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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE NEC PC ENGINE / COREGRAFX (8-bit)


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NHK Okāsan to Issho : Nikoniko, Pun

NHK Okāsan to Issho : Nikoniko, Pun

NHKおかあさんといっしょ にこにこ、ぷん (trad: "NHK Avec maman : Sourire, poune")
 

 PC Engine

Développeur:
KSS

Editeur:
NHK Enterprises
Genre:
Plates-formes

Joueurs:
1P

Dates de sortie
13.12.1991 Japon
sans Difficulté:

79%Graphismes
79%Animation
59%Son
52%Jouabilité
8%Durée de vie

12%12%

« Roh, la barbe ! » m'écriai-je en me levant d'un bond après un énième game over. Dans un mouvement de colère, je jetai la manette dans le fauteuil. « Marre de tous ces jeux rétro trop durs ! Il ne se passe pas une minute sans qu'on soit écrasé sous un flot d'ennemis plus rapides que nous. On n'arrive à rien ! Mais où sont donc les jeux faciles ? Qu'on me donne un jeu facile ou j'abandonne le rétro pour les ignominies modernes ! »

A peine avais-je achevé cette terrible imprécation, qu'une douce voix me répondit.
— Tranquillise-toi, cher petit être, je vais exaucer ton voeu.
Je me retournai vivement. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir assise dans mon fauteuil...
— La Fée bleue ?!
— Mais oui, en persone. Tu as prié si fort les cieux que je suis venue jusqu'à toi pour changer ton destin.

La Fée bleue ne ressemblait pas exactement à ce que j'imaginais. Certes, elle était dans sa belle robe céleste à laquelle elle devait son nom, des ailes s'épanouissaient dans son dos et elle tenait une baguette magique, mais ses cheveux étaient d'un noir de jais, ses yeux bridés et sa peau hâlée comme par le soleil de Kyushu. Sa bouche souriante donnait des L à ses R. Je remarquai aussi que le fil noir branché dans la console disparaissait sous sa cuisse, et je me demandai si ce n'était pas ma manette qui était devenue fée.

— Je ne vous imaginais pas comme ça. Vous êtes, comment dire... moins blonde.
— Je suis venue à toi pour exaucer ton voeu.
— Gagner 1 milliard d'euros pour réaliser tous mes rêves ?
— Non, l'autre.
— Changer tous les dictateurs du monde en cailloux ?
— J'aimerais bien, mais non, celui que tu viens de faire à l'instant : recevoir un jeu facile.
— Oh, ça... Super. Fallait pas vous déranger pour si peu.
— Mais si, mais si. La Fée bleue doit faire tout son possible pour rendre les bons petits garçons heureux.
— Euh, je voudrais quand même vous signaler que j'ai presque...
— Voici donc ton souhait ! dit-elle en me tendant sa carte de crédit, avant que je réalise qu'il s'agissait évidemment d'une HuCard. Nikoniko, Pun.
— Oui, et puis salagadou la menchikabou la bibidi bobidi bou.
— Non, non, non, Nikoniko, Pun ! C'est le titre du jeu.
— Drôle de titre. Avec une virgule en plus. Vous n'avez pas la notice ?
— Malheureusement non. J'en suis navrée. Mais rassure-toi, mon enfant, tu n'en auras pas besoin puisque le jeu est facile comme tu le voulais.

La Fée bleue se leva du fauteuil puis s'éleva au-dessus du fauteuil, entraînant le fil noir avec elle. Je me demandais toujours si elle pouvait vraiment être ma manette ou si celle-ci était coincée dans sa robe...
— Madame la fée ! Madame la fée ! m'écriai-je, levant les bras vers elle pour la retenir, craignant qu'elle fasse tomber la console.
— Oh non, je t'en prie, il ne faut pas me vénérer, dit-elle en rougissant. La Fée bleue est là pour toi. Et rappelle-toi d'être toujours un bon petit garçon.
Sur quoi elle disparut et ma manette tomba des airs. Je la rattrapai au vol. C'était une manette PC Engine, comme la console, alors qu'il me semblait bien que je jouais sur Mega Drive avant cette apparition. Probablement un tour de magie bleue. J'insérai la HuCard dans l'ouverture et allumai la console pour découvrir ce jeu qui devait changer mon destin. Quand on prie la bonne étoile...

