ヴァリス (Mugen Senshi Valis, trad: "Valis - The Fantasm Soldier")
Suppléments:

I Love Yuko


Valis au Pays des Merveilles


Valis X

 Mega Drive

Concepteur:
Wolf Team

Développeur:
Riot

Editeur:
Nihon Telenet
Genre:
Action

Joueurs:
1P

Dates de sortie
27.12.1991 Japon
05.1992 USA
bonne Difficulté:

81%Graphismes
75%Animation
92%Son
85%Jouabilité
78%Durée de vie

87%87%
Trucs et astuces

Sound Test:

A l'écran titre, effectuez un code classique de la Mega Drive: maintenez enfoncés A, B, C et appuyez sur Start pour accéder au sound test.

Recharge:

Mettez le jeu en pause et avec la seconde manette appuyez simultanément sur Droite, A et B, cela rechargera l'énergie et la magie.

Va... Va... Valis ?

Le mari rougit et tremble encore quand sa femme lui demande s'il connaît ce jeu. Pour un peu, il se sentirait pris en flagrant délit d'adultère. C'est qu'il se rappelle ces années lointaines, où, bien avant le culte de Lara Croft (dont il avait lui-même vivement châtié les partisans), existait une jolie japonaise du nom de Yuko Aso, une lycéenne, comme lui, portant le costume marin de toutes les écolières japonaises. Elle avait des yeux tour à tour innocents et pétillants, et de beaux cheveux bleus, longs et brillants. Il avait considéré se faire teindre les siens de la même couleur, comme pour lancer un message à sa princesse nippone. Hélas, il avait dû y renoncer, par crainte du ridicule. C'est qu'il l'aimait sa Yuko, il avait eu tant d'aventures avec elle !

Mais attention, des aventures bien propres et tout ! Certes elles se déroulaient dans l'intimité de la chambre, mais sur consoles uniquement. Car Yuko avait un secret. Dès qu'il se retrouvait seul avec elle, elle devenait une guerrière. C'était la même Yuko, mais avec moins de vêtements et brandissant Valis, une épée à la lame affûtée pour trancher dans le lard des monstres. Yuko et lui entraient alors dans un monde fantastique peuplé de créatures aussi hideuses que vicieuses qui bavaient d'impatience de pouvoir infliger à la jeune femme les sévices les plus immoraux. Heureusement, il était là, lui, car qui aurait pu mieux protéger sa belle lycénne qu'un joueur compétent ?

Jalousement, il aurait voulu l'avoir tout à lui, être son unique amant. Mais ce n'était pas possible, les appétits de Yuko étaient insatiables, elle avait besoin de tous ces jeunes hommes pour pouvoir exister. Elle était née sur les PC-88/98 de NEC et sur d'obscurs ordinateurs japonais, le X1 de Sharp et le FM77 de Fujitsu, ainsi que sur MSX, comme une nouvelle espèce de fleur aurait poussé dans l'ombre de la montagne, avant de se répandre dans la vallée puis dans le pays, attirée par les rayons du soleil. De la même façon, grâce à une audience grandissante, Yuko passa des ordinateurs aux consoles, d'abord sur Famicom, dans une version défigurée, puis sur des consoles plus aimantes comme la Mega Drive et surtout le CD-Rom de la PC Engine, sur lequel elle vécut ses plus grandes aventures.

Après un quatrième épisode sur Super Nintendo en 1992, Yuko disparut. Déchue, oubliée, elle s'abandonna dans l'abysse pour n'en ressortir que quatorze ans plus tard, en femme changée. Pour survivre, il lui aura fallu vendre son corps et son âme, un destin à la fois tragique et tracé sur lequel nous revenons dans un supplément. Pour le moment, le mari ému, pris de tremblements, est arraché du présent par ses souvenirs qui le reconduisent en 1991. Valis III est sorti au Japon au printemps sur Mega Drive. C'est le tout premier Valis de la console, Valis I sortira à la fin de l'année et SD Valis, version rigolote de Valis II, en février de l'année suivante. La Mega Drive aura vécu tout Valis en moins d'un an et dans le désordre.

