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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SUPER NINTENDO (16-bit)


Si les concepteurs de jeux trouvent la préhistoire si drôle, c'est sans doute parce qu'ils n'y ont pas vécu.

Joe & Mac - Caveman Ninja

Joe & Mac - Caveman Ninja

JOE&MAC戦え原始人 (Tatakae Genshijin, trad: "Combats les Hommes Préhistoriques")
 

 Super Nintendo

Développeur:
Data East

Editeur:
Data East / Elite
Genre:
Plates-formes

Joueurs:
1-2P

Dates de sortie
06.12.1991 Japon
01.1992 USA
08.1992 Europe
assez dur Difficulté:

93%Graphismes
82%Animation
90%Son
84%Jouabilité
70%Durée de vie

82%82%

Et nous y revoilà de nouveau ! Où donc ? Mais à la préhistoire, pardi ! On l'avait laissée aux mains du FC Kid il y a un mois de ça, toute sauvage et frétillante. Elle n'a guère changé depuis, les hommes d'alors ont toujours les même passions, qui ne sont pas sans rappeler les nôtres: la bonne chère (de dinosaure !), les gros gags, la violence et les femmes. Quand ces deux derniers se rencontrent, cela a des chances de mal tourner et même de servir d'excuse à un scénario, celui de Joe & Mac par exemple. Les femmes de la tribu de nos deux éponymes ont été kidnappées par leurs voisins, des hommes de Néandertal sans scrupules, agissant apparemment pour des dinosaures à la libido trouble puisque ce sont eux qui gardent les femelles de leurs crocs aiguisés. A coups de massue, vous allez leur apprendre la galanterie.

Joe & Mac - Caveman Ninja est un jeu Super Famicom de 1991, l'adaptation d'un jeu d'arcade drolatique de Data East de la même année. Tout laisse à penser que ses auteurs s'étaient dépêchés de réaliser cette conversion pour que le jeu fût disponible de bonne heure sur la 16 bits de Nintendo. Pourtant, qu'on se rassure, l'opération a été réalisée avec soin, suffisamment même pour s'approcher de l'arcade sur certains points. On pense en particulier au graphisme, certes moins dense et diversifié, mais tout de même très impressionnant compte tenu des capacités de la console. Si l'ancienneté du titre peut être ressentie dans sa jouabilité toute simple — pour ne pas dire primitive — ce n'est jamais le cas du graphisme, qui a conservé toute sa fraîcheur.

Les prisonnières attendent d'être délivrées à la fin de chacun des douze niveaux que compte le jeu, ainsi que dans certains des niveaux bonus miniatures qui ont été disposés sur la carte, nouveauté de cette version console qui remplace les fins de niveaux à bifurcation de l'arcade. La présence d'un plan, comme dans Dragon's Lair, autre cartouche Super Nintendo vendue par Elite, n'était pas vraiment indispensable, pas plus que les séquences bonus en question, protégées derrière une porte fermée à clef. Elles n'offrent rien de neuf et les bonus qu'elles contiennent sont d'un intérêt limité, en sorte qu'on se passe très bien de les visiter. A part le dernier boss qui est complètement différent (un diable farceur au lieu d'un dinosaure humanoïde), on ne peut pas dire que les spécificités de cette version console soient bouleversantes.

A l'inverse du jeu d'arcade qui était riche en items et attaques (il fallait constamment manger comme dans Adventure Island et on disposait de super coups dignes d'Astérix), Joe et Mac n'ont que leur gourdin assisté de quatre armes de jet pour se défendre: l'os, le boomerang, le feu et la roue de pierre, qui diffèrent en portée et en puissance, la roue fonctionnant un peu comme un missile sol-sol de shoot'em up. Du coup, l'action est beaucoup moins turbulente, ce qui bénéficie aux quelques phases de plates-formes pures. Cet avantage est quelque peu entaché par une jouabilité mal dégrossie, souffrant d'un test de collisions irritant dès qu'il fait appel à la précision, par exemple quand il s'agit d'éviter des pointes, ce qui heureusement n'arrive pas très souvent. Ils ne sont pas très acrobatiques, leurs sauts manquent de souplesse, mais bon, ce sont des hommes des cavernes et pas des ballerines, et dans l'ensemble on n'a peu de raisons de rouspéter contre eux.

Le mode deux joueurs d'ailleurs a été judicieusement pensé puisqu'il existe en deux variantes, Normal et Super. Dans la première, il n'y a aucun contact possible entre Joe et Mac, alors que dans la seconde, qui correspond à la configuration de l'arcade, ils peuvent au contraire se frapper et même sauter l'un sur l'autre, ce qu'il est aussi possible d'accomplir sur les ennemis en temps normal. Il n'y a pas la richesse d'interactions que l'on trouve dans The Legend of the Mystical Ninja de Konami, par exemple, mais c'est assez pour s'amuser. Bien vu aussi, la suppression des coups liés aux projectiles, qui auraient autrement rendu ce mode "Super" super injouable. Le fait de pouvoir grimper l'un sur l'autre (pour des raisons purement pratiques, hein) permet d'en tirer certains avantages, que ce soit pour atteindre des items ou lors des combats de boss.