Okāsan to Issho est un programme jeunesse de la NHK, la première chaîne nationale japonaise. Lancé en 1959, il est encore à l'antenne aujourd'hui. Une de ses séries, diffusée de 1982 à 1992, était Nikoniko Pun. C'était un peu comme L'Ile aux enfants, Le Manège enchanté, l'ours Colargol, Aglaé et Sidonie et d'autres sympathiques émissions de chez nous. L'île de Nikoniko est le pays imaginaire où se déroulent les aventures du trio d'amis : le chat Jajamaru, le pingouin Pikkoro et la souris Porori. On les voit aussi en compagnie d'un vieux chêne et d'autres personnages.

Au Noël de 1991, quelques mois avant que l'émission ne plie bagages, une HuCard à son effigie sort sur PC Engine. C'est la seule adaptation en jeu vidéo et l'on peut se demander pourquoi. Pas pourquoi il n'y en a pas eu d'autres, mais pourquoi il y en a eu une tout court. Nikoniko Pun est une émission pour les enfants en bas âge, ceux trop jeunes pour les jeux vidéo. Le choix de la PC Engine, console prisée des ados et des jeunes adultes avec ses shoot 'em ups et son CD-Rom, est d'autant plus grotesque. Mais les sujets les plus atypiques servent parfois de paravent à des jeux originaux, alors ne jugeons pas trop vite.

Le générique de présentation reprend celui de l'émission. La PC Engine s'en sort honorablement, ce n'est pas trop difficile pour elle. On apprend ensuite que nos trois amis ont échoué leur bateau sur une île où ils rencontrent un tout petit dragon affamé, Pakkun. Ils vont entreprendre de l'aider et, sans le savoir, s'aider eux-mêmes.

Chaque niveau peut se jouer avec l'un des 3 héros de son choix. Aucune contrainte, c'est bien. Le premier se déroule sur une plage très ensoleillée, avec des crabes et des mouettes boulots, des rochers rondelets et des groupes de fruits dans les airs. Une barre d'énergie arc-en-ciel se vide avec le temps. Tout cela rappelle Adventure Island, ce qui sur la console d'Hudson est la moindre des politesses.

On tâte ensuite de la manette. I permet de sauter, II permet de sauter. Pardon ? On réessaye. Même résultat. On dé­branche la manette, on rebranche. Un faux contact peut-être. Non. On appuie sur I et II en même temps, sur Select, sur Start, sur la haut de la croix; on retourne son pad, on cherche des boutons cachés. Où donc ont-ils mis l'attaque ? Nulle part, mon pauvre, il n'y en a pas. Une goutte de sueur commence une lente descente de la tempe jusqu'au bout du menton. « J'ai comme un mauvais pressentiment. »

On tente de sauter sur une bête, juste un coup, à la Super Mario, malgré l'insistant feeling à la Adventure Island (qui a pris mon tomahawk ?), mais cela ne produit rien de bon. On traverse donc le niveau en sautant par-dessus la faune et la pierre. En chemin, on passe devant deux portes. La première contient une illustration, que l'on peut agiter d'une malheureuse animation en appuyant sur l'un ou l'autre des boutons puisqu'ils fonctionnent comme un seul. La seconde contient (horreur) un puzzle à tuiles glissantes, spécialité des jeux creux. Celui-là heureusement tient sur la plus petite des grilles et n'est pas trop dur. « Bien que rassuré, cette apparition le secouait d'un frisson d'effroi en lui remémorant Blodia. »

En une minute le niveau est bouclé (un peu plus si l'on s'est attardé sur le puzzle, mais il n'est pas obligatoire). Au bout nous attend le bébé dino. On lui jette les trois fruits qu'il réclamait et on le voit grandir sous nos yeux, ce qui est probablement la meilleure partie du jeu. Un choeur d'anémones du Japon se balance brièvement pour officialiser la fin, « Hanabana gaaruzu », les filles-fleurs.

