NES Super Nintendo Master System Mega Drive PC Engine Neo Geo

select a console »
TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SNK NEO GEO (8 et 16-bit)


Un catogan blond s'écoulant d'une casquette, un blue-jean, un blouson rouge, des poings cernés de bleu...

Fatal Fury

Fatal Fury

餓狼伝説 ~宿命の闘い~ (Garō Densetsu - Shukumei no Tatakai, trad: "La Légende de Garou[Loup Affamé] - Le Combat du Destin")
 

 Neo Geo

Développeur:
SNK

Editeur:
SNK
Genre:
Combat

Joueurs:
1-2P

Dates de sortie
01.12.1991 Japon
20.12.1991 USA
01.1992 France
bonne Difficulté:

85%Graphismes
85%Animation
88%Son
77%Jouabilité
80%Durée de vie

82%82%

Hiver 1992. Vous êtes tranquillement en train de regarder Les Feux de l'Amour avec vos parents, quand soudain un poing géant surgit de la télé et vient s'écraser sur le gros nez du paternel. Wow ! on se croirait presque dans le test de Gauntlet II. Mais ce poing-là appartient à Terry Bogard, qui, avec son frère Andy et son ami Joe Higashi, vient d'envahir le petit salon familial. Cet après-midi, vous venez de louer une Neo Geo avec son dernier jeu en date, Fatal Fury. Geese Howard, dans le cadre de l'écran, arbore une moue dédaigneuse qui semble vouloir dire: "l'argent que tu viens de dépenser va servir à t'infliger une raclée que tu n'es pas près d'oublier."

Et il ne vous ment pas, le bougre ! Fatal Fury est une légende pour SNK, quand bien même le jeu, lui, est loin d'en avoir la qualité. C'est le tout premier vrai jeu de combat sur Neo Geo, tous les précédents ayant été des beat'em ups comme Burning Fight ou Sengoku. Il précède les mammouths que sont Art of Fighting, World Heroes et Samurai Shodown, et sert d'introduction à trois personnages superstars de la firme: Terry Bogard, Joe Higashi et Geese Howard. Enfin, c'est lui qui lance le tournoi du King of Fighters. C'est la première fois que l'on parle de ce rassemblement de combattants, qui deviendra un jeu à part entière en 1994 et un moyen pour SNK de revendiquer sa suprématie dans le genre.

Fatal Fury n'est pourtant pas un King of Fighters 0, il garde encore des habitudes de beat'em ups; le scénario, par exemple: un gangster brutal et sadique (Howard), maître d'arts martiaux, contrôle une partie de la ville de Southtown; les frères Bogard veulent se venger de lui pour avoir tué leur père pendant un tournoi similaire à celui qu'il organise en ce moment. Il n'y a donc que trois personnages jouables, les deux frères Bogard et le boxeur Higashi, qui n'auront à affronter que huit adversaires dans autant de décors. C'est moins que Street Fighter II. Et en voilà une phrase importante ! Car c'est peut-être à cause d'elle que naîtra la légende des jeux de combat SNK, par la volonté de toujours essayer de surclasser Capcom, de proposer une myriade de combattants, de lieux, de coups, une débauche d'effets visuels, d'animations et de couleurs.

Avec ce premier titre, SNK a moins l'ambition de rivaliser avec Capcom que de profiter de la vague Street Fighter II. Ils n'en ont pas vraiment les moyens, il faut dire, avec une cartouche de 55 mégas. C'est le haut du panier pour l'époque sur Neo Geo, mais cela fait pâle figure face aux 300 mégas qui deviendront légion quatre ans plus tard. Ce qu'ils font surtout, c'est d'expérimenter, ce qui sera aussi le cas dans leur jeu de combat de 1992, Art of Fighting. Ils s'essayent à différents styles et techniques qui finiront par aboutir à ceux si impressionnants de la série King of Fighters.

