NES Super Nintendo Master System Mega Drive PC Engine Neo Geo

select a console »
TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SUPER NES (16-bit)


Le félin au goût fromage. Roque-fort ou crottin de chèvre ?

Chester Cheetah : Too Cool to Fool

Chester Cheetah : Too Cool to Fool

 

 Super NES

Développeur:
?

Editeur:
Kaneko
Genre:
Plates-formes

Joueurs:
1P

Dates de sortie
12.1992 USA
bonne Difficulté:

78%Graphismes
80%Animation
89%Son
79%Jouabilité
65%Durée de vie

72%72%
Trucs et astuces

Perfect Bonus:

Aucune mention dans la notice à son sujet, alors 1UP vous donne quelques explications. Sa valeur est de 2 000 points. Pour l'ob­tenir il faut avoir ramassé tous les badges du niveau, sauf dans la grotte où c'est trop difficile à cause de la chute dans le noir. Voici les chiffres :

Niveau 1 : 150 badges
Niveau 2 : 105
Niveau 3 : 78
Niveau 4 : 130 à peu près
Niveau 5 : ?
Niveau bonus : 100

Dans le jeu testé aujourd'hui, on dirige un guépard. Ce noble et svelte animal qui pourchasse ventre à terre les gazelles dans la savane. « Chouette, se dit E. K. Liptus, jeune rétro­gamer et lecteur de 1UP au parfum. J'ai toujours eu un faible pour la panthère noire de Wild Streets et le chien-loup de Shadow Dancer, dont j'aurais bien voulu prendre le contrôle pour courir, sauter et mordre. »

Le pauvr' garçon est sur le point de connaître une cruelle déception. Chester, c'est le nom de notre guépard, ne peut pas courir sans avoir enfilé ses baskets. Comme il les perd à chaque niveau, il lui faut d'abord les retrouver. Une fois lancé, il ne va pas spécialement vite, plus quand même que Burt Lancaster (Le Guépard) mais moins que Patrick Bruel (Le Jaguar). Par contre, il est capable de sauter suffisamment haut pour attraper une liane comme son homonyme Cheeta (Tarzan, l'homme singe).

Sans ses pompes, Chester se traîne un peu. C'est un guépard pourtant ! En jeu vidéo, il devrait courir au moins aussi vite qu'un certain hérisson ! Mais Chester a une vilaine habitude. S'il épargne les gazelles ce n'est pas par gentillesse, mais parce qu'il se nourrit exclusivement de Cheetos, ces frites apéritives soi-disant au goût de fromage, faites de maïs transformé et d'additifs louches. Il en est d'ailleurs la mascotte depuis quarante ans. Alors, forcément, artères bouchées, cholestérol, rachitisme, hydrocéphalie et j'en passe. Aidez Chester à s'échapper du zoo dans lequel il est prisonnier pour gagner l'hôpital le plus proche !

Tel Steve McQueen, il a besoin pour s'enfuir de sa moto, dont les morceaux sont éparpillés aux quatres coins du zoo Four Corners. Un seul gardien y impose sa loi, Méchant Eugène et son chien Grunt. On les croise dans presque chaque niveau, mais Eugène étant le boss final, c'est surtout les mauvais tours de Grunt que l'on déjoue. Chester ne s'en fait pas trop. A l'instar des publicités, le jeu en fait une sorte de hippie californien qui s'exprime en rimes bancales et qui doit manger ses Cheetos comme d'autres fument des joints.


Cheetos aux Etats-Unis
dans les années 80-90

(paquet rétro de 2012)

Cheetos en France
depuis avril 2025

(vendu à Carrefour)

Le premier produit, les Fritos, furent inventés en 1932 au Texas à partir d'une recette personnelle vendue dans un journal local, et donnèrent leur nom à la compagnie Frito-Lay. Les Cheetos arrivèrent bien plus tard, en 1948, créés dans un laboratoire de la compagnie désormais millionnaire. En 1965, Frito-Lay fusionna avec Pepsi-Cola.

La première mascotte fut Cheetos Mouse, une souris, de 1971 à 79. Chester n'apparut lui qu'en 1986, d'abord dans les publicités avec son slogan "It's not easy being cheesy". Cheetos était peu présent en France, on connaît mieux Doritos qui est aussi un de leurs produits, mais cette année Pepsi a l'ambition de conquérir notre marché. On ne leur souhaite pas bonne chance !



Hormis les grands classiques (Zombies ! Super Star Wars !), les jeux américains de la Super NES se ressemblent tous par leur médiocrité. C'est ce qu'on pense en démarrant Chester Cheetah : Too Cool to Fool, car nous aussi sommes trop cools pour être floués. Un homme averti vaut deux guépards. Pourtant, on est immédiatement déstabilisé par l'apparition du logo de Kaneko, boîte japonaise de bonne réputation derrière d'imposants shoot 'em ups comme Aero Blasters et Super Star Soldier sur PC Engine.