Les lieux et les animaux changent, quelques plates-formes s'allongent sur le décor, mais tous les 6 niveaux sont conçus sur le même modèle. Et croyez-vous qu'ils s'étoffent ? Pas du tout, ils se vident de plus en plus ! Le dernier a l'air abandonné. Chacun se termine en une minute, donc en six le jeu est fini. Et tout ce que l'on aura fait est d'éviter quelques passants dociles, de ramasser une brassée de fruits, de faire cligner des yeux un dessin et de rouspéter après des tuiles désordonnées. On est revenu en 1981. Notre atterrement s'étend à perte de vue comme une vaste plaine de Mongolie.

Le peu qui est fait n'est même pas très bien fait. Le graphisme et l'animation sont réussis mais il y en a trop peu pour être pris au sérieux. La musique pour enfants au xylophone, gentillette, est réutilisée dans chaque niveau. La jouabilité, aussi maigrelette soit-elle, n'est même pas d'une grande acuité. Le dernier animal à nous barrer le chemin est un lion, et comme il est trop large, le moyen habituel de le franchir est en se faisant toucher à répétitions. Complètement stupide.

On ne peut pas périr dans le jeu. Si l'on a été touché trois fois, notre bonhomme s'assied et geint, ce qui nous fait perdre du temps et réduit la barre. Mais celle-ci vide, on est simplement renvoyé au début du niveau. Le public pour ce jeu est celui trop jeune pour tous les autres jeux vidéo. Mais qu'on le laisse alors aux ours en peluche et aux jouets !

Les parents indignes qui auraient acheté ce jeu pour leur marmot de deux ans sont les mêmes sans doute qu'on voit aujourd'hui mettre des téléphones portables dans les petites mains qui dépassent des poussettes. Mais avec Nikoniko Pun, l'enfant a au moins la chance de pouvoir se désintéresser facilement du jeu, de l'écran, de l'oublier et s'endormir. C'est un jeu qui s'oublie en effet bien vite et qu'on échangera volontiers contre une petite sieste.

Quant à la raison qui a poussé NHK à le produire... S'ils ont voulu sauver l'émission de sa fin prochaine, c'était raté. S'ils ont voulu percer dans le milieu du jeu vidéo, c'était raté. Mais s'ils ont voulu ramener les enfants vers la télévision en les écoeurant prématurément des jeux vidéo, alors là, peut-être, ils tenaient quelque chose. Il y a deux types de jeux vidéo qui sont parfaits pour vous dégoûter de ce loisir : ceux avec trop de difficultés et ceux sans aucune difficulté.

Au fait, l'émission a été remplacée par une autre, Do-Re-Mi-Fa Do-nuts, qui a été elle aussi adaptée en jeux vidéo, sur une machine plus appropriée, la Pico de Sega, en 1995 et 1998.

Ayant terminé Nikoniko Pun vingt minutes après l'avoir commencé (oui, vingt minutes ! j'avais laissé passer la présentation sans l'accélérer, j'avais fini tous les puzzles et terminé le jeu une seconde fois), je me retrouvais en conversation avec ma manette, lui susurrant aveux et excuses.

« Madame la Fée bleue, j'ai bien compris ma leçon, comme Pinocchio. J'ai été vilain. J'ai eu tort. Trop de facilité ne vaut guère mieux que trop de difficulté. Le résultat est le même : il n'y a plus de jeu, cela le détruit de deux façons différentes. La théorie des extrêmes qui finissent par se rejoindre. Pourriez-vous venir reprendre votre jeu ? Parce que je ne sais pas quoi en faire, moi. Ca ne vaut pas dit 10 yens* sans la boîte et la notice. Madame la fée ? Voudriez-vous faire plaisir à un petit garçon repentant ? Je veux bien toujours le milliard d'euros, vous savez. Madame la fée ? »


* Message de Bandit Manchot de Grand Chemin, brigand au grand coeur et trésorier de 1UP : « Il me paraît clair que sanjuro n'est pas bien au courant du marché. Les HuCards s'arrachent à prix d'or, y compris Nikoniko Pun, qui est recherché. Seule, il pourrait la vendre à 2000 yens (13 euros), mais effectivement bien plus si complète, entre 5000 et 9000 yens selon l'état (entre 30 et 60 euros). Même si la Fée bleue lui remplissait son appartement d'HuCards, je crois qu'il aurait quand même du mal à atteindre son milliard. »


le 29 novembre 2024
par sanjuro



Jeu testé en version japonaise
NV91001

FINI deux fois de suite

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