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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SUPER NINTENDO (16-bit)


En 92, les fans de NBA et de jeux vidéo rongeaient leur frein.

Bulls vs Blazers and the NBA Playoffs

Bulls vs Blazers and the NBA Playoffs

NBAプロバスケットボールブルズVSブレイザーズ (NBA Pro Basketball Bulls vs Blazers)
 

 Super Nintendo

Développeur:
Electronic Arts

Editeur:
Electronic Arts
Genre:
Basket-ball

Joueurs:
1-2P

Dates de sortie
12.1992 USA
04.1993 Europe
26.02.1993 Japon
moyenne Difficulté:

60%Graphismes
33%Animation
72%Son
62%Jouabilité
58%Durée de vie

46%46%
Trucs et astuces

L'esprit du sport a certainement beaucoup changé en un siècle. Le vedettariat et les ambitions, qu'elles soient personnelles ou nationales, ont laissé dans leur sillon la bonne humeur et la convivialité, anéanties par la quête obsessive de la performance. En jeux vidéo, il s'est passé quelque chose d'étonnamment similaire. Le tournant a eu lieu durant l'ère 16 bits, qui a vu s'opérer un changement crucial dans les jeux de sport.

Jusqu'alors, sur 8 bits et à l'aube des 16 bits, le jeu de sport sur consoles n'avait qu'un centre d'intérêt: les sports eux-mêmes. Parce qu'on voulait jouer à leurs versions électroniques, on achetait ces jeux, et c'était tout. Mais, petit à petit, un phénomène s'est immiscé, pour finalement devenir en quelques années la norme: l'apparition des vrais athlètes, d'abord juste comme sponsors ou parrains, puis comme éléments indispensables au jeu. Un sport n'était plus intéressant s'il ne mettait pas en scène les stars du moment, leurs coéquipiers, leurs adversaires. C'était moins le plaisir du sport que l'on recherchait que l'illusion de la célébrité.

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur le sujet. Comment le catch, la boxe et le golf ont été des précurseurs dans ce domaine et les jeux olympiques une sorte de dernier bastion de résistance, comment même les jeux de sport fantaisistes en ont été victimes, comment la Wii a un peu changé cet état de fait. Mais dans le cas présent, c'est un sport en particulier qui nous intéresse, le basket-ball, où cette capitulation devant les organismes officiels aura été plus brutale et plus marquée qu'ailleurs. La preuve définitive étant que plus personne ne produit de jeux de basket-ball sans la licence NBA et cela depuis longtemps.

La NBA sur Consoles

Sur ordinateurs, la pratique de mettre de vrais champions dans un jeu de sport arriva assez tôt et Electronic Arts en fut l'un des pionniers. L'une de leurs premières décisions dans le domaine sportif sur consoles fut d'adapter leur classique Jordan vs Bird: One on One sur Mega Drive (aussi sur NES), où on ne pouvait incarner que Michael Jordan ou Larry Bird. Puis cette série des Versus fit s'affronter entre elles des équipes de la NBA et donna naissance à une trilogie sur Mega Drive: Lakers vs Celtics, Bulls vs Lakers et Bulls vs Blazers, le seul à avoir été porté sur une console Nintendo. Le titre reprenant à chaque fois une finale de la NBA, respectivement de 1987, 1991 et 1992.

Les jeux de basket sur consoles par d'autres compagnies étaient peu nombreux. Sans doute parce que le sport suscite très peu d'intérêt au Japon, autant que le baseball chez nous. On se rappelle Double Dribble sur NES et Basketball Nightmare sur Master System. Sur Super Nintendo, les deux premiers titres du genre furent World League Basketball de Hal et Nintendo, avec son fameux mode 7, et ce Bulls vs Blazers, qui utilisait lui la licence NBA. Pour les fans, cela faisait toute la différence.

Et cela est bien triste, car on ne peut pas dire qu'il méritait de recevoir une attention particulière. Comme Jordan vs Bird, Bulls vs Blazers est un jeu réducteur. Plutôt que de vous faire jouer une saison de basket, vous ne disputez que l'épreuve éliminatoire, les playoffs, qui culmine avec la finale. Or, comme seules 16 équipes y prennent part sur les 27 que comptaient alors la NBA, le joueur est limité à ce nombre et n'a pas d'autre choix que celles qui lui sont imposées ! D'emblée, on sent qu'on se fait rouler. Un mode de jeu permet de participer à ces playoffs, seul ou avec un ami, et un autre de disputer un match simple, où l'on peut modifier certains paramètres, comme la durée et le style (simulation contre arcade), sans que cela ait beaucoup d'incidence sur le gameplay.

Quoiqu'un peu molle, la présentation avant un match arrive assez bien à nous mettre dans l'ambiance. Deux commentateurs de EASN (clin d'oeil à ESPN, la chaîne sport US), nommés Bing et Darty, sans rire, échangent en anglais leur opinion sur les équipes. Ils sévissaient déjà dans One on One. C'est suivi des portraits des joueurs de départ, le cinq majeur, dessinés à la main, et d'un menu criard pour effectuer des substitutions. On les reconnaît à peu près tous (même Drexler, qui ressemble à Richelieu), c'est bon signe. Mais une fois sur le terrain... aïe, aïe, aïe !