Parlons-en des boss. Avant de pouvoir s'exclamer "I got you babe !" comme Sonny and Cher (de dinosaure !), il faut d'abord affronter ces grosses bêtes qui sont, en particulier du point de vue graphique, le pinacle du jeu. Elles ont généralement une tête énorme avec de petits yeux brillants et représentent toute une faune de créatures depuis longtemps fossilisées. La plupart ne sont pas trop dures à battre, pourvu qu'on arrive jusqu'à elles avec un nombre adéquat de vies et encore un des trois continus en poche, mais les choses ont tendance à se compliquer vers la fin, avec ce dernier niveau qui en vaut deux. Avec un camarade, on peut se livrer à une compétition de matraquage de boss, chaque coup étant crédité d'une croix verte au compte de son porteur. Le gagnant reçoit une bise de la jeune femme sauvée, qui doit beaucoup se pencher pour atteindre le visage de ces deux nabots, les joueurs les plus perspicaces en profitant pour apercevoir fugitivement l'intérieur de son décolleté. Voilà bien à quoi on reconnaît du graphisme soigné !

Les ennemis ordinaires ne sont pas en reste, notamment ces Néandertaliens au visage cerné d'un collier de barbe hirsute. Comme les têtes d'oeuf de PC Kid, jeu référence de toutes ces incursions ludico-préhistoriques, on les croise dans des occupations diverses: volant des oeufs, tentant fréquemment de vous écraser d'une grosse pierre, dévalant joyeusement les pentes roulés en boule, parfois même à bord d'un véhicule (nos ancêtres n'ont pas fait qu'inventer la roue, ils ont aussi inventé la moto !). Avec leur gros nez et leur bouche édentée, ils ont un petit air terrible mais sont en réalité de grands lâches qui prennent la fuite dès qu'ils ont accompli leur méfait. Caveman Ninja est un jeu d'action dont l'humour burlesque doit beaucoup aux grimaces de dinos et à ces bonhommes fourbes.

Le paradoxe est que dans cet univers charismatique soutenu par la luxuriance du graphisme et le caractère de ses occupants, ce qui est peut-être le moins satisfaisant sont nos deux héros, Joe et Mac. Ils sont sympa mais ne sont pas à la hauteur du reste, moins drôles que les Néandertaliens, moins féroces que les dinosaures, moins beaux que ces décors noueux torturés de détails. Ils sont identiques hormis leur coiffure et leur couleur vive, qui, pour toute identité, départage sans raffinement joueur 1, joueur 2. Concevoir un personnage de jeu vidéo attractif, donner naissance à une star, n'est pas si simple. C'est sans doute ici le plus grand échec de Data East: avoir parfaitement réussi le design du jeu, de tout le jeu, à cette redoutable exception près. Avec sa suite méconnue, Congo's Caper sur Super NES, mettant en scène un nouveau protagoniste de même chair (de dinosaure !), c'est précisément ce qu'ils auront essayé de changer. Tandis qu'en arcade, Joe & Mac Returns aura au contraire choisi la voie opposée en se focalisant sur un level design à la Bubble Bobble.

Le manque de personnalité des deux héros découle aussi de l'action peu pointue du jeu. Même si le contenu graphique des niveaux change presque systématiquement (seuls, deux niveaux volcaniques se succèdent) et que quelques-uns se jouent verticalement, parfois même avec scrolling, tous suivent un modèle très linéaire où il n'y a rien d'autre à faire que d'assommer des ennemis en sautant sur des plates-formes. On ne sait alors s'il faut vraiment se plaindre de la flagrante brièveté des niveaux, plus longs ils avaient des chances de devenir ennuyeux. Pour être courts, ils le sont ! Dans certains d'entre eux, quelques pas suffisent pour nous amener au boss. D'autres sont de longueur plus traditionnelle, mais s'interrompent toujours avant que l'on ait pu se demander si l'on va bientôt en voir le bout. Le jeu d'arcade misait à fond sur ces niveaux diminutifs, qui ne convenaient pas bien à une adaptation sur consoles.

Ce format resserré a évidemment des conséquences: on se retrouve face à un jeu d'action raccourci, favorisant les combats de boss — eux pas aussi concis que les niveaux — et les parties deux joueurs improvisées, sans implications, toujours capables d'apporter du renouveau là où celui-ci fait défaut. Avec une seule manette, l'engouement aura vite fait de se tasser. On rejouera surtout pour voir les gros monstres, les subtils dégradés de couleurs, les décors crevant de détails où l'on peut compter les feuilles et les cailloux, bref, on y rejouera pour le seul plaisir de l'épate. D'elle, ne négligeons pas non plus le son. Il jouit pleinement de la limpidité étonnante qui caractérise le processeur de la console, autant pour l'orchestration des musiques que pour les cris et gémissements digitalisés qui s'échappent des haut-parleurs. Une ambiance qui nous est chère (de dinosaure !).

Certains des premiers jeux de la Super Nintendo ont été réalisés avec un soin et une rigueur qui n'ont rien à envier à ses titres plus récents. C'est le cas de Joe & Mac - Caveman Ninja, superbe dans la technique artistique pure, celle qui ne se cache derrière aucun des effets d'animation de la console. Et c'est encore aujourd'hui ce qu'on retient surtout de lui. A défaut d'être un jeu très prenant, c'est un exemple réconfortant de ce dont la Super Nintendo est capable en machine de jeux classique, celle qui affiche en musique des sprites sur un décor de fond dans le plus honnête des jeux d'action. Un autre constat à son sujet, pas réjouissant celui-là, est que c'est le seul titre de Data East qui soit parvenu sur nos Super Nintendo françaises. Comme cette préhistoire haute en couleur le montre bien, il ne s'agissait pourtant pas d'un mauvais éditeur. Il aura été victime d'un manque d'exposition. Et, malheureusement, en 2003, l'aventure de Data East aura pris définitivement fin et son catalogue de jeux, parmi lesquels Joe & Mac, aura été cédé à d'autres compagnies. Adieu, et merci !

le 5 juin 2009
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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