Favorable à l'import, Valis a toujours été une série purement japonaise dont l'existence officielle en Europe aura été proche du mirage. C'est aussi ce qui faisait tout son charme. C'était la sensualité du Japon au travers de son imaginaire où se cotoient démons et jeunes filles en fleur, dans une série de titres exotiques qu'il n'était pas donné à tout le monde de posséder. En même temps, Valis trahissait ces beaux idéaux en n'étant qu'un modeste jeu d'action. Alors que le joueur épris manipulait son joypad comme s'il tapait des lettres d'amour, le joueur pragmatique se tordait sur sa chaise en critiquant impitoyablement un jeu assez fade à la jouabilité guindée.

On ne pouvait pas lui donner complètement tort. Valis, dans le fond, est un jeu d'action d'une simplicité désarmante. On dirige un personnage qui manie une épée et traverse des niveaux très classiques, pas complètement linéaires mais en tous cas sans inventivité, ni surprises. Des bonus permettent d'accroître la force de son tir ou d'en changer, il y a aussi des pouvoirs spéciaux qui utilisent des points de magie, et, s'impatientant en fin de niveau, des boss, évidemment. Presque banal en somme, pire, puisque la maniabilité en effet n'est pas ce qu'on a vu de plus élégante. Seulement, le dit personnage est Yuko. Cela lui vaut d'entrée des cinématiques canons, à fond dans le style anime, qui auront fait la réputation de Nihon Telenet (voir aussi Gaiares).

Il n'y a pas que ça bien sûr, c'est la somme de ses atouts et surtout de ses traits de personnalité qui parvient, non pas à surpasser ses défauts, trop importants, mais à lui donner un équilibre, un avantage, et plus important encore, de la séduction. Valis, le jeu, est comme Yuko, son héroïne, et comme une femme, il lui faut séduire. Il y arrive déjà grâce à son histoire. Yuko, simple écolière dans le premier niveau, qui, après une étrange conversation avec sa camarade Reiko à la sortie du lycée, se retrouve soudain à pourfendre des monstres à coups d'épée, s'aventurant malgré elle dans Vecanti, le monde des rêves, apprenant avec stupéfaction de la bouche de Valia qu'elle a été choisie pour devenir la soldat de Valis et battre le tyran Rogles. Parmi ses autres qualités acquises, il y a la difficulté, progressive et agréablement dosée à une ou deux exceptions près (l'issue hasardeuse du combat contre Reiko), la variété des ennemis, des tirs, l'ambiance, et la musique.

Cette dernière est facile à défendre parce qu'elle contient d'excellents morceaux dont la Mega Drive peut être fière, comme celui du premier niveau (Thrash of Sword) qui mériterait bien de s'appeler le thème de Valis. C'est avec un peu d'amertume qu'on se rend compte que le compositeur est incapable de maintenir ce niveau de qualité tout du long, les principales fautives étant les mélodies par trop répétitives des troisième et quatrième niveaux (Cellular Tissue et Dark Forest). Heureusement, il se rattrape immédiatement après au cinquième niveau avec le très bon The Wilderness et garde la tête haute jusqu'au dernier boss, avec un entraînant Last Battle. Grâce à quelques autres passages brillants (les Visual Scenes et Pinch Zone, quand les vies manquent), la musique se révèle l'un des points forts du jeu avec juste cet incident isolé en milieu de parcours comme deux balles perdues (notez que les noms en italiques sont les titres officiels des musiques comme ils apparaissent dans le sound test).