Le monde à l'écran donne l'impression de s'écrouler sous le poids d'une gravité surnaturelle. Si le graphisme, excessivement rétro et donc, par là même, indigne de la Super Nintendo, est assez laid, ce qui choque plus que tout autre chose est à quel point l'animation est hachée, lente, et l'action malgré tout brouillonne au possible. La défense consiste à s'agglutiner les uns aux autres comme des macaronis trop cuits, résultant en des bourrelets de sprites avec des bras, des jambes, des têtes partant dans tous les sens. On ne peut pas faire un pas sans que quelqu'un nous marche sur les pieds et y reste.

Mais les saccades surtout, les saccades ! Quand un joueur saute, on a l'impression qu'il s'élève par étapes, le mouvement de la balle pendant le dribble s'effectue par prestidigitation, et pire que tout, les joueurs avancent comme des robots: un, deux, trois; un, deux, trois; on peut compter les frames, comme dans un zootrope. Les pivots sont tous si lents, que, malgré leur animation de course, on jurerait qu'ils marchent. Même le scrolling, ce bout de scrolling d'un côté à l'autre, roule péniblement, vieux et mal graissé qu'il est. C'est affligeant à regarder, désespérant à jouer; on croirait que le parquet est badigeonné de colle.

Un bruit de fond ressemblant au grésillement d'une radio symbolise la rumeur de la foule. Les autres bruitages sont de meilleure facture: des digitalisations, avec même une ou deux voix ("shoot it!"), mais étant trop peu nombreuses, l'ambiance sonore en devient bizarre, étroitement artificielle. Pas plus naturel, le gameplay nous met à mal. La proportion de tirs ou de dunks qui ratent pour un oui ou pour un non est invraisemblable. Ne parlons même pas des trois points. La balle refuse de rentrer, adore rebondir sur le cerceau pour créer un faux suspense puisqu'elle n'y tombera pas de toute façon. L'ordinateur, lui, aime à vous bousculer. Les fautes, on dirait, l'excitent. L'arbitre vous arrête pour des travelings quand bon lui semble, quand bien même la faute n'a aucun fondement dans le cadre du jeu.

On s'évente avec la notice, l'écume aux lèvres, le sang aux yeux.

Il faut voir aussi l'entre-deux. Le ballon tombe du ciel, les joueurs s'élèvent quand il touche le sol, puis il file comme si on l'avait tapé du pied. C'est à n'y rien comprendre ! En mettant le jeu en pause, on découvre une fonction instant replay. C'est en avance sur son temps et fait partie des quelques points où Bulls vs Blazers a l'avantage sur ses concurrents, même si cela a peu d'utilité et que la présence d'un ralenti est méchamment ironique. Les statistiques, toujours très importantes dans les jeux de basket, ne sont enregistrées ici que le temps d'un match ! La sauvegarde s'effectuant par mots de passe, elles ne sont pas gardées en mémoire et on ne dispose à la place que d'une sélection de stats officielles de la NBA.

On pourrait encore critiquer beaucoup de choses: le système de passes, par exemple, qui refuse de fonctionner si aucun de vos coéquipiers est visible à l'écran, celui des lancers francs, avec ses deux barres idiotes, qui trouveront quand même moyen de se tailler une place dans NBA Live, l'absence de musique et du nom des joueurs durant le match, le menu de sélection unique, et j'en passe. En se forçant un peu, on peut quand même arriver à lui faire deux compliments. Si Electronic Arts me verse un pot-de-vin, j'y mettrai même de l'enthousiasme. Non ? Tant pis. Bien qu'ils fassent un peu trop allumettes, les joueurs sont assez bien représentés sur le terrain. On les distingue par le visage et leur numéro. En marge du terrain, on peut voir également le coach, qui bouge et suit nerveusement l'action. Pas mal. Mais pas assez.

Honte à EA, Gloire à Tecmo !

Bulls vs Lakers (and the NBA Playoffs) est un jeu de basket d'une indigence effarante. C'est particulièrement saisissant quand on le compare avec d'autres jeux de sport de la même époque, ceux venus du Japon notamment, telles que les productions Human ou Tecmo. Tecmo justement, parlons-en. Quelques mois après Electronic Arts et son navet, ils mirent sur le marché un certain Super NBA Basketball. Ce jeu, qui tient sur une cartouche de la même taille que Bulls vs Blazers, a de nombreux mérites. Celui qu'on retiendra ici est d'avoir humilié Electronic Arts, de les avoir couverts de goudron et de plumes et de les avoir mis à la porte, eux et leur série des Versus, avec le grand coup de pied au cul qu'ils méritaient.

Ils seront revenus plus tard avec NBA Showdown puis leur série des NBA Live, en sortant un par année depuis 1995. C'est mieux que les untel vs untel, certaines leçons de Tecmo sont rentrées. Mais d'un côté, tout ce qu'ils ont fait est d'appliquer le look et la formule de leur FIFA Soccer au basket (en recyclant certaines idées des Versus, les bougres !). Et jamais, non, jamais, malgré les quatre NBA Live de la Super Nintendo, auront-ils réussi à égaler le plaisir de ce formidable Super NBA Basketball. Lui n'aura connu aucune suite et aura été la première et dernière incursion de Tecmo dans le monde du basket. Electronic Arts aura fait quelques bons jeux, mais ironiquement, dans ce domaine sportif qui les aura rendu célèbre, leur nullité aura longtemps été stupéfiante.

Ah, si la NBA et les champions accordaient leur licence d'exploitation sur le mérite plutôt que pour l'argent, les jeux de sport ressembleraient à autre chose aujourd'hui !

le 24 septembre 2012
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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