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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SEGA MEGA DRIVE (16-bit)


Un jeu avec Mickey, c'est pas sorcier ! D'autres l'ont fait avant. C'était sans compter la French Touch.

Fantasia

Fantasia

ファンタジア ミッキーマウス・マジック (Fantasia - Mickey Mouse Magic)
 

 Mega Drive

Développeur:
Infogrames

Editeur:
Sega
Genre:
Plates-formes

Joueurs:
1P

Dates de sortie
22.11.1991 Japon
199? USA
199? Europe
trop dur Difficulté:

84%Graphismes
80%Animation
30%Son
45%Jouabilité
58%Durée de vie

42%42%

Il n'est pas toujours bon de faire des exceptions. Sur Megadrive, Sega en a fait une. Eux qui d'ordinaire réalisent les jeux mettant en scène Mickey ou Donald avaient décidé pour une fois de déléguer la tâche à un autre éditeur, un groupe de français connu sous le nom d'Infogrames. Aujourd'hui ces Français-là se prennent pour Atari, et quand on voit un jeu comme Fantasia, on ne se demande pas pourquoi ils ont changé de nom, mais on s'étonne tout de même qu'ils aient vécu jusqu'ici. Un peu du syndrome Titus sans doute: pourquoi des compagnies qui ont produit des ratages existent encore aujourd'hui, là où d'autres qui ont réalisé des jeux formidables ont depuis disparu ? La preuve sans doute que le jeu vidéo est passé de l'état d'art à celui de business, où des dents longues vous permettent de survivre plus longtemps que des doigts agiles.

Quoiqu'il en soit, flash-back, nous sommes au début des années 90, la Megadrive est toute jeune, elle vient de recevoir un premier jeu Mickey, Castle of Illusion, très beau, très bon, et voici qu'un autre titre lui emboîte le pas. Les apparences sont trompeuses et si les graphismes semblent se révéler à la hauteur de son aîné, Fantasia en sera en réalité l'antithèse, un crime dont le poids pèse encore sur nos petites épaules françaises. Il faut bien l'avouer, la soi-disant French touch est aussi responsable d'un nombre incalculable de daubes, et si on n'arrête pas de passer la pommade sur les chevilles d'Ubisoft (qui enflent, qui enflent), il ne faudrait pas oublier non plus toutes les merdes sorties de ses derrières bien français eux aussi. Beurk !

Il n'y a qu'une personne à féliciter dans l'équipe de Fantasia, c'est le graphiste. Hop, on lui serre la main, on lui donne la légion d'honneur, la médaille des arts et des lettres, et la croix de guerre, et on le laisse disparaître par la porte de derrière. Les autres, c'est au peloton d'exécution qu'on les passe, surtout le manchot aveugle (abrégeons ses souffrances) qui s'est chargé de la maniabilité, et le compositeur, sourd et mentalement déficient, cela va sans dire. Il vaudrait mieux en effet que cette paire de fripons souffre de telles conditions pour justifier la jouabilité pourrie dont souffre Fantasia, tout comme il va falloir trouver une sacré bonne excuse au compositeur pour avoir enlaidi tant de grands classiques. Même la NES avec ses "bip" se gaussent en écoutant ce jeu.

Pauvre Mickey, voilà ce qu'on ramasse en voulant jouer les apprentis sorciers, on se retrouve malmené par une bande de Français pas gentils. La malheureuse souris aurait sans doute préféré subir le supplice de la roue que de passer une heure dans Fantasia vu ce qu'on exige d'elle, tenir le choc face à des lignes d'ennemis, des plates-formes désobéissantes, et une contrainte vicieuse soumise sans doute par ce bon vieux marquis de Sade: devoir ramasser toutes les notes de musique d'un niveau ou, s'il en manque, devoir se refaire celui-ci depuis le début. Il n'y a aucune indication sur le nombre à réunir, pas plus que sur celles que l'on a déjà ramassées, c'est donc un parcours à l'aveuglette.

Même nos doigts n'y comprennent rien. Le pouce droit qui s'adresse au gauche: "mais je te dis que j'ai appuyé sur le bouton de saut !". "Alors pourquoi il n'a pas sauté plus tôt ?" rétorque l'autre, vexé, qui essaye vainement de tenir Mickey hors de portée des ennemis. "J'en sais rien, il n'obéit pas, voilà tout ! Bouhou." Petit pouce, cesse de crier où une ampoule va se former. Ce n'est pas ta faute si Mickey ne suit pas tes instructions, Infogrames lui a collé tant d'animations qu'il exécute avec lenteur, qu'il faut préparer ses mouvements avec plusieurs dixièmes de secondes d'avance pour ne pas percuter les ennemis. Tâche de toute façon impossible vu les déplacements agressifs de ceux-ci, eux se déplaçant à vitesse normale, sans être encombrés par leur animation.