Après viennent les points débattables comme la jouabilité et le graphisme. Ce n'est pas que l'un ou l'autre soit mauvais, seulement la jouabilité a des handicaps et le graphisme n'arrive jamais à éblouir comme la musique y parvient occasionnellement. Clairement, ce qui nuit au premier est son manque de flexibilité. Valis est lente, elle donne l'impression d'achever son jogging à bout de souffle alors qu'il s'agit du rythme de course qu'elle adopte pendant tout le jeu. Son saut, que l'on peut augmenter en appuyant sur la flèche du pad, s'élève très haut mais en contrepartie la distance qu'il franchit est si courte que l'on tombe de la plupart des corniches. C'est qu'il existe un secret d'initiés, le bouton A, une roulade suivie d'une glissade. Dans Valis, ce mouvement permet non seulement de franchir un trou sans problème mais également d'avancer plus vite.

Pas d'épouvantable bavure donc, juste une subtilité à saisir ou à découvrir. Ce n'est pas un peu de profondeur qui va faire de mal au gameplay. On pourrait se plaindre de la même façon du test de collision, il semble approximatif, on ne sait pas toujours si un coup a bien porté, mais il fonctionne tout de même. La barre d'énergie est si vaste et les recharges si généreusement distribuées qu'on ne s'irrite pas des ennemis qui tirent parti des imprécisions de la programmation. C'est une autre histoire avec le graphisme, on sent que Telenet a adapté son jeu sur Mega Drive sans considérablement le mettre à jour depuis l'âge des ordinateurs sur lesquels il avait fait son apparition, au milieu des années 80.

Le résultat est, sans surprise, un peu vieillot, dépassé, avec des environnements manquant de variété et de détails, un level design trop sage et une animation trop figée. Sortir un jeu comme celui-ci à la veille de 1992 était paresseux au vu de la compétition qui s'exerçait sur Mega Drive et d'un Valis III plus beau sorti quelques mois plus tôt. Néanmoins, grâce à son style, à l'inventivité du design des monstres, à la qualité des cinématiques, on finit par s'en accomoder assez bien. Ce n'est pas un jeu sur lequel on revient pour son graphisme et c'est peut-être une bonne chose, parce qu'on y revient malgré tout. Ce qui ne nous empêche pas de souhaiter que Valis I ait reçu un traitement Super Valis comme Ghouls'N Ghosts, Castlevania et bien d'autres sur Super Nintendo.

C'est toute la tragédie de Valis. Le jeu, son héroïne, auraient pu aussi acquérir une renommée digne des fleurons de Konami et Capcom, mais cela ne s'est jamais produit parce que Telenet ne lui a pas offert le soin et l'attention nécessaires; comme une belle épouse trompée et délaissée, ils n'ont jamais sacralisé leur union par le grand jeu qu'elle méritait. Ils en ont fait toutefois suffisamment pour que naissent un personnage et une série si particuliers, si charismatiques malgré leurs défauts, qu'ils ont été immédiatement remarqué et ont gagné des admirateurs passionnés. A défaut du grand amour de sa vie, Valis aura connu des amants sincères.

Ce premier jeu, né sous les pattes de la Wolf Team, transposé sur Mega Drive par les émeutiers de chez Riot, tout deux parts intégrantes de Nihon Telenet, n'a pas vraiment les allures d'un jeu culte. Pourtant, dans le genre très fermé des bishōjo games, les jeux avec des jolies filles, il est un peu le roi. Pardon, la reine. Du coup, parler de Valis, c'est comme de parler de sa petite amie, vous n'allez pas en dire du mal en public. Et on n'arrive pas en effet, malgré des défauts qui sautent aux yeux, à le prendre en grippe. C'est un jeu d'action à part, simple, plaisant, sur lequel on peut revenir sans aigreur grâce à sa difficulté coulante. On y revient surtout pour Yuko, pour vivre la curieuse aventure de cette jeune fille aux cheveux bleus dans un monde entre rêve, réalité et fantasme.

Valis ? Oui, je la connais.

le 3 mai 2008
par sanjuro



Jeu testé en versions japonaise et américaine
Boîte du jeu
Version japonaise



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