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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SUPER NINTENDO (16-bit)


Il nous a fait bien rêver, l'intrépide archéologue ! Alors on ne pardonne pas certaines injures de Factor 5.

Indiana Jones' Greatest Adventures

Indiana Jones' Greatest Adventures

 

 Super Nintendo

Développeur:
Factor 5

Editeur:
Lucasarts / JVC
Genre:
Action

Joueurs:
1P

Dates de sortie
10.1994 USA
28.07.1995 Japon
199 Europe
trop dur Difficulté:

90%Graphismes
87%Animation
82%Son
76%Jouabilité
83%Durée de vie

70%70%
Trucs et astuces

Mots de passe:

Le Népal

: easy
: normal
: hard

Le Caire

: easy
: normal
: hard

L'Ile

: easy
: normal
: hard

Shanghaï

: easy
: normal
: hard

Le Village

: easy
: normal
: hard

Le Palais de Pankot

: easy
: normal
: hard

Venise

: easy
: normal
: hard

Salzburg

: easy
: normal
: hard

Berlin

: easy
: normal
: hard

Alexandretta

: easy
: normal
: hard

Trois mauvaises adaptations de films testées coup sur coup... c'est impensable et pourtant, ça ne fait aucun doute, une malédiction s'est abattue sur 1UP ! Il nous faut un expert de ce genre de situations, un homme courageux pour aller au coeur du site, sous les catacombes de jeux morts depuis des décennies, dans des passages secrets tortueux menant an coeur de pages perdues, là où se trouve à des millions de pixels sous terre, le Temple du Gameover où officie le grand prêtre commettant des sacrifices de roms au nom du sprite de Kali. Il n'y a qu'une seule personne pour relever ce défi, l'homme au stetson et au fouet... Indiana Jones !

Mais, attendez, vient-il vraiment nous aider ou nous affliger de sa propre malédiction ? C'est ce que nous allons voir. Premier mauvais présage, un nom à l'affiche, celui de Factor 5, un développeur que l'auteur impitoyable de cet article ne porte pas dans son coeur. Factor 5 a gagné une célébrité éphémère sur GameCube avec l'un des titres les plus mieux vendus de la console, et le mieux vendu à son lancement, Rogue Squadron II: Rogue Leader. Un titre attractif, mais infâme, très mauvais, extrêmement répétitif et ennuyeux, qui mise tout sur Star Wars et n'arrive à rien en terme de plaisir vidéoludique.

Cette collaboration avec Lucasarts, cela fait bien longtemps qu'elle dure; elle est arrivée à maturation sur Nintendo 64, mais elle a commencé sur Super Nintendo, avec cet Indiana Jones' Greatest Adventures justement. Au vu du succès rencontré par la trilogie Super Star Wars sur cette même console, Lucasarts avait eu envie bien entendu de continuer d'exploiter le filon, malheureusement, trilogie rimant avec trois, il n'y avait pas assez de films pour continuer le petit jeu des adaptations et c'est sur une autre trilogie, celle d'un ami de George nommé Steven, que leur attention se porta.

Plutôt que de faire trois jeux, ils décidèrent de n'en faire qu'un seul, sous le titre des Plus Grandes Aventures d'Indiana Jones, et de confier la tâche à un autre développeur que Sculptured Software, qui s'était chargé, avec beaucoup de bon soin, de nous livrer la galaxie en péril aux creux de nos mains. La formule pourtant devait rester très identique, une exploration niveau par niveau des grandes séquences des films sous le couvert d'un jeu d'action.

On retrouve ainsi des images digitalisées tirées de photos de production entre chaque niveau, encore plus fidèles que celles réalisées par Sculptured Software, grâce à la maitrise technologique de Factor 5 dont la réputation dans ce domaine n'est plus à faire. Le sprite d'Indy, élégant, est plus grand et plus sérieux que celui de Luke et ses camarades, et s'il lui arrive de manier un pistolet qui tire des balles de la taille de roquettes comme le lasergun de Super Star Wars, c'est surtout le fouet qu'il fait claquer, son arme de prédilection, comme un autre héros de jeux bien connu, Simon Belmont de Castlevania bien sûr.

