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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SEGA MASTER SYSTEM (8-bit)


Je ne vois rien, je n'entends rien, mais je n'arrête pas de jurer. Sega, c'est plus fort que toi !

Scramble Spirits

Scramble Spirits

 

 Master System

Développeur:
Sega

Editeur:
Sega
Genre:
Shoot'em up

Joueurs:
1-2P

Dates de sortie
1989 Europe
facile Difficulté:

63%Graphismes
64%Animation
63%Son
86%Jouabilité
68%Durée de vie

54%54%
Trucs et astuces

1UP:

Durant les niveaux bonus, obtenez le score de 0% en ne détruisant aucun ennemi et vous recevrez une vie supplémentaire.

La réaction spontanée qui se produit généralement lorsqu'on joue à Scramble Spirits pour la première fois est de se prendre la tête entre les mains en hurlant. Ce n'est pas une réaction très courante mais elle s'explique par la musique. Il est également rare de commencer un test de jeu vidéo en parlant de sa bande son, mais dans le cas de ce vieux shoot'em up Sega venu de l'arcade, on fera une exception tant celle-ci tranche avec le reste.

D'une certaine façon, elle n'est pas si éloignée de ce qui l'entoure. Comme le graphisme elle est plate et, sans être mal composée, elle évoque une forme de laideur, une faute de goût énorme comme une tâche de mazout dans un lagon. On retrouve l'indicible boîte à rythmes de la Master System, qui produit toutes sortes de sonorités accablantes et redoutables pour l'oreille exercée du joueur.

Le résultat, des tempos mollasses à deux sous, peut tuer du fan du métal et faire perdre ses gammes au chef d'orchestre. On donnerait sa main à couper que c'est le même bonhomme qui a programmé la radio d'Out Run, on reconnaît ces airs de vacances qui, s'ils donnaient alors envie de se détendre sur l'autoroute, donnent ici envie de tuer. Ca tombe bien, c'est justement ce que l'on vous demande de faire, une invasion extra-terrestre ayant eu lieu.

Après avoir coupé le son, ce qui nous épargne déjà une difficulté, on parcourt son carnet d'adresses pour voir s'il existe un copain assez brave pour venir sauver la planète un après-midi. Dans le cas contraire, c'est à dire celui d'une existence isolée taciturne, bien entendu la planète a encore toutes ses chances puisqu'il existe même un mode 1 joueur ! Les auteurs ont pensé à tout, même aux asociaux.

Et alors, comme nous le dit si bien le jeu au travers d'une courte présentation statique: "Décollage ! Décollage !" Pendant que vous décollez le prix de la boîte, suspectant un coup fourré du service après-vente mais obtempérant malgré tout, vous remarquez que votre avion est déjà parti. Vous avez à peine le temps de vous jeter sur la manette pour éviter une salve mortelle lancée à la vitesse du diable ! Si un ami est là, il se permettra peut-être de vous contredire en disant qu'il s'agissait juste d'une petite bille toute lente qui allait de toute façon dans la direction opposée, mais chut ! l'héroïsme commence d'abord par sauver les apparences.

Après un moment passé le nez dans les pixels, on se dit tout de même que c'est bizarre pour un jeu qui se déroule dans le futur et où l'on est censé refouler des extra-terrestres, d'affronter des ennemis à hélices à bord d'un avion qui ressemble à une version miniature d'un bombardier de la seconde guerre mondiale. Le jeu n'a tout de même pas été réalisé en 1950 ! Qui est familier avec la science-fiction nippone sera moins surpris, d'Albator à Steamboy, celle-ci aime bien donner un dynamisme électronique aux anciennes technologies, ou, vice versa, vieillir une technologie avant-gardiste par un style rétro. Ce n'est de toute façon pas ce qui donnera le plus de mal à s'adapter, et puis, on n'est pas à une curiosité près.

Vous voulez du curieux ? Eh bien, prenez le système de continus par exemple, on fait difficilement plus bizarre. Au début, vous avez ce qui semble être une infinité de continus, plus d'une vingtaine en tous cas; très complaisants, dès que vous mourez, ils vous remettent là où vous êtes mort, juste comme les vies. Toutefois, si vous atteignez le dernier niveau sans en perdre un seul, vous aurez la surprise de constater qu'après avoir dépensé les quatre vies offertes par un continu, on vous déclare game over. C'est à n'y rien comprendre, mais le fait est là, les continus diminuent au fur et à mesure que vous avancez.