Quelques minutes passent et nous révèlent cependant que le jeu n'a strictement rien de japonais. Que ce soit son look ou ses qualités ludiques, c'est un pur produit américain d'inspi­ration cartoon avec des sprites énormes, des couleurs fluo Stabilo Boss et un gameplay baveux — mais pas insup­portable, c'est déjà ça. Chester traîne ses fesses dans 5 niveaux plutôt concis. Le dernier offre 20 secondes de plates-formes avant de nous expédier dans les airs, mais n'allez pas croire que c'est pour y faire du shoot 'em up.

La jouabilité est du niveau d'un Super Adventure Island... en moins compliquée ! Un bouton pour sauter, un autre pour courir quand Chester a ses Air Jordan aux pieds. Rien d'autre. Chaque niveau lui permet quand même d'improviser de nouvelles actions : ramper dans les tuyaux, ce qui est assez sympa, parce qu'on peut se tortiller pour aller plus vite; se catapulter à la force d'une liane, ce qui l'est nettement moins, parce que la programmation est approximative; puis une course en bateau à moteur, peu intéressante, et une autre en chariot de mine, plus réussie, plus courte aussi, animée rotativement en mode 7.

Le reste du temps, Chester se contente de sauter sur les ennemis pour les éliminer ou les paralyser, y compris sur des tortues (heureusement celles-là sont en patins à roulettes et ont une étoile rouge comme les casques soviétiques pour éviter toute ressemblance compromettante avec vous-savez-qui). Il a quelques alliés aussi : un gentil macaque à l'air demeuré, un hippopotame rappeur passablement ridicule (comme tous les rappeurs) et une allumette, pour un niveau dans l'obscurité, très en vogue à cette époque.

Pour s'occuper, parce que écraser les animaux hostiles est un hobby dérisoire, Chester ramasse des babioles. Des badges à profusion pour obtenir un continu, des pattounes qui font office de barre d'énergie (en fait des Cheetos Paws, nouveau produit en ce début des années 90), elles aussi généreu­sement distribuées, des lunettes de soleil pour voir les choses précitées quand elles sont invisibles. Le skate-board donne accès à un niveau bonus à roulettes, alors que la guitare électrique procure une invincibilité étrange, où l'on perd le contrôle de Chester pendant que celui-ci saute sur place en faisant son numéro.

Le jeu n'ayant pas de temps limite et les ennemis supprimés ne revenant pas, jouer pour le score équivaut presque à « nettoyer » les niveaux. D'ailleurs, à la fin de chaque, un difficile « Perfect Bonus » est attribué dans des circonstances imprécises (voir astuces). Etant assez court, un défi est de le finir sans utiliser de continus et donc aussi pour le score. Mais voilà : en dépit de la place importante donnée à celui-ci, on ne nous donne jamais — suprême bêtise ! — notre high score, ni en mourant, ni en finissant. On se demande des fois ce qui leur passe par la tête.

Visuellement, Chester Cheetah est assez agréable, autant que peuvent l'être ces jeux américains qui veulent à tout prix ressembler à des dessins animés. Le niveau 2, avec sa superbe jungle fluo, fait une meilleure impression que les autres. Les décors sont moins réussis que les sprites, qui sont plutôt grands : le kangourou dans son short Rocky, la belette sur son pogo, le vautour pressé qui ne sert à rien, mais il y en a aussi des tout petits tout vilains, idée ridicule mais habituelle de ce type de jeux, comme si l'espace occupé par les gros sprites laissait des trous qu'il fallait remplir.

L'animation n'est pas trop poussée; même Chester ne s'agite pas trop, juste assez pour être comique et sympathique. Pourtant, avec ces sprites volumineux, cela suffit à produire des problèmes de collisions lors des attaques obliques, où l'on reçoit des dommages sans rien y comprendre. La détection dans l'ensemble est un peu douteuse, même au sol. On a du mal à s'aligner avec les tuyaux pour ressortir des égouts; au niveau 2, le bout des branches n'existe pas vraiment. Toutes ces choses sont un peu gênantes, cependant jamais assez pour gâcher la jouabilité et sont relativisées, en outre, par la profusion de recharges d'énergie.

Au générique, la musique laisse craindre le pire. En réalité, elle est de très bonne facture, clairement supérieure à ses collègues venus d'Amérique. Au début assez funky, elle devient plus cinglante par la suite sans cesser de s'améliorer. L'instrumentation est élaborée, les airs ont du rythme et du style. Notre préférence va aux grottes, niveau 4, cadencées par une disco-inferno à la fois inquiétante et battante qui prend le contre-pied de la discrétion habituelle des niveaux lugubres. Notez que quelques animations de Chester et les bruitages qui les accompagnent sont tirés directement des publicités.