Dans Fatal Fury, l'expérience principale consiste à utiliser deux plans de combat plutôt qu'un seul, comme une tentative désespérée du beat'em up pour ne pas tomber dans l'abandon qui l'attend. Le joueur n'a pas moyen de passer à volonté d'un plan à l'autre, seul l'ordinateur peut accomplir cette manoeuvre dans quatre des huit niveaux. Vous le rejoignez ensuite par une attaque, ou il vous y envoie le premier en portant un certain type de coups. Dans les autres niveaux, ces projections vous font rebondir sur le fond, ce qui, parfois, quand il n'y a pas d'animation appropriée, donne l'impression de se heurter contre un mur invisible.

les frères au premier plan... ...puis au second plan


Le résultat de cette expérience est un échec assez sévère. Si ces plans apportent un peu plus de dimension aux combats, ils nuisent surtout à la jouabilité, l'ordinateur n'hésitant pas à s'en servir comme une très agaçante méthode d'esquive. Et puis on ne sait pas trop ce qu'on fait. On passe d'un plan à l'autre d'un bond gigantesque alors que l'on essayait de frapper; l'ordinateur en faisant autant, on se retrouve comme deux idiots à sauter d'avant en arrière pendant quelques secondes. On s'interrogera sur l'entêtement de SNK a utilisé ce système précaire dans tous leurs jeux Fatal Fury, y compris la série Real Bout, son inefficacité étant démontrée par la nécessité d'y apporter à chaque fois des révisions. La seule chose qui impressionne vraiment est le nombre d'animations supplémentaires que SNK a été obligé de dessiner pour l'occasion, à cause des différents angles sous lesquels on peut voir chaque personnage.

Une autre idée mise en place par SNK, qui profite aussi un peu de ces plans parallèles, est de pouvoir se battre à deux contre un. Cette fois, c'est l'ordinateur qui ne peut pas en faire autant, et on ne s'en plaindra pas. C'est l'occasion pour deux joueurs de s'offrir une petite revanche teigneuse et déshonorante, où l'on passe à tabac le saligaud qui nous a fait mordre la poussière individuellement, avec malgré tout la perspective honteuse de se faire battre tous les deux. Opprobre que, dans l'intimité d'une partie, on s'adjure de ne jamais révéler. Dans le match suivant, les joueurs sont obligés de s'affronter, ce qui donne vraiment à cette idée une allure d'expérience plutôt que de mode de jeu.

Même en mettant de côté les problèmes liés aux plans, la jouabilité n'est pas fantastique. Les attaques spéciales, au nombre de quatre par personnage, sont d'habituels quarts de cercle ou mouvements de va-et-vient avec le joystick; pourtant, pour une raison imprécise, obtenir des résultats avec ces manipulations est assez difficile. La spontanéité, qui permettait d'enchaîner des Ha-Do-Ken comme on enfile des perles sur un fil, est absente. L'ordinateur, vif et agressif, ne vous en laisse de toute façon pas le loisir. On se réjouit quand une attaque spéciale porte, car la plupart du temps il faut recourir à des procédés beaucoup moins valorisants pour gagner.

En mode normal comme en mode difficile (MVS, i.e. arcade), bonne surprise, la difficulté est assez bien dosée. Néanmoins, phénomène commun aux jeux SNK quand on n'a pas passer sa vie devant des bornes d'arcade à perfectionner son style de combat, on se retrouve à utiliser toujours les mêmes coups au détriment d'une véritable technique. On constate que les seuls qui fonctionnent vraiment ne sont pas les attaques spéciales, qui, au contraire, offrent surtout une ouverture à votre adversaire pour vous envoyer au tapis, mais les coups de base, au pied, et la projection. "Trouve le point faible de ton ennemi !" nous dit-on à un moment donné, mais est-ce vraiment là le secret derrière cet encouragement ? On a trouvé en tous cas celui du jeu, c'est sa jouabilité.

Graphismes, animations, musiques ne sont pas exceptionnels non plus... pour une Neo Geo ! Tout est bon sans vraiment déchaîner de passions. Il faut prendre du recul pour voir certaines qualités de Fatal Fury sous un meilleur jour, avant qu'un nombre excessif de jeux similaires édités par SNK vienne quelque peu brouiller les cartes. Peu intéressante, la musique a priori a surtout une occasion de briller, au niveau du Pao Pao Café. Composée de voix, visiblement arrangée d'après un enregistrement, elle ressemble à un chant tribal arabe; chose curieuse, puisque le combattant porte un nom anglais, se sert de capoeira, sport de combat brésilien, et que le niveau ressemble à un petit palais chinois transformé en restaurant ou en casino, comme ceux qu'on voit dans les films.