On fait inévitablement la comparaison avec Super Castlevania IV, qui lui est antérieur, pas seulement à cause du fouet, mais parce qu'en pixels, Indiana Jones emprunte chez son voisin de Konami. On s'accroche similairement à des saillies pour se balancer d'une plate-forme à une autre, on ramasse l'icône du fouet dans des jarres, que l'on peut ensuite lancer fièrement dans toutes les directions au-dessus du sol. On le sait, Factor 5 n'arrive pas à la cheville de Konami, et on le voit aussi dans l'usage du fouet, bien moins précis et stimulant que dans Castlevania. Il est à la fois moins roide, au lancer, et moins souple, en mouvement, ce qui donne parfois l'impression, si ce n'était pour le bruitage, de détruire les ennemis avec un bout de ficelle.

La musique aussi trahit l'esprit de médiocrité de Factor 5, dont les compositions personnelles de Rogue Leader détonnaient sérieurement avec les morceaux orchestraux de John Williams, ou l'humiliation d'une orgue électronique face à une cinquantaine de musiciens chevronnés. Dans ces Indiana Jones, on reconnaît pas mal de morceaux de la bande-son des trois long-métrages, mais souvent interprétés d'une manière qui en gâche la beauté, leur donnant par exemple des sonorités de cirque du plus vilain effet. Il est difficile bien entendu d'adapter des musiques de film sur une console, mais d'autres s'en sont tirés avec plus d'élégance, que ce soit Konami avec Batman Returns, Acclaim avec Alien 3, ou JVC avec Super Star Wars. Et Dieu (grand mélomane) sait que les musiques d'Indiana Jones sont bonnes et méritaient le meilleur traitement !

Autre chose qui fâche avec Indiana Jones, c'est la difficulté et le gameplay, les deux étant, comme bien souvent, intrinsèquement liés. Malgré des mots de passe indispensables pour un jeu aussi long, il reste très difficile, avec des passages irritant à souhait qu'une barre d'énergie volatile et une invincibilité temporaire très temporaire n'aident en rien à apaiser. On s'énerve, on jure, et on n'en meurt pas moins. L'un des choix de la jouabilité contre lequel on n'en finit pas de décharger sa bile est l'évaporation des objets et la réapparition des ennemis. Il y a des caisses et blocs à déplacer pour vous servir de support, mais aussitôt, pour ainsi dire, qu'ils ne sont plus dans votre champ de vision, ils disparaissent, vous obligeant à aller les retrouver à leur emplacement d'origine pour toute nouvelle utilisation.

Les ennemis, c'est le même problème, mais inversé, si vous revenez un peu sur vos pas, certains d'entre eux vous retombent incessamment dessus. Etant du genre à vous prendre facilement un morceau de vie à chaque rencontre, on devient vite un enthousiaste du game over. Il y a plein de petits agacements comme ceux-là tout au long du jeu, cela va des rats qu'on ne peut pas détruire autrement que par une incontrôlable roulade, aux pièges qui vous tuent net, en passant par les oiseaux lanceurs de rocher, et aux situations qui demandent d'effectuer un parcours sans faute sous peine d'être broyer sous la pierre ou avaler goulûment par le bord de l'écran.

Des "oiseaux lanceurs de rocher", ça vous interpelle, n'est-ce pas ? Si vous avez vu les films, cela devrait. Indiana Jones combat une faune maléfique qui aurait, une fois encore, plus sa place dans Castlevania que dans un film où le protagoniste affronte des nazis et leurs espions. C'en est plus choquant que les caprices fantaisistes de Super Star Wars. La fidélité, de toute façon, est souvent reléguée au second plan, comme dans cet épisode des Aventuriers de l'Arche Perdue, où la salle secrète de l'arche d'alliance ressemble en fait à intérieur d'un temple égyptien, truffée de couloirs, de dédales et de sarcophages; ou encore au palais de Pankot, dans le Temple Maudit, avec en arrière plan le Taj Mahal (et pourquoi pas le Sacré Coeur, façon Super Pang, pendant qu'on y est ?), tandis que la croix d'Ankh sert de décoration ! Apparemment on prend les joueurs pour des imbéciles incultes. En joueur-visiteur, on s'étonnera aussi de voir les croix gammées du château de Brunwald remplacées par des croix ressemblant au logo en forme de couverts d'un relais routier.