Dans ces circonstances, apprendre le jeu par coeur ne sert pas à grand chose, ce qu'il faut c'est un don d'anticipation surnaturel. Et la fée bleue ne s'étant pas penchée sur beaucoup de berceaux pour dispenser ses bienfaits, la plupart des joueurs se contenteront d'envoyer Fantasia au diable. On ne les blâmera pas. Il n'y a que 4 niveaux, mais voir le bout du premier est déjà en soi un exploit, passer le premier couloir suscite à lui seul une crise de nerfs et jolis graphismes ou pas, la carotte est trop maigre pour faire avancer même le plus affamé des ânes.

Crève-la-faim, Mickey l'est bien, pour un sorcier, il manque de tout, de vies comme de sortilèges. Ses attaques manquent de puissance, ses sauts de rigueur, il n'y a que les jeux vidéo pour faire d'un héros un éternel perdant. Et que reste-t-il du film dans cette débacle ? Fantasia. Walt Disney. Film d'animation, film concert, film à sketches, un classique, comme les morceaux de grande musique qui lui donnent vie. Infogrames n'essaye pas de respecter l'ordre des sketches mais puise dans le film comme dans un livre à images pour nous en livrer les décors et des personnages. La logique du jeu n'est pas celle du long-métrage, et le premier imprime un traitement manichéen au second, transformant des créatures inoffensives en adversaires haïssables. Quand on y réfléchit, c'est triste de voir que les jeux vidéo ont besoin pour exister de créer une dualité même là où il n'y en a pas.

Mais on ne réfléchit guère quand on joue. Par contre, malgré tout, on écoute, et qu'on dispose d'une culture musicale qui nous permette de reconnaître les fameux morceaux ou non, nos oreilles se prennent d'un coup pour des bouches et crient au scandale. On sait la Megadrive pas très fière de ses capacités sonores, mais on a quand même eu l'occasion de l'entendre produire des musiques d'excellente qualité, il n'y a qu'à faire un tour du côté de ses shoot'em up pour s'en convaincre. Apparemment Infogrames n'était pas au courant de ce que l'on peut faire avec le processeur son de la console et ils s'en servent comme d'un piano jouet pour enfants, un ou deux canaux et des sons atroces comme pour Une Nuit sur le Mont Chauve, massacré avec génie, au point qu'on se demande si c'est la console qui plante. D'autres, tel que Casse-Noisette, semblent être interprétés avec des ustensiles de cuisine, râpe à gruyère et casserole, plutôt qu'avec des instruments de musique. Quiconque a fait ce carnage doit être poursuivi par les fantômes de Stravinski, Dukas et Tchaïkovski jusque sur l'île déserte où il se terre.

"Grâce" à la difficulté, le fait qu'il n'y ait que quatre niveaux ne gêne nullement, personne n'ayant la prétention de pouvoir les finir. Le plus long est le dernier, qui se déroule dans les entrailles caverneuses du Mont Chauve, sculptées et peuplées sur le modèle des Enfers. Le niveau précédent, vertical jusque dans ses sous-niveaux (que l'on accède par des fées ou des portes - celle d'Alice au Pays des Merveilles), n'est pas très long mais peut se révéler frustrant à escalader; son thème est le Sacre du Printemps. Avant celui-là, on traverse un niveau qui mélange préhistoire, grotte, espace et désert. A défaut de proposer une unité, la variété n'est pas déplaisante, le passage où l'on saute sur les comètes en particulier est fort joli. Quant au tout début, cela se déroule dans un niveau à fleur d'eau, encadré par deux passages identiques tirés de l'Apprenti Sorcier. Il n'y a pas un seul boss, pas de fin non plus pour ainsi dire si l'on peut considérer ceci et rien d'autre comme une fin.

Tous ces éléments mis bout à bout ont du mal à former un jeu. Il n'y a que les graphismes et l'animation qui semblent finis, et encore, certaines portions manquent de soin. Les graphismes de Fantasia mettent en avant leur taille et leur simplicité, mais par rapport à d'autres jeux Disney, aussi bien sur Megadrive (Aladdin, Pocahontas, Quackshot, World of Illusion...) que sur d'autres consoles, ils sont sensiblement inférieurs, autant par le manque de détails que par leur qualité générale. Pour le reste, des musiques affreuses, une difficulté grotesque, et une maniabilité pesante qui donne l'impression de diriger un Mickey obèse ou bourré de calmants (tentative de suicide ?), donnent à Fantasia des allures d'ébauche, de brouillon bouclé en catastrophe. D'ailleurs, quand on a la manette en mains, on ne joue pas vraiment à Fantasia, non, on le teste: on passe plus de temps à noter ce qui ne va pas, les changements subtils ou radicaux qu'il faudrait effectuer, qu'à progresser et s'amuser. Et cela en dit long.

le 6 octobre 2006
par sanjuro



Jeu testé en version française
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