En plein milieu des niveaux, vous aurez également droit à des passages bonus. Votre aeroplane zoome maladroitement, vous perdez vos vaisseaux de soutien et le droit de faire la pause mais gagnez une sorte d'invincibilité; vous n'explosez plus, vous vous balancez. Et tout ce que vous avez à faire est de pilonner des DCA, tanks et hélicos sur un fond morne en essayant d'atteindre sans trop de difficulté le score parfait de 100%. On reverra cela en plus difficile dans Super Thunderblade sur Megadrive mais toujours aussi peu intéressant.

Parfois embrouillé mais déjà mieux pensé, Scramble Spirits, comme plusieurs jeux de ce type (Pop'n Twinbee, Super/Mega Swiv...), se joue sur deux plans: dans les airs et sur terre. Dans votre tir normal, outre les rayons habituels, vous expédiez aussi une bombe; si les premiers ne détruisent que les ennemis aériens, la seconde atteint uniquement ceux au niveau du sol, canons et bateaux. De plus, les deux petits vaisseaux qui permettent d'accroître votre défense et évoquent furieusement, comme d'autres choses, Tiger-Heli, peuvent passer à volonté d'un mode d'attaque air ou sol, insufflant un peu de stratégie bienvenue (mais malheureusement vite compromise) dans ce jeu somme toute primaire. Et si l'envie vous prend d'appuyer sur les deux boutons d'action simultanément, vous verrez que cela fait tout sauter à l'écran, comme si vous aviez enfoncé la poignée d'un détonateur reliée à une charge de dynamite. Ba-doum !

Le son, ce n'est vraiment pas le point fort de ce jeu, on l'a déjà dit mais on le répète, à n'en pas douter vous préférez subir nos répétitions que de l'entendre lui. On a envie de le couper, oui, mais à la hache ! à la tronçonneuse ! de le réduire en notes, de faire couler ses "bips" et ses "dims" dans un "hic" d'agonie jusqu'à ce qu'il lâche prise sur nos tympans, le monstre ! Même les bruitages sont ratés: quand on touche la partie sensible d'un boss (et par partie sensible je ne veux pas dire son appareil génital; encore que... la question de leur reproduction n'a jamais été abordée) celle-ci émet un bruit qui ressemble à un pet parcourant à toute vitesse le côlon.

En dépit de ces détails anatomiques croustillants, le son a peut-être un rival en terme de médiocrité en la personne de l'animation. Certes, l'animation n'est pas une personne, mais, si elle l'était, elle subirait une crise d'épilepsie rien qu'en se regardant dans un miroir. Rarement on a vu autant de flashes en même temps dans un jeu vidéo, les programmeurs se sont lâchés, c'est à celui qui fera le mieux clignoter les sprites ! Un sapin de Noël au 120 hertz ! Cela rend l'action tellement illisible qu'on ne sait plus trop au juste ce qu'on affronte et que, surtout, dans ce fouillis, on y perd la trajectoire des tirs adverses. La guerre des étoiles est devenue la guerre des papillotements.

Ce qui fait cruellement défaut au graphisme, c'est une âme, un style. S'il en avait, on lui pardonnerait peut-être ses affreux fonds de couleur unie, moins élégants que les fonds noirs de la NES et néanmoins fréquents sur Master System quand il s'agit d'animer des boss (voir Cloud Master). On lui pardonnerait parce qu'il y a de la bonne volonté dans la modélisation des sprites, on sent l'effort, les petits pixels alignés avec rigueur. Certains décors sont assez bien executés eux aussi, mais dieu que tout cela manque d'imagination ! Pour un jeu japonais, c'est assez surprenant.

C'est fou tout ce qu'on peut trouver à dire sur un mauvais jeu, c'est peut-être leur seul véritable atout, de mettre nos facultés critiques en branle. On aperçoit bien quelques qualités, mais en arrière plan, tout au fond, entre les interstices d'une haute muraille garnie de fil de fer barbelé. Miné par des clignotements exubérants, embarrassé d'une bande son inadéquate, affublé d'un style pauvre et assorti de bizarreries liées au game design, Scramble Spirits s'est littéralement planté au décollage, et il y a encore le feu sur la piste.

le 25 mai 2007
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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