Autre défaut, et pas des moindres, des longueurs qui réduisent un peu plus le plaisir qu'on prend à s'impliquer et à jouer. Quand il est temps qu'un niveau se termine, il continue encore, et là où Super Star Wars nous proposait des environnements toujours uniques, Greatest Adventures n'hésite pas à nous présenter les mêmes coup sur coup. Un bon exemple est la ville du Caire, qui compose la troisième partie des Aventuriers de l'Arche Perdue. Le niveau est une interprétation pesante des marchés d'Agrabah dans Aladdin, sans la vivacité et l'aisance du jeu de Capcom, qui se prolonge bien trop longtemps et se répète dans un niveau nocturne très similaire.

Le jeu manque de fun, de plaisir pur, on s'irrite contre ses tics, on se lasse de ses répétitions. C'est ce que Factor 5 n'aura jamais réussi à faire que ce soit en 2D ou en 3D, hier ou maintenant, des jeux auxquels on aura plaisir à jouer; et l'on retrouve dans les phases à pied de Rebel Strike sur GameCube, qui auront tant été décriées pour leur médiocrité, ce même engourdissement qui caractérise le jeu vidéo selon Factor 5, déjà présent dans Indiana Jones' Greatest Adventures. A l'inverse, Super Star Wars, qui était lui aussi long et dur (mais pas autant) et manquait de surcroît de mots de passe, était bien plus amusant et jouable. Les deux jeux ont beau se ressembler, la différence de maîtrise entre Sculptured Software et Factor 5 trahit une division significative.

Toutefois, il faut être juste et admettre aussi que tout n'est pas foncièrement mauvais. Le manque de diversité semble plus marquer l'impuissance de Factor 5 à en offrir que le fait d'une réelle mauvaise volonté, ils essayent d'assaisonner l'aventure de nouvelles idées tout au long du jeu, mais cela porte rarement ses fruits et fonctionne juste comme une diversion plus ou moins intéressante. Il y a, entre autres choses, trois niveaux en mode 7, deux dans le Temple Maudit, un dans la Dernière Croisade, malheureusement, la jouabilité y est si désastreuse qu'aucun de ses faux breaks ne sont amusants, ils sont stressants tout au plus. D'ailleurs, la course poursuite en chariot a moins l'esprit des aventures Indiana que celle vue et jouée dans Donkey Kong Country.

Mais soit, on avait promis de vous parler de ses qualités, alors retenons cette langue fourchue quelques secondes pour vanter les mérites des graphismes, très fins et nombreux, du large nombre de scrollings qui donne vie aux décors, de l'impressionnant nombre de niveaux, pas moins de vingt-cingt, énorme pour un jeu d'action classique, et de la réalisation en général, qui ne souffre d'aucun défaut majeur malgré l'action souvent chargée. Même les musiques sont plaisantes si on leur pardonne leurs intonations grotesques, après tout cela reste une partition de John Williams. Il est tout de même inquiétant de voir qu'il est difficile de remplir un seul paragraphe avec les qualités du jeu. Prenez les bruitages par exemple, il y a de bons sons, le claquement du fouet, réaliste, l'explosion, bien frappée, les digits vocales, tirées de mots clefs du film; mais des détails viennent ternir l'ensemble, la douleur d'Indy, qui s'exprime au travers d'une exclamation qui ressemble au cri de l'otarie dans les dessins animés Disney, "Aouh ! Aouh !", ou le coup de poing très filmique qui résonne sur un corps même quand vous frappez dans le vide.

C'est cela qui fait la différence, ce manque de maîtrise, de perfection, auquel les titres japonais eux nous ont habitué, et perceptible à chaque instant du jeu, à des degrés d'importance plus ou moins élevés, des bruitages au gameplay. C'est ce dernier toutefois qui finit de signer sa condamnation, comme dans les autres jeux de Factor 5. Un jeu vidéo, pour qu'il soit bon, il faut qu'il soit pensé du point de vue du joueur, il faut donner à celui-ci des chances de s'en sortir. Dans Indiana Jones' Greatest Adventures, les situations lui sont lancées à la face, il a une demi-douzaine de carrés de vie pour s'en sortir, et il se débrouille avec ça, point final. Alors le joueurs subit; il subit les lancers de couteaux aléatoires et donc imprévisibles, il subit des attaques inévitables, il subit l'agressivité des programeurs, et un jeu qu'on subit, eh bien, ce n'est pas un jeu qui atteint ses objectifs de divertissement. Triste constat: sur consoles, Indiana Jones est un corrompu qui travaille au service des forces du mal, et ce ne sont pas les autres adaptations qui pourront démentir cette désagréable petite vérité.

le 27 juillet 2006
par sanjuro



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