On aurait tendance à en rester là pour le son, cependant, il faut noter aussi la qualité du sampling, des instruments numériques, notamment une guitare électrique très métal dans quelques niveaux. Il y a une bonne ambiance sonore, coups de poing et foule qui salue une victoire, que tout le monde sera en mesure d'apprécier. Quant au graphisme, il donne l'impression de tourner en basse résolution (qui n'existe pas) plutôt que dans celle habituelle. Les décors sont détaillés et les couleurs flamboyantes pourtant, avec un cycle jour, crépuscule et nuit dans chaque round, qui change la luminosité. Cela vient peut-être du fait que le dessin est moins fin que d'habitude et un peu maladroit par moments, personnages de fond vite esquissés, perspectives tassées, même certains sprites ne sont pas très beaux, comme la seconde forme de Tung Fu Rue aux mouvements hachés.

Réussite incontestable des jeux de combat SNK, le character design n'est ici lui aussi qu'une demi-réussite. Certes, c'est la première apparition du fighter le plus cool jamais créé, Terry Bogard, mais il n'y a aucun autre personnage qui ait autant de prestance que lui. La personnalité de Geese Howard est plus écrasante dans les cut-scenes que dans l'arène, et Joe Higashi, tout en muscles, est quand même un degré en dessous de Terry. Quant à ceux restant, ils vont de l'imitation éhontée de Street Fighter (Michael Max et Hwa Jai, clones respectifs de Balrog et Sagat/Dhalsim) à des créations moyennement inspirées.

A part ses grandes jambes qui n'arrêtent pas de tournoyer, Meyer n'a rien de bien original, pas plus que Billy Kane, qui, en salopette d'ouvrier, manie le bâton comme Donatello. Raiden a l'avantage d'être énorme, facteur de nouveauté à l'époque, qui deviendra un stéréotype par la suite (Chang, Earthquake, Juggernaut...). Duck King est l'un des personnages les plus effroyables créés par SNK. Quelle idée d'apposer sur le corps de MC Hammer la tête d'un punk ! Car c'est bien de cela qu'il s'agit: mêmes vêtements que dans son clip "U Can't Touch This", dont le fameux pantalon bouffant attaché aux cuisses. Reste Andy Bogard, dans son costume tout blanc, qui n'a jamais eu autant de charisme que son frère, comme on s'en rend bien compte dès ce premier épisode.

SNK est un peu le grand couturier des jeux vidéo, ou plus exactement un styliste très à la mode. Et ce n'est pas qu'une métaphore ! Le design vestimentaire de leurs personnages est indissociable de leur charme meurtrier. Jouer à Fatal Fury est un bon moyen de s'en convaincre, parce que cet atout justement lui fait défaut. A part Terry, aucun personnage n'est vraiment cool. C'est peut-être l'absence de cette élégance provocante, perceptible dans tout le design du jeu, qui constitue la différence cruciale entre ce SNK d'antan et celui des King of Fighters. Bien évidemment, Fatal Fury était trop modeste et sa jouabilité trop frustrante pour se placer d'entrée comme un jeu de combat exceptionnel, mais plus encore que ces deux défauts, c'est le style de SNK, moderne, sexy, arrogant, qui n'est pas encore né.

le 28 décembre 2007
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
Boîte du jeu
Version européenne



Photos choisies
Cliquer pour agrandir

Toutes les photos
Taille normale 304x224
01 | 02 | 03 | 04 | 05
06 | 07 | 08 | 09 | 10
11 | 12 | 13 | 14 | 15
16 | 17 | 18 | 19 | 20
21 | 22 | 23 | 24 | 25


Panorama
Tout sur une page


All text and screenshots: © 2001 sanjuro, 1up-games.com