Défense de Nourrir l'Animal

La musique est supérieure à ce qu'on attendait d'un jeu de ce type. Mais à vrai dire, ce n'est pas la seule exception. Un site rétro qu'on ne nommera pas a mis Chester Cheetah dans un petit classement des pires jeux Super NES, aux côtés d'horreurs comme Home Alone et Pit Fighter. S'il y a bien une chose dont 1UP est sûr, c'est qu'il n'a pas à se retrouver parmi de si mauvaises fréquentations. Chester Cheetah est un jeu de plates-formes modeste de forme, un peu empoté et pas très inspiré, certes, mais en rien détestable.

La brièveté de son aventure le rend finissable, tout comme sa difficulté abordable. Les débutants ont assez de continus pour s'en sortir, alors que le challenge du sans continu, malheureusement sans récompense au bout, occupera les joueurs confirmés. Et parce que la jouabilité n'est pas fondamentalement mauvaise, juste un peu boiteuse de la programmation, on le recommence sans déplaisir.

Ca n'a l'air de rien, mais parmi les nombreux nanars américains, affreusement longs ou affreusement durs, parfois les deux et donc absolument affreux, qui aiment à transformer la manette en monstre mord-mains, Chester Cheetah fait vraiment bonne figure. Entre le bien nommé Bart's Nightmare et le stupide Ren & Stimpy : Time Warp (dont je ne me suis pas encore remis depuis 8 ans), il apporte la paix et le plaisir. Le jeu de Chester est aussi cool et détendu que lui. On apprécie ses bonnes musiques, une partie de son graphisme, sa simplicité et sa variété d'action, sa bonne humeur générale.

Même en le comparant à d'autres jeux de marques mieux en vue, aux McKids et Cool Spot de McDonald's et 7 Up réalisés par les Anglais de Virgin, ses atouts d'accessibilité demeurent.

Mais une question reste sans réponse : est-ce vraiment un jeu américain ? Fait rarissime à cette époque, il n'y a aucun générique avec l'équipe de développement. Certains sites attribuent sa réalisation à System Vision ou InterState, développeurs japonais de Kaneko, et il est confirmé que la conversion sur Genesis a été réalisée par un Japonais. D'un côté, et ce serait humiliant pour ceux qui les réalisent, cela expliquerait pourquoi le jeu de Chester est nettement plus attrayant que les productions américaines.

D'un autre côté, cela voudrait dire que les développeurs japonais ont vraiment bien maquillé leur style habituel afin de passer pour des Américains. Mais c'est plus fort qu'eux, ils ne pouvaient s'empêcher que leur jeu soit agréable, intéressant et bien équilibré ! Comme Sculptured Software ne peut s'em­pêcher que ses jeux-cartoons soient désagréables, injustes et ratés ! Une image à la fin fait très manga. C'est le seul moment où peut-être les Japonais se trahissent un peu.

La notice contient un bon de réduction de 50 cents sur l'achat d'un paquet de Cheetos. Pour un petit jeu comme celui-ci, ils auraient pu faire le contraire et l'offrir après un certain nombre de preuves d'achat (ce qui était un peu le sujet du Time Warp). Evidemment cela aurait été très mal vu. Mais dans le jeu même, le produit n'est jamais mentionné. C'est vraiment un jeu pour la mascotte, pour Chester. Et ça, c'est plutôt cool. Si ce Chester se mettait à un régime naturel, on finirait par bien l'aimer.

Mais je sens une vive déception chez le jeune Liptus qui ne s'attendait pas à ce genre de guépard. Si, comme lui, vous voulez diriger une bête à quatre pattes sur console rétro, il y a bien Sengoku sur Neo Geo. C'est le seul jeu qui me vient à l'esprit mais il y en a certainement d'autres (Salon Rétro pour les suggestions). Avec sa transformation en chien de guerre, là on est vraiment dans la peau d'un quadrupède.

Liptus me signalant qu'il n'a pas de Neo Geo, il sera heureux d'apprendre que Spoz lui propose judicieusement Le Roi lion, qui est effectivement bien plus simple à obtenir. Un autre lecteur, « Aiouhal » (qu'il me pardonne), n'a pas tardé à suivre avec l'insolite EVO Search for Eden, lui aussi sur Super NES.

le 9 mai 2025
par sanjuro



Jeu testé en version américaine
SNS-CE-USA

FINI avec et sans continus.
High Score : 35 470

Boîte du jeu
Version américaine



Photos choisies
Cliquer pour agrandir

Toutes les photos
Taille normale 256x224
01 | 02 | 03 | 04 | 05
06 | 07 | 08 | 09 | 10
11 | 12 | 13 | 14 | 15
16 | 17 | 18 | 19 | 20
21 | 22 | 23 | 24 | 25
26 | 27 | 28 | 29 | 30
31 | 32 | 33


Panorama
Tout sur une page


All texts and screenshots © 2001 sanjuro, 1up-games.com